Opinion
Reconquérir le Venezuela pour son peuple profite aux États-Unis
Le combat se mène contre une coalition internationale démoniaque.

Des soldats colombiens patrouillent un sentier illégal à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, près de Cúcuta, département de Norte de Santander, en Colombie, le 12 décembre 2025.
Photo: Schneyder Mendoza/AFP via Getty Images
Le régime socialiste autoritaire du Venezuela a laissé derrière lui une narco‑dictature qui a métastasé dans toute la région. L’empiètement sur les États‑Unis, notamment via le réseau paramilitaire Tren de Aragua, a porté la question à son paroxysme. Les révélations concernant l’ingérence électorale ont également clairement montré que les chavistes ne se contentent pas de rester chez eux à se reposer sur leurs lauriers dictatoriaux.
La perspective d’une intervention américaine a divisé les Américains qui plaident pour un gouvernement limité. Il y a peu d’appétit pour ce que beaucoup perçoivent comme une guerre de choix, et ce serait une entreprise bien plus coûteuse que l’incursion au Panama de 1989‑1990.
Ennemis à l’intérieur des murs
Toutefois, le problème n’est plus seulement là‑bas ; il est ici. Sans résistance résolue, le régime chaviste — alias le cartel de Los Soles et ses sbires, ses proxys et ses bailleurs — avancera et s’enracinera aux États‑Unis. Cela inclut une infiltration au sein même des agences de renseignement américaines et de l’appareil de politique étrangère, comme les Cubains le font depuis des décennies.
Oui, la situation impose un changement de régime, mais pas comme on l’a présenté de manière diffamatoire. Au milieu des discours accusateurs et des manœuvres politiques, la gravité de la situation a été occultée. Si les solutions diplomatiques ont échoué jusqu’à présent et qu’une intervention militaire pourrait s’avérer nécessaire, toute approche doit tenir compte de la stabilité à long terme.
S’il est une leçon à tirer du dernier quart de siècle au Venezuela, c’est que les manifestations pacifiques, les sanctions ciblées et les négociations diplomatiques prêtent à rire aux yeux du régime. À moins d’être affronté par la force armée, il s’arc‑boutera et restera au pouvoir.
Le leurre de l’impérialisme
Le fait que les observateurs de tout l’hémisphère occidental soient restés les bras croisés et aient regardé le Venezuela se faire systématiquement piller est une vergüenza, une honte profonde. Prétendre ne pas intervenir peut donner bonne conscience, mais ne contribue en rien à mettre fin aux violations. Des pays voisins comme le Brésil et la Colombie auraient pu prendre l’initiative plus tôt, mais aujourd’hui, ils n’ont ni la volonté ni les moyens de le faire.
Après tant d’années, seule la direction américaine peut offrir aux Vénézuéliens un semblant de démocratie. L’opposition a mené de nombreuses tentatives valeureuses pour reconquérir son pays, mais elle affronte une alliance puissante, sophistiquée et vicieuse, comme le monde n’en a jamais connue.
L’Équateur, le Panama et la République dominicaine peuvent apporter un soutien à la coalition. Eux, ainsi que le Paraguay, ont déclaré le cartel de Los Soles organisation terroriste. Cependant, seule la puissance de feu américaine peut mener la tâche à bien. Même alors, ce ne sera pas une promenade de santé, compte tenu de la nature décentralisée, déterminée, chaotique et transnationale de l’ennemi.
Ceux qui ont conscience de cette réalité et veulent agir se voient accuser d’impérialisme ou de colonialisme, et de violer la souveraineté nationale. Il est difficile de prendre ces qualificatifs péjoratifs au sérieux, et s’y soumettre est une entreprise vaine. Cependant, ils trouvent un écho chez des Américains soucieux de leur image qui ne veulent pas être perçus comme dominateurs ou intrusifs sur le territoire d’autrui.
Si certains craignent que cela ne soit perçu comme de l’impérialisme, l’ouverture du régime aux influences étrangères de puissances hostiles remet en cause les notions traditionnelles de souveraineté. Autrement, il serait en mission pour expulser du Venezuela les agents colombiens, chinois, cubains, iraniens et russes. Ces acteurs malveillants bafouent la souveraineté vénézuélienne sans retenue et ont rempli le vide laissé par le désintérêt des États‑Unis.
Le Venezuela a perdu sa souveraineté il y a de nombreuses années. Les habitants coincés sur place sont gouvernés autant depuis La Havane que depuis Caracas. Des milliers d’agents cubains restent au Venezuela et en tirent profit, contribuant à la surveillance des citoyens, à la restructuration de l’armée et à la reproduction de la tyrannie de l’île. Fidel Castro a collaboré avec Hugo Chávez pendant des années avant son élection en 1998, et leur rêve socialiste (lire : cauchemar) s’est réalisé.
