Donald Trump renforce l’engagement entre les États Unis et Taïwan alors que Pékin accroît la pression
La nouvelle loi du président Donald Trump sur Taïwan renforce les liens entre les États‑Unis et l’île, accélère le soutien militaire et montre que Washington n’a pas abandonné Taipei malgré la pression croissante exercée par le régime communiste chinois.
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Le président Donald Trump, entouré du secrétaire au Commerce Howard Lutnick (à g.) et du PDG de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), C. C. Wei (à dr.), s’exprime dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche, à Washington, le 3 mars 2025.
Le 2 décembre, Donald Trump a promulgué le Taiwan Assurance Implementation Act, qui impose au département d’État de réexaminer régulièrement et de mettre à jour les lignes directrices encadrant les interactions officielles entre les États‑Unis et Taïwan. Cette législation modifie le Taiwan Assurance Act de 2020 en remplaçant l’ancienne révision ponctuelle par des examens quinquennaux permanents, qui doivent recenser les possibilités de lever les limites auto‑imposées à l’engagement entre responsables américains et taïwanais, avec des rapports attendus dans les 90 jours suivant chaque révision.
En clair, cette loi engage durablement Washington à élargir et à actualiser les relations officielles avec Taïwan, au lieu de se laisser contraindre par des règles élaborées dans les années 1970 qui encadrent encore aujourd’hui leur coopération.
Taïwan a salué cette initiative comme une réaffirmation de valeurs démocratiques communes et le signe d’une coopération appelée à se renforcer. Le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Lin Chia‑lung, l’a qualifiée de progrès majeur et a estimé que ces révisions pourraient offrir aux responsables taïwanais un accès élargi aux agences fédérales, même si la loi ne l’ordonne pas explicitement.
Le Parti communiste chinois (PCC) a condamné le texte, affirmant que Taïwan se situe au cœur des intérêts nationaux de la Chine et enjoignant Washington de mettre fin aux contacts officiels susceptibles, selon lui, d’encourager les velléités d’indépendance.
Taipei a rejeté les accusations de Pékin, réaffirmant son droit à entretenir librement des relations avec d’autres pays. Les États‑Unis demeurent le principal soutien et fournisseur d’armements de Taïwan, malgré la reconnaissance officielle de Pékin en 1979, et les tensions se sont accrues depuis le premier mandat de M. Trump, lorsque le secrétaire d’État de l’époque, Mike Pompeo, a levé en 2021 les restrictions de longue date pesant sur les contacts officiels entre Washington et Taipei.
Une loi qui pérennise le changement de cap
La nouvelle loi s’inscrit dans la continuité de ce tournant, en institutionnalisant des révisions régulières de la politique et en garantissant la poursuite de l’engagement. Le texte bipartisan a été adopté à l’unanimité par la Chambre des représentants en mai, puis approuvé par le Sénat en novembre. Sa signature est intervenue après la rencontre entre M. Trump et le dirigeant du PCC, Xi Jinping, en Corée du Sud, et avant la visite du président américain prévue en Chine, ce qui a conduit la secrétaire au Trésor, Tracy Bessent, à insister sur le fait que les relations de l’Amérique avec les deux parties restent inchangées.
Des développements récents ont encore tendu le climat. Le mois dernier, le Pentagone a approuvé un paquet de 330 millions de dollars de pièces détachées et de services de maintenance pour les avions de combat taïwanais, première vente d’armes depuis le retour de M. Trump à la Maison‑Blanche. Taipei a salué cette décision, remerciant les États‑Unis de maintenir un flux régulier de ventes d’armes et de consolider la résilience de l’île, qualifiant ce partenariat approfondi de pierre angulaire de la stabilité indo‑pacifique.
Pékin a riposté en accusant Washington de violer son « principe d’une seule Chine » et en avertissant qu’il prendrait toutes les mesures jugées nécessaires pour défendre sa souveraineté.
Un chasseur F‑16V d’origine américaine, armements montés, est présenté lors d’un exercice sur une base militaire à Chiayi, dans le sud de Taïwan, le 15 janvier 2020. (Sam Yeh/AFP via Getty Images)
En dépit des protestations de Pékin, l’administration Trump presse le Congrès de porter l’aide militaire à Taïwan de 500 millions de dollars, prévus dans le projet de loi de finances de la défense 2026 adopté par la Chambre, à 1 milliard de dollars, arguant que ce montant est nécessaire pour renforcer l’auto‑défense de l’île et protéger les personnels américains en cas de confrontation avec la Chine.
