Opinion
Alexandre Sabatou : « Lorsqu’on s’attaque aux crèches de Noël, on ne s’en prend pas seulement au christianisme, mais à ce qui fait l’histoire de la France »
ENTRETIEN – Tous les ans, l’installation des crèches de Noël dans les mairies fait l’objet de débats et de polémiques. Si certains estiment que cela porte atteinte à la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, d’autres y voient la manifestation de nos traditions.
Photo: Crédit photo : Alexandre Sabatou
Alexandre Sabatou est député RN de l’Oise. La laïcité garantit la liberté de conscience et de religion, elle n’impose ni l’amnésie ni l’effacement de notre histoire, explique-t-il.
Le maire de Béziers, Robert Ménard, a installé fin novembre une crèche de Noël dans l’enceinte de la mairie. En réaction, la Ligue des Droits de l’homme et la Libre-Pensée ont lancé un appel à la manifestation pour protester contre ce qu’elles considèrent comme une atteinte à la laïcité. Quelle est votre analyse ?
Comme chaque année, la gauche renoue avec ses vieux démons. Elle redécouvre la laïcité uniquement lorsqu’il s’agit d’attaquer ou d’effacer les racines chrétiennes de la France. C’est une lecture idéologique et dévoyée de la laïcité, qui n’a jamais interdit l’expression de traditions culturelles dans l’espace public. La laïcité garantit la liberté de conscience et de religion, elle n’impose ni l’amnésie ni l’effacement de notre histoire.
Et Béziers n’est pas la seule ville concernée …
À Beaucaire, le maire RN de la ville a organisé un référendum municipal pour demander l’avis des citoyens. Le résultat a été sans appel : un soutien franc et massif en faveur de la crèche municipale, qui n’a jamais été perçue comme un acte de prosélytisme, mais simplement comme le respect de nos traditions.
Estimez-vous que des associations comme la Ligue des Droits de l’homme ou la Libre-Pensée instrumentalisent la laïcité à des fins idéologiques ?
Évidemment. Bizarrement, lorsqu’il est question de la montée de l’islamisme dans notre pays, ces associations sont aux abonnés absents. La laïcité est parfois décrite, dans leurs propres discours, comme une arme islamophobe et raciste.
En revanche, lorsque les racines chrétiennes de la France peuvent être attaquées, ils n’hésitent pas à instrumentaliser la laïcité à des fins idéologiques. C’est précisément pour cela que nous devons refuser cette lecture déformée de la laïcité.
Comment répondriez-vous à ceux qui estiment que la présence de crèches de Noël dans les mairies pourrait être perçue comme une forme de stigmatisation envers certaines communautés ?
Lorsqu’on s’attaque aux crèches de Noël, on ne s’en prend pas seulement au christianisme comme culture fondatrice de notre pays, mais à ce qui fait l’histoire de la France et ce qui constitue notre nation. Contrairement à ce que certains prétendent, les autres communautés n’y voient aucune stigmatisation.
Beaucoup souhaitent devenir pleinement français et n’ont aucun problème avec les crèches de Noël, qui n’ont jamais exclu qui que ce soit. Noël est une fête de rassemblement, de partage et de solidarité nationale, loin des logiques communautaires ou des injonctions wokistes.
« Assumons le droit de transmettre à nos enfants autre chose qu’un calendrier vide, sans racine, sans visage, sans mémoire », avez-vous écrit dans Valeurs Actuelles. Par quels moyens, pouvons-nous concrètement assumer notre héritage ?
Le siècle qui s’ouvre est celui du retour des nations. Nous devons refuser la repentance permanente et commencer à relever la tête. Cela passe par l’éducation, par la transmission au sein des familles, à l’école, dans la culture, dans toutes les strates de la société.
Être fier de notre héritage, c’est être fier d’être français et, surtout, fier de la France. Cette fierté est aussi une force d’assimilation : elle donne envie à ceux qui nous rejoignent de devenir français dans leur chair, par l’adhésion sincère à une histoire, à une culture et à un destin commun. Parfois, défendre notre héritage commence simplement par se souhaiter « Joyeux Noël ».
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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