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Déclin économique français

« On finira pauvres et enchaînés » : Arnaud Montebourg dénonce la vassalisation de la France par les États-Unis et la Chine

Dans une interview au Figaro aux côtés de Thierry Breton, l'ancien ministre Arnaud Montebourg livre un diagnostic sans concession sur l'Union européenne. Il dénonce un système qui impose 65 % des lois françaises et transforme l'Europe en colonie numérique américaine et en vassal industriel chinois.

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L'ancien ministre de l'Économie Arnaud Montebourg.

Photo: SEBASTIEN BOZON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

« On est habitué d’avoir les États-Unis qui nous serrent le kiki et les Chinois qui nous vendent leurs produits. Très bien. Et donc on va finir pauvre et enchaîné. » Le ton est donné. Arnaud Montebourg ne mâche pas ses mots pour décrire la situation de la France et de l’Europe face aux grandes puissances économiques mondiales.
L’ancien ministre de l’Économie assène : « Nous sommes les vassaux industriels de la Chine et les vassaux numériques des États-Unis. Donc qui a produit ce résultat là ? Le système européen. »

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Le constat d’une économie en déclin

Arnaud Montebourg dresse un tableau alarmant de l’économie française. La France partage avec les États-Unis « le triste privilège d’avoir des déficits jumeaux », c’est-à-dire des déficits publics et commerciaux simultanés. « On fait 50 milliards de chèques aux Chinois chaque année. Il y a 20 ans, c’était 30 », déplore-t-il.
Le diagnostic est brutal : « Nous sommes une économie qui est en train de descendre depuis maintenant 20 ans. » Le pays importe massivement au lieu de produire sur son territoire. « On n’a plus assez d’usines, d’agriculteurs ; on a de moins en moins d’activités de service. Regardez le retail, le commerce de détail, il s’effondre », énumère-t-il.

Un plan de relocalisation massif

Pour redresser la barre, Arnaud Montebourg avance des chiffres précis. Il faudrait relocaliser 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur le territoire national. Cela nécessiterait 30 milliards d’investissements supplémentaires chaque année.
L’objectif : créer « 1000 usines, c’est-à-dire dix par département par an ». Cela générerait 1 million d’emplois industriels et de services. « C’est un travail qui va prendre dix, quinze ans », prévient-il. Un projet qui nécessiterait également 20.000 hectares pour installer ces nouvelles infrastructures.

Une élite au service de la finance

Arnaud Montebourg pointe du doigt « une prise de pouvoir à un moment des banquiers d’affaires, des fonds d’investissement, bref, tout cet écosystème de la financiarisation de l’économie ». Cette transformation est passée « par la haute administration et tous ces énarques qui ont voulu faire fortune dans le privé ».
Les fleurons industriels français ont été vendus selon « l’idéologie du banquier d’affaires ». « On découpe, on vend, on découpe, on vend et puis on prend des com au passage », résume-t-il cyniquement. Il cite CGE, Alstom, Alcatel : « Qui a dit la France sans usine ? Très bien. Il a gagné. Alcatel n’existe plus. »

La responsabilité européenne

Thierry Breton confirme la part de responsabilité de l’Union européenne. « Lorsque les Britanniques ont rejoint le projet de l’Union européenne, ils sont venus avec cette doctrine et j’allais dire cette idéologie », explique l’ancien commissaire européen au marché intérieur.
À son arrivée à Bruxelles, Thierry Breton raconte : « J’avais interdiction de parler d’industrie et surtout de programme industriel, de logique industrielle. Non, pas du tout. On n’est que consumériste. »

La vassalisation en marche

Thierry Breton dénonce les exigences américaines. « On vient vous mettre des droits de douane, on vous dit c’est 15 % prix d’ami. » Mais ce tarif préférentiel cache des contreparties massives : l’Europe devrait acheter 250 milliards de dollars d’hydrocarbures par an aux États-Unis et exporter 300 milliards d’épargne annuelle pour financer l’économie américaine.
« C’est 500 milliards » au total, calcule l’ancien commissaire européen. « C’est ce que j’appelle, Monsieur, la vassalisation en marche. »

Une domination numérique et industrielle totale

Aranud Montebourg énumère les secteurs de domination américaine : « Le cloud, l’informatique, les logiciels, la recherche en ligne, les réseaux sociaux, l’IA, les semi-conducteurs. On est dominés. » Il affirme : « Nous sommes une colonie numérique des États-Unis d’Amérique. »
Simultanément, la France se fait « plier sur toutes les industries de base qui servent à l’aéronautique, l’automobile, le ferroviaire, la défense ». « Tout ça est en train de partir et d’être détruit », alerte-t-il.

« Cette Europe-là ne marche pas, parce que nous sommes vassalisés », assène-t-il. « Donc, moi, je ne suis pas d’accord parce que je suis pour la liberté, la souveraineté. Confier les clés de notre futur à ce système là, je n’y crois pas ».

Un système antidémocratique

Au-delà de l’économie, Montebourg conteste la légitimité démocratique de l’Union européenne. « Aujourd’hui, résultat 63 % ou 65 % de nos lois sont d’origine européenne. Donc, évidemment, où est la démocratie ? Où est la discussion ? Où est l’adhésion ? Où est le consentement ? »
Il plaide pour une « Europe qui mette la pression sur l’extérieur et qui diminue la pression sur les citoyens européens de l’intérieur ». Une Europe respectant le principe de subsidiarité : « Tout ce que les États peuvent faire, ils doivent le faire et l’Europe ne s’occupe que du nécessaire. »
Face à ces critiques, Thierry Breton rappelle le fonctionnement institutionnel : « C’est le Parlement qui est élu, qui vote les lois. Ce n’est pas la Commission européenne. » Il insiste : « Nous sommes une démocratie. »
Pour Arnaud Montebourg, si l’Union européenne « ne doit pas être abolie », elle doit cependant « être transformée en profondeur ».