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L’Allemagne offre refuge aux prisonniers politiques biélorusses libérés Viktar Babaryka et Maria Kalesnikava
La Biélorussie a libéré 123 prisonniers politiques à la suite d’un accord conclu avec les États-Unis, en contrepartie de la levée de sanctions américaines.

Les leaders de l'opposition biélorusse Viktar Babariko (à g.) et Maria Kolesnikava (à dr.) participent à une conférence de presse dans un lieu tenu secret le 14 décembre 2025, alors que la Russie envahit l'Ukraine.
Photo: Tetiana DZHAFAROVA / AFP via Getty Images
L’Allemagne a offert refuge à Viktar Babaryka et Maria Kalesnikava, deux éminents dirigeants de l’opposition biélorusse, libérés de prison à la suite d’un accord conclu entre Washington et Minsk.
Le ministre allemand de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, a déclaré le 14 décembre dans l’émission « Bericht aus Berlin » sur la chaîne ARD que l’Allemagne accueillerait les deux militants, « parce que nous avons un vif intérêt à renforcer ce mouvement démocratique, même s’il doit désormais se développer en dehors de la Biélorussie ».
« Mme Kalesnikava et M. Babaryka, deux figures éminentes du mouvement démocratique qui ont joué par le passé un rôle de premier plan, ont été emprisonnés, ont aujourd’hui été libérés et se voient donc accorder l’asile, car nous avons intérêt à ce que le mouvement démocratique en Biélorussie continue de recevoir un soutien de l’étranger », a-t-il déclaré.
M. Dobrindt a salué l’action des États-Unis dans la négociation de ces nombreuses libérations, expliquant à ARD que c’est « l’influence déterminante des Américains » qui a rendu possible la remise en liberté des figures de l’opposition emprisonnées en Biélorussie.
M. Babaryka et Mme Kalesnikava comptent parmi les 123 prisonniers politiques qui étaient détenus en Biélorussie et qui ont été libérés à la suite d’un accord négocié par les États-Unis le 13 décembre, accord lié à la levée des sanctions américaines visant Minsk, notamment celles concernant l’industrie biélorusse des engrais potassiques.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko est au pouvoir depuis 1994, et lorsque son élection pour un sixième mandat en 2020 a été annoncée, l’opposition et les gouvernements occidentaux ont dénoncé un scrutin frauduleux. L’élection a déclenché de vastes manifestations dans tout le pays, auxquelles les autorités ont répondu par une répression d’ampleur au cours de laquelle des milliers d’opposants, de critiques et de manifestants ont été emprisonnés.
En 2021, l’administration Biden a ajouté des dizaines d’entités et de personnes liées au régime Loukachenko à la liste noire du département du Trésor américain, en raison de la répression visant les dissidents et de ce qu’elle qualifiait d’« élection frauduleuse en Biélorussie ». Parmi ces entités figurait l’entreprise publique Belaruskali OAO, l’un des plus grands producteurs mondiaux d’engrais potassiques.
Parmi les personnes arrêtées durant la répression en Biélorussie figuraient Mme Kalesnikava, dirigeante de l’opposition, et M. Babaryka, ancien candidat à l’élection présidentielle. Mme Kalesnikava avait dirigé la campagne de M. Babaryka lors de l’élection de 2020 avant que tous deux ne soient emprisonnés.
Ales Bialiatski promet de poursuivre son action
Ils ont été libérés le 13 décembre, en même temps que le militant des droits de l’homme Ales Bialiatski, lauréat du prix Nobel de la paix.
M. Babaryka, M. Bialiatski et Mme Kalesnikava faisaient partie d’un groupe prodémocratie, le Conseil de coordination, qui s’est trouvé au cœur du mouvement de protestation post‑2020.
M. Bialiatski, fondateur de l’organisation de défense des droits humains Viasna, se trouvait en prison lorsqu’il s’est vu décerner le prix Nobel de la paix 2022, qu’il a partagé avec l’organisation russe de défense des droits humains Memorial et le Centre pour les libertés civiles en Ukraine.

Le lauréat du prix Nobel de la paix 2022, Ales Bialiatski, lors d’un entretien avec l’AFP à Vilnius le 14 décembre 2025, au lendemain de sa libération. (Sergei GAPON / AFP via Getty Images)
Il a déclaré à l’Associated Press, par téléphone, le 13 décembre, que sa libération, intervenue après 1.613 jours d’une peine de dix ans, avait été une surprise ; le matin même, il se trouvait encore dans sa cellule surpeuplée.
« J’ai l’impression d’avoir sauté d’une eau glacée dans une pièce normale et chaude ; je dois donc m’adapter. Après l’isolement, j’ai besoin de m’informer sur ce qui se passe », a expliqué M. Bialiatski.
L’activiste a promis de poursuivre son engagement, affirmant que « plus d’un millier de prisonniers politiques en Biélorussie restent derrière les barreaux simplement parce qu’ils ont choisi la liberté. Et, bien sûr, je suis leur voix ».
Kiev facilite les transferts vers l’UE
Kiev va faciliter le transfert des prisonniers libérés vers l’Union européenne.
Dans un communiqué publié le 13 décembre, le Quartier général de la coordination pour le traitement des prisonniers de guerre en Ukraine a indiqué : «Les citoyens biélorusses libérés, après avoir reçu les soins médicaux nécessaires et s’ils en font la demande, seront acheminés vers la Pologne et la Lituanie. »
L’organisme a ajouté que le groupe de prisonniers libérés comprend également des citoyens ukrainiens qui étaient détenus en Biélorussie.
« Nous exprimons notre gratitude aux États-Unis d’Amérique et au président Donald Trump pour le travail fructueux accompli en vue du retour de civils et de militaires depuis la Biélorussie et la Fédération de Russie », précise encore la déclaration.
Outre les Biélorusses et les Ukrainiens, le groupe compte également des ressortissants d’Australie, du Japon, de Lettonie, de Lituanie, du Royaume‑Uni et des États-Unis, selon la présidence biélorusse.
En tenant compte d’un groupe de prisonniers politiques libérés à la fin du mois de novembre, la Biélorussie indique que le nombre total de personnes graciées s’élève désormais à 156.
Bill Pan a contribué à la rédaction de cet article.
Avec l’Associated Press

Victoria Friedman est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux.
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