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Gaz et pétrole russes : l’UE acte la rupture
À la suite de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, l’Union européenne s’emploie à réduire sa dépendance à l’énergie en provenance de Russie.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, assiste à une conférence de presse à Bruxelles, le 3 décembre 2025
Photo: NICOLAS TUCAT / AFP via Getty Images.
L’Union européenne a accepté de mettre fin aux importations de gaz naturel russe d’ici la fin de l’année 2027 et s’est engagée à sortir progressivement du pétrole russe, a annoncé le bloc le 2 décembre.
Le Conseil de l’UE, composé des ministres nationaux des 27 États membres, et le Parlement européen sont tombés d’accord sur une feuille de route provisoire prévoyant l’interdiction du gaz naturel liquéfié (GNL) au 31 décembre 2026 et du gaz acheminé par gazoduc au 30 septembre 2027.
La Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE, a indiqué dans un communiqué que l’abandon complet des combustibles fossiles russes prévu par la feuille de route REPowerEU « garantira l’indépendance énergétique de l’Europe, ainsi que sa compétitivité, sa résilience et la stabilité de son marché ».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré dans un communiqué : « Aujourd’hui, nous mettons définitivement un terme à ces importations. En asséchant le coffre de guerre de Poutine, nous faisons preuve de solidarité avec l’Ukraine et nous tournons notre regard vers de nouveaux partenariats énergétiques et de nouvelles perspectives pour le secteur. »
L’exécutif européen a également indiqué qu’il restait déterminé à éliminer toutes les importations restantes de pétrole d’ici la fin de l’année 2027, avec l’intention de proposer, dès l’an prochain, une législation à l’échelle du bloc visant à interdire les importations de pétrole russe.
Le texte de l’accord politique devra désormais être formellement approuvé par le Parlement européen, composé de 720 députés élus directement par les citoyens des États membres de l’UE, ainsi que par le Conseil de l’UE.
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, l’UE a cherché à réduire sa dépendance à l’énergie russe.
Selon une fiche explicative publiée sur le site du Conseil européen, « la part de la Russie dans les importations de gaz par gazoduc de l’UE est passée de plus de 40 % en 2021 à environ 11 % en 2024 ».
En 2024, la Russie représentait moins de 19 % des importations combinées de gaz et de GNL de l’UE.
Échéance de novembre 2027
Le bloc a indiqué que, pour les contrats d’approvisionnement à court terme conclus avant le 17 juin 2025, l’interdiction d’importation s’appliquera à compter du 25 avril 2026 pour le GNL et du 17 juin 2026 pour le gaz acheminé par gazoduc.
Pour les contrats de GNL de long terme conclus avant le 17 juin 2025, la date butoir sera le 1ᵉʳ janvier 2027. Cela est conforme à l’interdiction d’importations de GNL adoptée par le Conseil de l’UE le 23 octobre, dans le cadre du 19ᵉ train de sanctions du bloc contre la Russie.
Pour les contrats de long terme portant sur les importations de gaz par gazoduc, l’échéance est fixée au 30 septembre 2027.
Toutefois, la Commission a précisé que si un État membre de l’UE important du gaz par gazoduc ne parvient pas à remplir le niveau de stockage requis à la date butoir, l’interdiction des importations par gazoduc s’appliquera à compter du 1ᵉʳ novembre 2027.
« Ainsi, au plus tard en novembre 2027, l’UE aura, une fois pour toutes, mis fin aux importations de gaz russe », a déclaré la Commission.
Aux termes de l’accord politique, les États membres devront soumettre, d’ici au 1ᵉʳ mars 2026, des plans détaillant la manière dont ils entendent diversifier leurs approvisionnements en pétrole et en gaz.
Le commissaire européen à l’Énergie et au Logement, Dan Jørgensen, a déclaré : « Enfin, et pour de bon, nous fermons le robinet du gaz russe. L’Europe a fait le choix de la sécurité et de l’indépendance énergétiques. Nous ne reviendrons jamais à notre dangereuse dépendance vis‑à‑vis de la Russie. »
« Nous ne reviendrons jamais à des approvisionnements volatils et à des manipulations de marché. Nous ne reviendrons jamais au chantage énergétique ni à l’exposition économique. Et nous sommes plus que jamais aux côtés de l’Ukraine dans sa quête de liberté. »
La Hongrie va contester la décision de l’UE
Cependant, la décision du bloc constitue un défi pour certains pays enclavés d’Europe qui dépendent du carburant russe.
La Hongrie et la Slovaquie, en particulier, reçoivent des livraisons russes via l’oléoduc Druzhba.
Budapest et Bratislava entretiennent des liens plus étroits avec Moscou que le reste du bloc et ont défendu la poursuite de leurs achats d’énergie russe, arguant que les alternatives sont trop coûteuses.
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjártó, a déclaré dans un message publié sur X, le 3 décembre, que « dès que la feuille de route RePowerEU sera formellement adoptée, nous la contesterons immédiatement devant la Cour de justice de l’Union européenne ».
« La procédure juridique débutera sans délai. Les travaux préparatoires sont déjà en cours. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour défendre la sécurité énergétique de la Hongrie », a déclaré M. Szijjártó.
Moscou a également critiqué ces projets, estimant que l’Europe deviendra plus dépendante de gaz importé nettement plus cher en renonçant progressivement au combustible russe.
« L’Europe se condamne ainsi à des sources d’énergie bien plus coûteuses, ce qui aura inévitablement des conséquences pour l’économie européenne et entraînera une baisse de la compétitivité de l’Europe », a déclaré le porte‑parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l’agence de presse publique russe TASS.
« Cela ne fera qu’accélérer le processus, apparu ces dernières années, de perte par l’économie européenne de son potentiel de premier plan. »

Victoria Friedman est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux.
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