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La nouvelle stratégie de sécurité nationale de Donald Trump : principaux enseignements

La stratégie trace les contours d’un rôle américain plus sélectif à l’étranger, privilégiant la résilience intérieure et la domination régionale après des décennies d’engagements globaux étendus.

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Le président Donald Trump (au c.), aux côtés du secrétaire d’État Marco Rubio (à g.) et du secrétaire à la défense Pete Hegseth (à dr.), tient une réunion de cabinet dans la salle du Cabinet de la Maison Blanche, à Washington, le 2 décembre 2025.

Photo: ANDREW CABALLERO REYNOLDS / AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 16 Min.

La nouvelle stratégie de sécurité nationale de l’administration Trump offre l’énoncé le plus clair à ce jour d’une doctrine de second mandat : les États‑Unis ne se comporteront plus en « Atlas », portant l’ordre mondial sur leurs épaules, mais accorderont la priorité au contrôle des frontières, à la puissance industrielle et à une influence incontestée dans l’hémisphère occidental, tout en abordant le reste du monde avec une sélectivité plus affirmée. Voici cinq enseignements majeurs de cette stratégie et la manière dont ils redéfinissent la posture globale de l’Amérique, en remodelant les priorités des États‑Unis en Europe, face à la Chine et dans l’Indo‑Pacifique, en Ukraine, au Moyen‑Orient et dans le reste de l’hémisphère occidental.

Europe : un continent appelé à reprendre en main sa propre sécurité

La stratégie présente l’Europe comme une région confrontée à des défis structurels — migrations de masse, déclin démographique et polarisation politique — et suggère que le continent court le risque d’une « disparition civilisationnelle » s’il ne parvient pas à inverser ces dynamiques. Elle appelle les gouvernements européens à « retrouver [leur] confiance civilisationnelle » et à assumer une responsabilité bien plus grande pour leur propre sécurité.
Pour Washington, cela implique un changement de rôle. La stratégie précise que les États‑Unis continueront de soutenir les alliés de l’OTAN, mais principalement comme coordinateur stratégique plutôt que comme garant automatique de la sécurité du continent. Au lieu de s’en remettre aux troupes et aux financements américains, l’Europe est appelée à reconstruire ses capacités de défense, à renforcer ses frontières et à stabiliser sa vie politique.
« Nous voulons aider nos alliés à préserver la liberté et la sécurité de l’Europe, tout en restaurant la confiance civilisationnelle de l’Europe et son identité occidentale », souligne le document. « Nous nous opposerons aux restrictions antidémocratiques imposées par les élites aux libertés fondamentales en Europe, dans la sphère anglophone et dans le reste du monde démocratique, en particulier chez nos alliés. »
Ce repositionnement sous‑tend l’objectif affiché par l’administration de rechercher une fin négociée à la guerre en Ukraine — un « intérêt fondamental » — afin d’enrayer l’hémorragie des économies européennes et de permettre aux États‑Unis de réallouer leurs ressources militaires et industrielles vers des régions jugées plus prioritaires. Le document décrit l’Europe comme une région « stratégiquement et culturellement vitale » pour les États‑Unis, le commerce transatlantique étant identifié comme un pilier central de l’économie mondiale et de la prospérité américaine.
« Non seulement nous ne pouvons pas nous permettre de tourner le dos à l’Europe, mais le faire serait contraire aux objectifs mêmes que cette stratégie entend atteindre », affirme le document, ajoutant qu’il est dans l’intérêt national des États‑Unis que l’Europe soit « forte » et « agisse de concert avec nous pour empêcher tout adversaire de dominer » la région. Au‑delà du partage du fardeau sécuritaire, la stratégie appelle aussi à un réajustement plus large de la posture économique et politique de l’Europe.
Cela implique d’élargir l’accès américain aux marchés européens, de renforcer les liens commerciaux et de défense avec les pays d’Europe centrale, orientale et du Sud, de mettre fin à la fois à la perception et à la réalité d’une OTAN en expansion perpétuelle, et de pousser les gouvernements européens à combattre les « pratiques économiques hostiles », telles que la surcapacité mercantiliste, le vol de technologies ou l’espionnage informatique.

