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Propriétaires face aux squatteurs

« Si vous faites les morts, je vous déménage » : face aux squats et aux loyers impayés, des propriétaires se font justice eux-mêmes

Confrontés aux loyers impayés ou au squat de leurs biens, certains propriétaires choisissent de se faire justice eux-mêmes, contournant ainsi les procédures judiciaires longues et complexes.  

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Photo: NICOLAS GUYONNET/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La multiplication des squats et des loyers impayés pose un défi croissant pour de nombreux propriétaires, qui choisissent parfois de régler le problème par eux-mêmes. Certains n’hésitent pas à exercer une pression directe ou à se rendre sur place pour récupérer leurs biens ou obtenir le paiement des loyers. Ce mardi, Michael et Hakim ont partagé leurs expériences sur RMC. 

La case justice, « ça ne sert à rien, on perd trop de temps » 

Michael, chef d’entreprise et bailleur expérimenté, a expliqué sa méthode au micro des Grandes Gueules. « J’ai eu une locataire qui avait des difficultés et que j’arrangeais. Elle a décidé de faire la morte, j’ai débarqué un dimanche matin et je lui ai dit qu’elle avait deux jours pour payer, sinon je la mettais à la porte », a-t-il indiqué. Depuis cet incident, elle est « la première à payer ». 
Il a précisé qu’à présent, il informe ses futurs locataires dès la signature du bail : « Je peux tout entendre mais si vous ne payez pas, si vous faites les morts, je vous déménage et je ne passe pas par la case justice, etc., ça ne sert à rien, on perd trop de temps ! » 
Pour Michael, qui gère depuis 15 ans un patrimoine de neuf appartements, la lenteur des procédures d’expulsion pèse sur les bailleurs. « De toutes façons, il n’y a pas de solutions. Entre la fiscalité et la justice, on n’y arrive plus. On se plaint qu’il n’y a plus de logements mais on n’a rien pour nous aider. […] donc à partir de là, on ne se laisse plus faire », a-t-il poursuivi. 
Le chef d’entreprise encourage également la mobilisation citoyenne dans ce type de situation, appelant même le voisinage à bloquer l’accès à la maison. « Dès qu’il y en a un qui sort, il ne rentre plus. […] Et une fois qu’ils ne peuvent plus aller acheter à manger, eh bien ils sont dehors », a-t-il conclu. 

Il a coupé l’eau, puis l’électricité  

De son côté, Hakim, propriétaire de deux appartements, a relaté que l’un de ses locataires avait cessé de payer son loyer du jour au lendemain. Il a rapidement compris qu’il faisait face à une escroquerie mettant en péril ses finances et le paiement des charges de copropriété, rapporte RMC. 
« J’ai fini par craquer, j’ai coupé l’eau dans un premier temps : 24 heures après j’ai coupé l’électricité. Et 24 heures après, sans violence, je l’ai attendu en bas avec des amis. Il m’a demandé 48 heures pour s’en aller », a-t-il détaillé, avouant ne pas être fier de cette manœuvre, qui a toutefois « fonctionné ».  
Pour Hakim, qui a acheté ses appartements « en touchant 1400 euros par mois », il s’agit d’un véritable « investissement ». Par conséquent, « pour se sortir de ces situations, il faut un peu de toupet et d’audace », a-t-il admis. 

Une loi Kasbarian qui a ses limites 

Cependant, tous les propriétaires qui décident de régler leurs litiges sans passer par la justice n’en sortent pas indemnes. L’exemple de Karine Lellouche en témoigne. Cette quinquagénaire, dont la maison à Andernos-les-Bains (Gironde) avait été squattée, a été condamnée pour avoir tenté de faire expulser l’occupant en faisant appel à des intermédiaires. Reconnaissant avoir commis « une erreur », elle a été jugée pour « complicité de violences » et condamnée par le tribunal correctionnel de Bordeaux à un an de prison avec sursis, le 28 novembre dernier.

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Cette affaire, largement relayée dans les médias, lui a notamment valu le soutien de plusieurs personnalités publiques, parmi lesquelles David Lisnard, président de l’Association des maires de France, et l’ancien gardien de l’Équipe de France, Grégory Coupet. 
Bien que la loi Kasbarian vise à faciliter l’expulsion des squatteurs, sa mise en œuvre s’avère encore complexe. Les bailleurs doivent démontrer une effraction, une voie de fait ou une contrainte, rendant parfois l’intervention personnelle plus tentante.