En plus des Cubains, le dictateur Nicolás Maduro s’allie au Parti communiste chinois, aux nations de l’Alliance bolivarienne comme le Nicaragua, à l’Armée de libération nationale colombienne, aux guérillas dissidentes des FARC, et même à des terroristes islamistes. On compte également des colectivos paramilitaires, formés à Cuba, qui intimident quiconque sort des rangs.
Travailler avec l’opposition démocratique revient donc à restaurer la souveraineté vénézuélienne.
La bonne option, pas la plus facile
Laisser le Venezuela pourrir est l’option de facilité. Cependant, la facture sera présentée plus tard, avec un taux d’intérêt élevé. Plus la situation perdure, plus la remise en état sera difficile. Toutes sortes de problèmes — de la traite humaine et de l’argent occulte dans les élections aux alliances socialistes et à la loi de la jungle en Amérique latine — continueront de hanter les États‑Unis. Entre 20 et 25 % des Vénézuéliens ont fui depuis 1999, et cet exode se poursuivra en l’absence d’une action décisive.
Fermer les yeux sur Cuba a engendré le régime chaviste, et l’on peut s’attendre à voir émerger d’autres nations alignées. Le Honduras semble avoir échappé à ce destin cette année en rejetant le parti Libre, mais Cuba et le Venezuela cultivent des alliés, avec pour cible le Guatemala.
Il y a eu des moments opportuns pour un engagement des États‑Unis, notamment en 2002 et au milieu des années 2010. Les États‑Unis ont laissé passer ces occasions, peut‑être parce que la gauche dominait le Département d’État. Entre‑temps, la diaspora vénézuélienne n’a cessé d’enfler et de s’enraciner ailleurs. Chaque année qui passe rend moins nombreux les membres de l’aristocratie susceptibles de revenir. Leur soutien sera crucial pour établir les institutions nécessaires à une société libre.
La bonne option, bien que difficile à accepter pour les paléoconservateurs, est claire : recourir à un engagement militaire limité pour restaurer une gouvernance vénézuélienne digne de ce nom. Idéalement, cela découlerait d’un débat ouvert et d’une déclaration de guerre conforme à la Constitution, émise par le Congrès. Cette entreprise profiterait immensément aux Vénézuéliens, tout en bénéficiant aux Américains et aux voisins du Venezuela.
Conforme à la stratégie de sécurité nationale
La bonne nouvelle est qu’il existe un mandat démocratique écrasant en faveur d’Edmundo González et de María Corina Machado. Cela signifie qu’il n’y aura pas de résistance populaire à un soutien américain à leur leadership. La résistance viendra plutôt du cartel de Los Soles, ce réseau criminel transnational déguisé en État.
La voie à suivre s’inscrit bien dans la récente Stratégie de sécurité nationale, qui met en avant une Doctrine Monroe rajeunie du XIXᵉ siècle. Celle‑ci repose sur deux principes pour les Amériques : 1) tenir à l’écart les puissances étrangères hostiles, principalement le Parti communiste chinois, et 2) affirmer le leadership et les valeurs des États‑Unis. Le document explique que « toutes les nations, toutes les régions, tous les enjeux ou toutes les causes — aussi légitimes soient‑ils — ne peuvent pas être au cœur de la stratégie américaine. Le but de la politique étrangère est la protection des intérêts nationaux fondamentaux ».
Le chercheur cubain exilé José Azel explique en outre que la politique étrangère du président Donald Trump est centrée sur les États‑Unis : « Ce ne sera pas une politique étrangère qui fera trembler les régimes oppressifs, comme certains l’espéraient. Les dictatures heurtent nos valeurs, mais pas nécessairement nos intérêts nationaux. Cependant, l’équation change lorsque les intérêts nationaux des États‑Unis sont menacés. »
Les problèmes du Venezuela ont déjà sapé les intérêts américains. Restaurer la démocratie au Venezuela n’est pas un exercice utopique de construction d’une nation à l’autre bout du monde. C’est plutôt une entreprise gagnant‑gagnant, cruciale pour établir une Pax Americana dans l’hémisphère occidental, pour repousser le néoféodalisme et rendre la région stable pour le commerce et le développement économique.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Fergus Hodgson est fondateur et rédacteur en chef de la publication de renseignement latino-américains Econ Americas. Il est également le rédacteur en chef itinérant de Gold Newsletter et un associé de recherche du groupe de réflexion canadien Frontier Centre for Public Policy.
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