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Les contrôles chinois sur les exportations poussent les entreprises européennes à réorienter leurs achats, selon une organisation professionnelle

De nombreuses entreprises affirment, dans une enquête, que les mesures de contrôle des exportations entament la fiabilité de la Chine comme plateforme d’exportation.

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Un gigantesque porte-conteneurs opéré par le géant danois du transport maritime Maersk est amarré au terminal international de conteneurs de Yantian, où des portiques déchargent les boîtes métalliques sur fond de travaux d’extension du port, le 12 avril 2025 à Shenzhen, en Chine.

Photo: Cheng Xin/Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Les contrôles imposés par Pékin sur les exportations contraignent des entreprises européennes à déplacer leurs approvisionnements hors de Chine, selon une enquête menée par la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine et publiée le 1er décembre.
L’organisation a dévoilé les résultats d’un « flash survey » réalisé auprès de 131 de ses membres : 75 entreprises (57 %) indiquent s’attendre à être, ou avoir déjà été, affectées par les contrôles chinois sur les exportations. Parmi elles, plus d’une sur trois (36 %) déclare envisager de travailler avec des fournisseurs afin de développer des capacités de production en dehors de la Chine.
Une large part des membres reste toutefois indécise, 43 % n’ayant pas encore arrêté de stratégie pour répondre à ces mesures.
« Les contrôles à l’exportation de la Chine ont renforcé le climat d’incertitude ressenti par les entreprises européennes opérant dans le pays, lesquelles s’exposent à des risques de ralentissement, voire d’arrêt complet de leur production », a déclaré le président de la Chambre de commerce de l’UE, Jens Eskelund, dans un communiqué.
M. Eskelund a ajouté que ces contrôles avaient suscité de « vives réactions » de la part des partenaires commerciaux de Pékin, « ce qui ajoute encore de la pression sur un système commercial mondial déjà fortement mis à l’épreuve ».

Chaînes d’approvisionnement, livraisons et revenus sous pression

De nombreuses entreprises indiquent, dans l’enquête, que les mesures de contrôle à l’export nuisent à l’efficacité et à la fiabilité de la Chine en tant que plateforme d’exportation.
Les répondants soulignent que ces mesures vont mettre les chaînes d’approvisionnement à rude épreuve : 60 % disent s’attendre à des perturbations « modérées » ou « importantes » de leurs circuits logistiques lorsque l’ensemble des mesures prévues par Pékin entreront en vigueur. Par ailleurs, 13 % « s’attendent à des arrêts ou à des ralentissements de la production », selon le communiqué.
Les délais de livraison devraient eux aussi s’allonger avec les procédures d’obtention de licences : 6 % des entreprises indiquent une rallonge de moins d’un mois, 34 % évoquent un à deux mois supplémentaires, et 40% plus de deux mois. Les 21 % restants déclarent ne pas avoir encore déposé de demande de licence d’exportation.
La Chambre de commerce de l’UE précise qu’« aucun répondant » n’a affirmé que la procédure n’avait entraîné aucun délai additionnel dans ses livraisons.
Les contrôles à l’exportation devraient également peser sur les revenus, préviennent les entreprises européennes.
« Si les estimations de l’impact financier des contrôles chinois sur les exportations varient fortement d’une société à l’autre, le constat est sans appel pour celles qui sont les plus exposées », souligne l’organisation.
L’une des entreprises interrogées indique que ces mesures « devraient se traduire par des coûts supplémentaires équivalents à 20 % de son chiffre d’affaires brut mondial pour 2025 ». Une autre anticipe des charges additionnelles dépassant les 250 millions d’euros (291 millions de dollars).

Extension des contrôles à l’exportation reportée

Soumis à des pressions menées par les États‑Unis en raison des pratiques commerciales non concurrentielles du régime communiste chinois, Pékin a resserré ces dernières années son emprise sur les terres rares, utilisant ces métaux critiques comme levier dans ses négociations commerciales avec les économies occidentales.
Le 9 octobre, le ministère chinois du Commerce a annoncé l’extension des contrôles à l’exportation à certains équipements et technologies liés aux terres rares, ainsi qu’à certaines batteries lithium‑ion, cathodes, anodes et diamants synthétiques.
Toutefois, à la suite d’une rencontre entre le président américain Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping, en marge du sommet de l’APEC en Corée du Sud, Pékin a indiqué qu’il suspendait ces restrictions pour un an.
La suspension des contrôles décidés par Pékin s’étend au‑delà du marché américain pour inclure également l’Union européenne.
Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a indiqué le 1er novembre que des responsables du ministère chinois du Commerce avaient informé leurs homologues européens que cette pause valait aussi pour l’UE.
Le secrétaire au Trésor Scott Bessent a déclaré au Financial Times, dans un entretien publié le 31 octobre, que ce recul de Pékin avait poussé les États‑Unis et leurs alliés à accélérer leurs efforts pour sécuriser de nouvelles sources d’approvisionnement d’ici deux ans.
« La Chine a montré à tout le monde le danger. Elle a commis une véritable erreur », a‑t‑il confié au journal.
« C’est une chose de poser le revolver sur la table, c’en est une autre de tirer en l’air. »
Dorothy Li et Tom Ozimek ont contribué à la rédaction de cet article.