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Brandt en liquidation judiciaire

« J’en ai ras le bol de ce pays à la con » : la colère du maire d’Orléans après la liquidation de Brandt

Le maire d’Orléans et président de la métropole, Serge Grouard, a exprimé sa colère après la liquidation judiciaire du groupe d’électroménager Brandt. L’élu dénonce un « gâchis » industriel et une succession de défaillances de l’État, des banques et des institutions européennes.

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Le maire d'Orléans Serge Grouard (à dr.) et l'ancien ministre de l'Économie Arnaud Montebourg s'entretiennent lors d'une visite de l'usine Brandt à Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d'Orléans, le 16 janvier 2025, jour du centenaire du fabricant français d'équipements ménagers.

Photo: GUILLAUME SOUVANT/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

L’annonce de la liquidation judiciaire de Brandt a provoqué une onde de choc à Orléans, où l’usine du groupe emploie 350 personnes. Pour Serge Grouard, la disparition du dernier fabricant français de gros électroménager illustre « le naufrage » d’un système économique incapable de protéger son industrie. Au micro des médias, l’élu a livré une charge virulente contre les pouvoirs publics et les acteurs économiques impliqués, lâchant, très en colère : « J’en ai ras le bol de ce pays à la con. »

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« On nous a tenus à l’écart »

Selon le maire d’Orléans (DVD), les collectivités locales n’ont pas été associées aux discussions sur l’avenir de Brandt. « On nous a tenus à l’écart de tout ce qui se passait dans les coulisses, parce que nous, on ne compte pas », a-t-il fustigé, d’après des images de France 3 Centre Val de Loire. L’élu souligne pourtant que la métropole et la région avaient prévu d’apporter 15 millions d’euros pour soutenir la reprise.

Serge Grouard reproche à la direction de Brandt d’avoir « caché la vérité » sur la situation réelle de l’entreprise. Il accuse aussi les services centraux de l’État d’avoir « raconté des bobards » et d’avoir laissé les collectivités « dans le flou ». Il évoque une absence totale de coordination : « On a harcelé tout le monde pour savoir ce qui se passait. »

Une procédure jugée trop lente

Sur LCI, le maire a dénoncé le calendrier de la procédure. Selon lui, les collectivités ont été informées trop tard qu’aucune offre concrète n’avait été déposée. « Nous avons été prévenus le 27 novembre, alors que le redressement judiciaire date du 1ᵉʳ octobre. On a perdu deux mois. »

L’élu estime qu’un délai supplémentaire aurait permis de finaliser un tour de table bancaire. « Si on nous avait donné six semaines, on aurait pu boucler le financement. Là, on nous en a laissé six jours. » Pour lui, cette précipitation a condamné tout espoir de sauvetage.

Banques frileuses et contraintes européennes

Le président de la métropole pointe aussi la responsabilité des établissements financiers. Les banques, selon lui, se seraient « défilées pour 4 millions d’euros ». Une somme qu’il compare au montant « de quelques salaires » dans les grandes institutions.

Serge Grouard critique également les règles européennes qui ont empêché l’État de soutenir efficacement la reprise du groupe : Il fustige « les conneries de l’Europe, parce qu’il faut toujours en rajouter, et qui interdit à la BPI de pouvoir aider des entreprises de plus de 250 salariés ».

Un gâchis industriel et humain

Pour les salariés, la disparition de Brandt marque la fin d’une histoire industrielle centenaire. Le groupe, propriété du conglomérat algérien Cevital depuis 2014, employait environ 700 personnes sur deux sites : Orléans (Loiret) et Vendôme (Loir-et-Cher). L’arrêt de l’activité touchera directement ces bassins d’emploi.

« C’est tout le tissu économique local qui vacille : la ville, la région, les commerces, les petites entreprises, les artisans », a affirmé sur BFMTV Michel Picon, président de l’U2P. Le représentant des petites entreprises estime que ce désastre ne tombe pas du ciel : « Quand on continue d’augmenter la pression fiscale sur les entreprises, il ne faut pas s’étonner qu’elles soient en difficulté et qu’on ne puisse plus les sauver. » Il dénonce aussi « une concurrence internationale incontrôlée » et « des coûts de production et de main-d’œuvre trop élevés ».

Serge Grouard reconnaît toutefois qu’un homme s’est mobilisé : « Il y en a un qui s’est bougé, c’est le ministre de l’Industrie, Sébastien Martin. » Mais, regrette‑t‑il, cette bonne volonté n’a pas suffi à compenser les défaillances d’un système « vérolé, qui ne fonctionne plus ».

L’État promet un « nouveau projet »

Le ministre délégué à l’Industrie, Sébastien Martin, assure qu’il « ne laisse pas tomber » Brandt, d’après TF1 Info. Il évoque la possibilité d’« imaginer un nouveau projet industriel » sur le site d’Orléans, où les savoir-faire sont encore présents. Cette déclaration intervient au lendemain de la décision du tribunal de Nanterre, qui a rejeté un projet de Scop soutenu par le groupe Revive.

Les 700 salariés devraient être licenciés après Noël, au 1ᵉʳ janvier.

Un pays à la dérive industrielle

Au-delà du cas Brandt, l’élu orléanais accuse un modèle économique à bout de souffle. « J’en ai marre de ceux qui nous parlent de réindustrialiser la France », a-t-il lancé sur BFMTV. « La part de l’industrie dans le PIB est passée de plus de 20 % à 9 % en vingt-cinq ans. »

Pour les défenseurs de l’emploi industriel, cette fermeture symbolise la perte progressive du savoir-faire français dans le secteur du gros électroménager. « C’est le gâchis du made in France », regrette Jorge Carranho, délégué syndical CFE-CGC.