Chine : une compétition recentrée sur la puissance économique

Bien que la stratégie confirme que la Chine demeure le principal concurrent de long terme des États‑Unis, elle présente la confrontation comme étant d’abord économique plutôt que militaire. Le document insiste sur la restauration de la souveraineté des chaînes d’approvisionnement, la sécurisation des technologies critiques, le contrôle des flux de minerais et la reconstruction de la capacité industrielle intérieure via des droits de douane et des incitations au rapatriement.
« À long terme, maintenir la prééminence économique et technologique américaine est le moyen le plus sûr de dissuader et de prévenir un conflit militaire de grande ampleur », soutient le document, laissant entendre que l’administration Trump voit dans la puissance économique l’épine dorsale de la dissuasion. Si les engagements militaires dans l’Indo‑Pacifique doivent rester fermes, la stratégie demande toutefois aux alliés des États‑Unis d’assumer une part beaucoup plus importante de la défense régionale.
La stratégie souligne que « l’armée américaine ne peut pas, et ne devrait pas avoir à, faire cela seule », signalant un transfert durable de charge qui s’étend de l’Australie au Japon et à la Corée du Sud, ainsi qu’à d’autres partenaires existants et émergents en Asie du Sud‑Est. Elle stipule que les États‑Unis maintiendront une présence militaire régionale capable de « refuser toute agression partout dans la première chaîne d’îles », réaffirmant leurs engagements envers Taïwan et la stabilité régionale, mais en tant que responsabilité partagée entre alliés, et non comme couverture unilatérale américaine.
« L’effort diplomatique de l’Amérique doit se concentrer sur le fait de pousser nos alliés et partenaires de la première chaîne d’îles à accorder à l’armée américaine un accès accru à leurs ports et installations, à dépenser davantage pour leur propre défense et, surtout, à investir dans des capacités destinées à dissuader l’agression », indique le document. « Cela permettra d’articuler les enjeux de sécurité maritime le long de la première chaîne d’îles tout en renforçant la capacité des États‑Unis et de leurs alliés à empêcher toute tentative de s’emparer de Taïwan ou d’imposer un rapport de forces tellement défavorable qu’il rendrait la défense de cette île impossible. »
La stratégie appelle également à prendre des « mesures vigoureuses » pour empêcher toute « puissance potentiellement hostile » de contrôler la mer de Chine méridionale, voie maritime vitale que la Chine cherche de plus en plus à dominer. L’approche combinée consistant à rééquilibrer la relation économique de l’Amérique avec la Chine tout en maintenant un fort accent sur la dissuasion « peut devenir un cercle vertueux, une dissuasion américaine solide ouvrant la voie à une action économique plus disciplinée, tandis qu’une action économique plus disciplinée donne à l’Amérique davantage de ressources pour soutenir la dissuasion à long terme ».
La stratégie détaille un vaste programme destiné à contrer l’influence mondiale de la Chine, notamment en réduisant la dépendance américaine à la production chinoise, en renforçant les protections entourant les technologies de pointe, en sécurisant les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques et en élargissant la coopération économique et sécuritaire avec les partenaires indo‑pacifiques afin que la région ne puisse être ni contrainte ni dominée par Pékin.

Ukraine : la paix négociée comme nécessité stratégique

La stratégie présente la guerre en Ukraine comme un facteur majeur d’épuisement pour la stabilité européenne et la marge de manœuvre stratégique des États‑Unis, soutenant que la résolution du conflit est essentielle pour rééquilibrer la posture globale de l’Amérique. « Il est dans l’intérêt fondamental des États‑Unis de négocier un arrêt rapide des hostilités en Ukraine, afin de stabiliser les économies européennes, de prévenir toute escalade ou extension involontaire de la guerre, et de rétablir une stabilité stratégique avec la Russie, ainsi que de permettre la reconstruction d’après‑guerre de l’Ukraine pour assurer sa survie en tant qu’État viable », précise le document.
Le texte décrit une Europe de plus en plus éprouvée par le conflit, notant que l’agression russe a profondément déstabilisé les États européens, dont beaucoup considèrent désormais la Russie comme une « menace existentielle ». « La gestion des relations européennes avec la Russie exigera un engagement diplomatique américain substantiel, tant pour rétablir des conditions de stabilité stratégique sur l’ensemble du continent eurasiatique que pour réduire le risque de conflit entre la Russie et les États européens », indique le document.
Dans le même temps, le document reproche à certains gouvernements européens de nourrir des « attentes irréalistes » concernant la guerre tout en réprimant l’opposition politique, estimant que cela a empêché la volonté de paix des populations de se traduire en politique publique. La poursuite d’un règlement négocié y est présentée non comme un abandon de l’Ukraine, mais comme une condition préalable à une Europe stable, capable de se réformer et de redevenir un allié fiable.
Si le document ne détaille pas de plan de règlement, il caractérise cependant le conflit comme un dossier dont l’Europe devra de plus en plus assurer la gestion, Washington jouant un rôle d’appui plutôt que de chef de file. La nouvelle approche s’inscrit dans une doctrine plus large de réduction des « charges globales permanentes », marquant un pivot loin de l’idée que les États‑Unis devraient assumer à eux seuls la défense de long terme d’autres régions.