Cette demande intervient alors que se multiplient les inquiétudes quant à une possible préparation d’action militaire par Pékin, l’année 2027, centenaire de l’Armée populaire de libération (APL), étant vue par de nombreux analystes comme la date à laquelle le PCC pourrait tenter de s’emparer de Taïwan.
La commission spéciale de la Chambre des représentants sur le PCC a lancé un avertissement particulièrement grave lors d’une audition en mai, estimant que les États‑Unis manquent de temps pour dissuader une invasion chinoise de Taïwan. Son président, le représentant John Moolenaar (républicain du Michigan), a rappelé que 2027 est l’échéance fixée par M. Xi pour que l’APL soit prête à prendre l’île par la force et que la dissuasion échouera si Pékin ne croit pas que l’agression serait trop coûteuse.
Le général Charles Flynn, ancien commandant de l’US Army Pacific, a averti que le régime chinois bâtit rapidement les forces nécessaires à une invasion. Lors de la même audition, il a souligné que les États‑Unis se sont trop reposés sur la puissance aéronavale, en négligeant les capacités terrestres indispensables pour empêcher un débarquement chinois.
Le président taïwanais, Lai Ching‑te, met lui aussi en garde contre l’accélération simultanée de l’intimidation militaire et des opérations d’influence politique menées par Pékin contre l’île. Les manœuvres militaires chinoises visant Taïwan deviennent plus fréquentes et plus intenses, tandis que les opérations de front uni gagnent en ampleur.
L’amiral à la retraite Mark Montgomery a indiqué, lors de l’audition de mai, que la Chine combinerait toute action militaire avec des cyberattaques et une coercition économique.
Les parlementaires et les experts appellent à des mesures immédiates : renforcer les forces terrestres alliées, accélérer les livraisons d’armes à Taïwan, consolider les défenses cyber et améliorer la préparation opérationnelle commune dans toute la région.
Stratégie de dissuasion et ambiguïté calculée
Tout indique que M. Trump s’emploie à entretenir une relation plus conciliante avec M. Xi, tout en évitant de préciser publiquement comment il réagirait à une éventuelle crise autour de Taïwan. Parallèlement, il a validé de nouvelles ventes d’armes à Taipei et promulgué le Taiwan Assurance Implementation Act. Cette posture s’inscrit dans la tradition américaine de « l’ambiguïté stratégique », en vigueur depuis de longues années.
En vertu du Taiwan Relations Act, Washington ne reconnaît pas Taïwan comme un État indépendant, mais s’oppose à tout recours à la force contre l’île et s’engage à continuer de lui fournir des armes de défense.
La commission spéciale de la Chambre sur le PCC affirme que la défense de Taïwan est vitale pour les États‑Unis. L’île est un partenaire démocratique, un acteur commercial majeur et le premier producteur mondial de semi‑conducteurs avancés. Sa chute paralyserait les chaînes d’approvisionnement mondiales, provoquerait des pertes économiques colossales et déstabiliserait l’Indo‑Pacifique, mettant en péril des alliés comme le Japon et les Philippines. Une prise de contrôle par la Chine porterait également un coup sévère à la crédibilité américaine auprès de ses partenaires dans le monde et encouragerait Pékin à aller plus loin dans l’agression.
Prévenir le conflit dès maintenant est infiniment moins coûteux, et c’est précisément dans ce cadre que s’inscrivent la hausse des ventes d’armes à Taïwan et une diplomatie soigneusement dosée : il s’agit de rendre une invasion chinoise prohibitivement coûteuse, sans pousser le PCC au point de non‑retour.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Antonio Graceffo, docteur en philosophie, a passé plus de 20 ans en Asie. Il est diplômé de l'Université des sports de Shanghai et titulaire d'un MBA chinois de l'Université Jiaotong de Shanghai. Il travaille aujourd'hui comme professeur d'économie et analyste économique de la Chine, écrivant pour divers médias internationaux.