Logo Epoch Times

Opinion

plus-icon

La stratégie de sécurité nationale de Trump est dans le vrai

Lorsque l’ancien président George W. Bush s’est tenu sur le parvis ouest du Capitole, à l’occasion de sa seconde investiture en 2005, il a prononcé un discours appelant à une politique étrangère utopique, visant à répandre la démocratie à l’échelle de la planète.

top-article-image

Steve Witkoff, émissaire américain pour le Moyen Orient (à g.), le secrétaire d’État Marco Rubio (au centre) et le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz (2e à d.) assistent à une réunion avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane Al Saoud (à d.), et une délégation russe, au palais de Diriyah, à Riyad (Arabie saoudite), le 18 février 2025.

Photo: Evelyn Hockstein/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 8 Min.

« Les événements et le bon sens nous conduisent à une conclusion : la survie de la liberté dans notre pays dépend de plus en plus du succès de la liberté dans d’autres pays », a‑t‑il déclaré. « Le meilleur espoir de paix dans notre monde, c’est l’extension de la liberté partout dans le monde. »
« C’est donc la politique des États‑Unis », a proclamé Bush, « de rechercher et de soutenir la croissance de mouvements et d’institutions démocratiques dans chaque nation et chaque culture, avec pour objectif ultime de mettre fin à la tyrannie dans le monde. »
« L’Amérique, dans ce jeune siècle, proclame la liberté dans le monde entier et à tous ses habitants », a‑t‑il conclu. « Revigorés par notre force, éprouvés mais non lassés, nous sommes prêts pour les plus grandes réalisations de l’histoire de la liberté. »
Bush a‑t‑il réussi dans cette quête ? Non.
Sous sa présidence, les États‑Unis ont été engagés dans deux guerres. La première était une réponse nécessaire aux attentats terroristes meurtriers d’Al‑Qaïda, le 11 septembre 2001, contre les États‑Unis. Ces attaques ont contraint les États‑Unis à envahir l’Afghanistan, où le régime taliban avait offert un sanctuaire à Al‑Qaïda.
La seconde guerre a été un choix. Il s’agissait de l’invasion de l’Irak. En octobre 2002, le Congrès a adopté une résolution autorisant Bush à recourir à la force militaire contre l’Irak, sur le postulat que le dictateur irakien Saddam Hussein « continuait de détenir et de développer des capacités significatives en armes chimiques et biologiques », qu’il « cherchait activement à se doter d’une capacité nucléaire » et qu’il « soutenait et abritait des organisations terroristes ».
En 2004, la commission spéciale du Sénat sur le renseignement a publié un rapport révélant que les estimations de renseignement sur lesquelles reposait la guerre en Irak étaient inexactes.
« Les principaux jugements clés formulés dans la NIE (National Intelligence Estimate), en particulier le fait que l’Irak “reconstituait son programme nucléaire”, “disposait d’armes chimiques et biologiques”, développait un véhicule aérien sans pilote (UAV) “probablement destiné à délivrer des agents de guerre biologique”, et que “tous les aspects clés — recherche et développement (R&D), production et militarisation — du programme irakien offensif d’armes biologiques (BW) sont actifs et que la plupart des éléments sont plus vastes et plus avancés qu’avant la guerre du Golfe”, étaient soit exagérés, soit n’étaient pas étayés par les renseignements sous‑jacents transmis à la commission », indique le rapport.
« L’évaluation selon laquelle l’Irak “reconstituait son programme nucléaire” n’était pas étayée par les renseignements communiqués à la commission », précise‑t‑il.
Qu’en était‑il des liens allégués entre le régime de Saddam et Al‑Qaïda ?
« Le secrétaire [d’État Colin] Powell n’a pas décrit, et la communauté du renseignement n’a jamais conclu, qu’il existait une coopération entre l’Irak et Al‑Qaïda sur des opérations terroristes, pas plus qu’ils ne se sont activement soutenus mutuellement par des ressources ou du personnel », indique le rapport. « Saddam Hussein et Al‑Qaïda ne sont pas des alliés naturels ; bien au contraire, ce sont des ennemis naturels. Les régimes arabes laïcs comme celui de Saddam Hussein étaient menacés par des fondamentalistes religieux comme ceux d’Al‑Qaïda. »
Après avoir mené la guerre nécessaire en Afghanistan et la guerre inutile en Irak, la vision de Bush — répandre la liberté et la démocratie dans le monde — a échoué dans ces pays.
Les gouvernements de ces deux pays continuent de bafouer des droits humains fondamentaux, selon le département d’État.
« La situation des droits humains en Irak s’est détériorée au cours de l’année en raison d’un renforcement des restrictions imposées par le gouvernement fédéral sur les libertés fondamentales et l’espace civique », indique le dernier rapport du département d’État sur les droits humains en Irak, qui couvre l’année 2024.
Plus précisément, le rapport fait état, en Irak, de « rapports crédibles » faisant état de « meurtres arbitraires ou illégaux ; disparitions ; torture » ainsi que d’« arrestations et de détentions arbitraires ». Il évoque également des « restrictions à la liberté d’expression et à la liberté des médias ».
Le rapport 2023 du département d’État sur la liberté religieuse en Irak relevait que « les restrictions à la liberté de religion demeuraient généralisées en dehors de la région du Kurdistan irakien ».
Le régime taliban en Afghanistan s’est livré à des violations similaires des droits humains, selon le rapport 2024 du département d’État consacré à ce pays.
Comme en Irak, le département d’État a évoqué des « meurtres arbitraires et illégaux ; disparitions » et des « tortures ».
Les talibans ont aussi imposé de « sérieuses restrictions à la liberté d’expression et à la liberté des médias », ainsi que des « restrictions à la liberté religieuse ».
Ces nations ne sont pas devenues les démocraties protectrices de la liberté qu’imaginait Bush.
Le président Donald Trump a publié, la semaine dernière, un rapport définissant sa propre stratégie de sécurité nationale. Elle n’appelle pas à répandre des démocraties à travers le monde.
« Dans tout ce que nous faisons, nous mettons l’Amérique d’abord », a déclaré Trump dans l’introduction de cette stratégie.
« La finalité de la politique étrangère est la protection des intérêts nationaux fondamentaux ; c’est l’unique centre de gravité de cette stratégie », indique le rapport de Trump.
« Les affaires des autres pays ne nous concernent que si leurs activités menacent directement nos intérêts », précise‑t‑il.
« Nos élites ont gravement sous-estimé la volonté des États-Unis d’assumer indéfiniment des responsabilités mondiales que le peuple américain ne considérait pas comme relevant de l’intérêt national », peut-on lire dans le document.
Quels sont les intérêts primordiaux du peuple américain que le gouvernement doit protéger ?
« Avant tout, indique le rapport de Trump, nous voulons assurer la survie et la sécurité des États‑Unis en tant que république indépendante et souveraine, dont le gouvernement garantit les droits naturels, donnés par Dieu, à ses citoyens, et donne la priorité à leur bien‑être et à leurs intérêts. »
« Nous voulons protéger ce pays, son peuple, son territoire, son économie et son mode de vie contre une attaque militaire et contre l’influence étrangère hostile, qu’il s’agisse d’espionnage, de pratiques commerciales prédatrices, de trafic de drogue et d’êtres humains, de propagande destructrice et d’opérations d’influence, de subversion culturelle, ou de toute autre menace pesant sur notre nation », indique‑t‑il.
C’est exactement ce que devrait être la stratégie de sécurité nationale des États‑Unis.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Terence P. Jeffrey est rédacteur en chef de CNSnews.com.

Articles actuels de l’auteur