Narcotrafic
Emprise du narcotrafic sur un quartier de Marseille : réouverture progressive du site d’Orange
Le site marseillais d'Orange, implanté dans le quartier difficile de Saint-Mauront, a repris ses activités lundi matin après une interruption de quinze jours motivée par des raisons sécuritaires, selon les constatations de l'AFP.

Des gendarmes fouillent un homme dans un quartier de Marseille, le 9 décembre 2025.
Photo: Thibaud MORITZ / AFP via Getty Images
Seul un tiers des effectifs, soit environ 380 personnes sur le millier d’employés que compte le site, a fait son retour ce lundi, d’après des sources concordantes.
Narcotrafic et violence : les raisons d’une fermeture inédite
L’opérateur téléphonique avait annoncé le 27 novembre la mise en place du télétravail pour l’ensemble du personnel, invoquant « une montée des tensions » dans le secteur. Les organisations syndicales avaient alors dénoncé des « bagarres » et la mainmise du « narcotrafic » aux abords de l’établissement.
Lundi matin, le tableau reste préoccupant : un véhicule de police stationne face aux locaux, tandis que des flèches peintes à la bombe blanche sur les grilles de l’entreprise signalent l’emplacement d’un point de deal proche. Malgré plusieurs tentatives d’effacement, ces marquages réapparaissent systématiquement.
Un dispositif de sécurité renforcé mais provisoire
Des patrouilles policières vont être maintenues dans le périmètre pour garantir aux employés de « venir travailler en toute sécurité » et répondre à un « sentiment d’insécurité fort », a déclaré sur place Corinne Simon, préfète de police déléguée, à l’issue d’une rencontre avec la direction.
Orange a confirmé lundi une reprise d’activité dans « les meilleures conditions » du site Massalia. L’accès principal, situé à proximité immédiate d’une station de métro et d’une cité réputée pour héberger du trafic de stupéfiants, a été doté d’un système de contrôle par badge – bien que lundi le portail demeure ouvert. Un agent de sécurité surveille les entrées depuis une guérite.
Une reprise progressive et des inquiétudes persistantes
« Aujourd’hui ce sont les salariés qui viennent à pied ou en transport en commun et qui représentent à peu près 380 personnes », a précisé à l’AFP Jérôme Bissey, délégué CFDT.
Dès mercredi, a-t-il ajouté, commenceront à arriver « les 700 personnes qui viennent en voiture », « sachant qu’on a une capacité parking de 300 places ».
Le représentant syndical réclame « la possibilité d’avoir un deuxième site. Aujourd’hui on concentre tous les effectifs dans un quartier compliqué », avec même, fin novembre, « des coups de feu sous les fenêtres des bureaux ».
Présence policière accrue mais temporaire
Outre les patrouilles, les forces de l’ordre maintiendront « une présence en statique » lors des arrivées et départs des employés, a précisé la préfète de police déléguée. Prévu pour une quinzaine de jours supplémentaires, ce dispositif sera ajusté en fonction de l’évolution de la situation.
« Autour d’Orange vous avez plusieurs points de deal, et donc ça génère un sentiment d’insécurité fort pour les salariés. Notre rôle c’est bien de faire diminuer ce sentiment », a-t-elle souligné.
Le témoignage glaçant des salariés
Une employée, souhaitant conserver l’anonymat, rapporte les rumeurs circulant sur l’incident ayant provoqué la fermeture : « des jeunes cagoulés avec des Kalachnikov », et des employés confinés dans l’entreprise : « On ne peut pas travailler dans une ambiance comme ça. »
« Le soir, on essaye de sortir à plusieurs pour ne pas prendre le métro seul », a-t-elle confié.
Dans un communiqué, la CFE-CGC Orange a condamné « le retour forcé des collaborateurs à Saint-Mauront ».
La colère des habitants : « un cirque pour rien du tout »
Hicham, 37 ans et père de trois enfants, dénonce quant à lui « un cirque pour rien du tout » : une mobilisation déployée pour Orange, mais pas pour « les familles qui habitent ici ».
« Il y a toujours la coke, il y a toujours le guetteur, il y a toujours le shit », martèle cet habitant du quartier. « Si on veut arrêter quelque chose, on rentre dans la cité, on rentre là où ils vendent, on reste jour et nuit. »
Avec AFP

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