Hémisphère occidental : un « corollaire Trump » à la doctrine Monroe

Un pilier central de la nouvelle doctrine est une réorientation géographique majeure vers l’hémisphère occidental, la stratégie ressuscitant explicitement la doctrine Monroe en l’actualisant. « Les États‑Unis doivent être prééminents dans l’hémisphère occidental comme condition de notre sécurité et de notre prospérité — une condition qui nous permet de nous affirmer avec confiance là où, et quand, nous en avons besoin dans la région », affirme la stratégie, en soutenant que la force des États‑Unis, à l’intérieur comme à l’extérieur, dépend d’abord de la sécurisation de leur propre hémisphère.
À cette fin, le document introduit un « corollaire Trump » à la doctrine Monroe, en promettant de bloquer les adversaires étrangers — la Chine étant implicitement visée — dans leurs efforts pour acquérir des ports clés, des systèmes de télécommunications ou des infrastructures à travers l’Amérique latine. Il appelle au renforcement des opérations de la Marine et des garde‑côtes, au ciblage agressif des cartels de la drogue — y compris par l’usage potentiel de la force létale — et à une intensification de l’engagement commercial pour supplanter les investissements étrangers.
« Nous voulons un hémisphère qui demeure à l’abri de toute incursion étrangère hostile ou de la prise de contrôle d’actifs stratégiques, et qui soutienne les chaînes d’approvisionnement critiques », indique le document. « Et nous voulons garantir la pérennité de notre accès aux emplacements stratégiques clés. »
Cette stratégie hémisphérique plus affirmée implique aussi de consolider la stabilité et la gouvernance régionales afin de décourager les migrations de masse vers les États‑Unis et de mener une répression plus efficace contre les cartels, les « narco‑terroristes » et autres réseaux criminels dont les activités nuisent aux communautés américaines.

Moyen‑Orient : des engagements sécuritaires sans « construction nationale »

La stratégie place le Moyen‑Orient dans une catégorie différente de celle des phases antérieures de la politique étrangère américaine — toujours stratégiquement important, mais plus comme un théâtre d’ingénierie militaire ou politique de long terme. Le document estime que des décennies d’interventions à grande échelle et d’efforts de construction d’État ont apporté peu de stabilité durable, tout en détournant souvent les ressources américaines de régions jugées plus prioritaires.
Désormais, l’approche de Washington se définit par un ensemble d’objectifs plus restreints : protéger les voies maritimes vitales, défendre des partenaires clés, contenir le terrorisme et empêcher des adversaires d’établir des têtes de pont susceptibles de menacer la sécurité énergétique mondiale ou les intérêts américains. « L’Amérique aura toujours des intérêts fondamentaux à veiller à ce que les ressources énergétiques du Golfe ne tombent pas entre les mains d’un ennemi déclaré, à ce que le détroit d’Ormuz reste ouvert, à ce que la mer Rouge demeure navigable, à ce que la région ne devienne pas un foyer ou un exportateur de terrorisme contre les intérêts américains ou le territoire des États‑Unis, et à ce qu’Israël demeure en sécurité », précise le document.
« Nous pouvons et devons répondre à cette menace sur les plans idéologique et militaire sans mener des guerres de “construction nationale” stériles sur des décennies », poursuit le texte. « Nous avons également un intérêt clair à étendre les accords d’Abraham à davantage de nations de la région et à d’autres pays du monde musulman. »
La stratégie souligne que ce changement dans la politique étrangère américaine vis‑à‑vis du Moyen‑Orient s’explique par le fait que la région n’est « plus l’irritant constant, ni la source potentielle de catastrophe imminente » qu’elle fut, mais qu’elle apparaît de plus en plus comme un espace d’investissement et de partenariat. Dans l’ensemble, la nouvelle stratégie de Trump codifie une vision du monde dans laquelle la puissance américaine demeure considérable, mais se concentre plus étroitement.
Elle exige une plus grande autonomie de la part des alliés, réduit l’empreinte américaine dans les théâtres lointains et entend restaurer la force nationale en se concentrant d’abord sur des priorités plus proches du territoire, comme la sécurité des frontières, la renaissance industrielle et la stabilité dans l’hémisphère occidental.
Tom possède une vaste expérience du journalisme, de l'assurance-dépôts, du marketing et de la communication, ainsi que de l'éducation des adultes. Le meilleur conseil en écriture qu’il ait jamais écouté est celui de Roy Peter Clark : « Atteignez d'abord votre objectif » et « gardez le meilleur pour la fin ».

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