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La stratégie de sécurité nationale de Trump est un signal d’alarme pour l’Europe, affirme la ministre lettone des Affaires étrangères
Baiba Braze a déclaré que la stratégie de Donald Trump n’est pas un appel à l’abandon de l’Europe, mais à son renouveau en demandant aux alliés européens de renforcer la défense, la compétitivité et les liens avec Washington.

La ministre lettone des Affaires étrangères, Baiba Braze, lors de l’interview avec l'émission « American Thought Leaders » d'EpochTV, le 8 décembre 2025.
Photo: Madalina Kilroy/Epoch Times
La ministre lettone des Affaires étrangères, Baiba Braze, a déclaré que la nouvelle stratégie de sécurité nationale de Donald Trump devait servir de stimulant pour que l’Europe renforce sa propre défense et sa compétitivité, et non comme une raison de paniquer à propos de son abandon par les États-Unis.
Dans une interview exclusive sur « American Thought Leaders » d’EpochTV, Mme Braze a dit que les responsables lettons avaient examiné la stratégie de l’administration Trump et qu’ils la considéraient comme plus cohérente et constructive que ce que suggéraient de nombreux critiques en Europe.
« C’est un document assez solide », a-t-elle souligné, en ajoutant que « l’on doit le regarder dans son ensemble » plutôt que de se focaliser sur des éléments sortis de leur contexte et partagés sur les réseaux sociaux suivis de commentaires.
Le document décrit l’Europe comme étant en proie à des tensions structurelles — de la migration de masse et du vieillissement des populations à la polarisation politique et à une charge réglementaire qui étouffe l’esprit d’entreprise et la croissance économique — et il avertit que, à moins que ces tendances ne soient inversées, le continent ferait face à la perspective d’un « effacement civilisationnel ».
Cette stratégie critique également « des restrictions antidémocratiques dirigées par des élites sur les libertés fondamentales » dans certains pays européens, tout en exhortant l’Europe à « retrouver sa confiance civilisationnelle », à assumer une plus grande responsabilité pour sa propre défense et à « abandonner sa focalisation ratée sur l’étouffement réglementaire ».
« L’Amérique encourage ses alliés politiques en Europe à promouvoir cette renaissance de l’esprit, et l’influence croissante des partis européens patriotiques donne effectivement de grandes raisons d’optimisme », fait valoir la stratégie, en notant que la priorité américaine est de « cultiver la résistance à la trajectoire actuelle de l’Europe au sein des nations européennes ».
Certains dirigeants européens ont critiqué la stratégie. Le chancelier allemand Friedrich Merz a dit que ses « certaines parties sont inacceptables… du point de vue européen » et que la stratégie montrait que l’Europe devait devenir beaucoup plus indépendante des États-Unis en matière de politique de sécurité.
« Que les Américains veuillent sauver la démocratie en Europe maintenant, je ne vois pas de besoin pour cela », a déclaré M. Merz aux journalistes à Mayence, en Allemagne, le 9 décembre. « Si elle devait être sauvée, nous nous en occuperons seuls. »
Le président du Conseil européen, António Costa, a salué la description de l’Europe comme un allié, mais a laissé entendre que « les alliés ne menacent pas d’interférer dans les choix politiques internes de leurs alliés ».
« Ce que nous ne pouvons pas accepter, c’est la menace d’ingérence dans la vie politique européenne », a commenté M. Costa à Paris au groupe de réflexion Institut Jacques Delors, le 8 décembre. « Les États-Unis ne peuvent pas remplacer les citoyens européens pour décider quels sont les bons ou les mauvais partis. »
Baiba Braze, au contraire, a soutenu que la stratégie de Donald Trump reconnaissait « clairement » le rôle de l’Europe et la nécessité pour les alliés d’assumer davantage de responsabilités en matière de défense et de résilience économique.
« En ce qui concerne la réponse aux préoccupations américaines, que ce soit au sujet de la Chine et de l’Indopacifique ou de la technologie, mais aussi au sujet de l’Europe, en reconnaissant clairement le rôle de l’Europe et en expliquant que l’Europe doit prendre plus de responsabilités, c’est cela que nous soutenons entièrement », a-t-elle noté. « Il y a toute une série d’étapes que nous devons accomplir pour être plus compétitifs, plus forts et présents dans le monde là où nous voulons être. »
Mme Braze a développé ce sujet lors de son discours, le 8 décembre, à un événement organisé par le Hudson Institute, où elle a soutenu l’appel de Trump pour que l’Europe retrouve une « confiance civilisationnelle » si le continent voulait relever les défis du moment, y compris ceux posés par la Russie.
« Nous sommes riches, nous sommes forts, nous sommes nombreux », a-t-elle souligné.
Elle a poursuivi en indiquant que les Européens ont « trop d’inhibitions au niveau national » qui devraient être abandonnées si l’Europe voulait monter en puissance et assumer une plus grande part du fardeau de la sécurité européenne.
La ministre lettone a ajouté qu’il n’y avait aucune raison pour que les objectifs tels que des dépenses de défense à hauteur de 5 % du PIB ne puissent pas être atteints.
« Il faut moins en parler et plus agir », a-t-elle souligné.
Elle a également suggéré que l’Europe devrait investir davantage dans ses relations avec les États-Unis.
Finalement, Mme Braze a estimé que la stratégie de Trump, qui appelle les alliés à « intensifier leurs efforts et dépenser — et surtout faire — beaucoup plus pour la défense collective », représentait un approfondissement de tendances déjà en cours plutôt qu’une rupture des liens.
« Très pro-américains »
Mme Braze a souligné que la réponse de la région baltique consistait à se rapprocher de Washington, et non à s’en éloigner.
« Nous sommes très pro-américains. Je pense que la région nordique et baltique est aussi pro-américaine que l’on peut l’être en Europe. Il n’y a pas de plus grande forme de groupe de pays travaillant avec les États-Unis. »
Elle a expliqué que cette position était enracinée dans l’expérience historique de la Lettonie, en rappelant que les États-Unis avaient refusé de reconnaître l’occupation soviétique des États baltes pendant la guerre froide.
La ministre s’est souvenue qu’à l’époque, en étant étudiante, elle écoutait la nuit Radio Free Europe et Voice of America sur les ondes courtes, même si les Soviétiques tentaient de les brouiller.
« C’était la lumière éclatante de la liberté qui nous inspirait et qui a fait en sorte que nous avons été capables de rétablir notre indépendance et de la regagner, ainsi que de redevenir prospères », a-t-elle dit.
Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, Riga cherchait un engagement américain encore plus profond. La Lettonie accueille déjà des forces de l’OTAN sous direction canadienne et plusieurs contingents alliés, et Mme Braze a suggéré que la présence de troupes américaines dans la région aurait un effet dissuasif unique contre les menaces.
« Nous voudrions plus d’Américains en Lettonie, plus de troupes américaines, plus d’investissements américains, plus de relations », a-t-elle indiqué.
Baiba Braze a aussi décrit la Lettonie comme un acteur de première ligne dans l’application des sanctions occidentales, notamment dans les efforts pour bloquer la « flotte fantôme » composée de vieux pétroliers transportant du pétrole russe et pour combler les lacunes dans les régimes de contrôle des exportations de l’Union européenne. Elle a souligné que la Lettonie avait cessé entièrement d’importer du pétrole et du gaz russes en trouvant d’autres sources d’approvisionnement pour ses besoins énergétiques.

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