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Crise agricole« À une autre époque, vous seriez sur une pique » : en pleine crise agricole, le vétérinaire Jean-Yves Gauchot dépose plainte
Le président de la Fédération des syndicats vétérinaires, Jean-Yves Gauchot, a porté plainte après avoir reçu un message de menaces de mort à la suite de son passage sur BFMTV. Ce climat de tension s’inscrit dans la crise agricole provoquée par la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse.

Des gendarmes dans une ferme touchée par la DNC à Les-Bordes-sur-Arize (Ariège) le 12 décembre 2025, après des manifestations d’agriculteurs contre l’euthanasie de 207 bovins.
Photo: Valentine CHAPUIS / AFP via Getty Images
Ciblé par une menace de mort, le président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France Jean-Yves Gauchot a annoncé avoir déposé plainte ce lundi 15 décembre. Il a signalé les faits à la gendarmerie du Bugue, en Dordogne.
« J’ai décidé de porter plainte par principe »
Selon les informations de BFMTV, l’auteur d’un courriel anonyme a adressé à Jean-Yves Gauchot un message dans lequel on pouvait lire : « À une autre époque, vous seriez sur une pique. » Ce mail a été envoyé dans la nuit de dimanche à lundi, peu après son intervention télévisée sur la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
« J’ai décidé de porter plainte par principe », a déclaré le vétérinaire sur France Inter pour justifier sa démarche judiciaire. Il estime que la virulence des réactions s’inscrit dans une « tempête médiatique [et] politique » autour de la maladie bovine. « Il y a un climat délétère », a-t-il ajouté, évoquant la tension croissante entre le monde agricole et les autorités sanitaires.
Des vétérinaires « pris entre deux feux »
Selon Jean-Yves Gauchot, la profession vétérinaire se trouve dans une position délicate. « Nous, les vétérinaires, on est pris entre deux feux », a-t-il encore souligné. Leur rôle est d’appliquer les protocoles sanitaires décidés par l’État et validés scientifiquement, mais ces mesures sont parfois mal comprises sur le terrain. Le vétérinaire, également vice-président de l’Académie vétérinaire de France, rappelle que la DNC est « un détonateur du mal-être du monde agricole ».
Sur le plan scientifique, Jean-Yves Gauchot défend la stratégie d’abattage et de vaccination décidée par le gouvernement. Invité à s’exprimer ce mardi auprès d’ICI Périgord, il a affirmé : « Scientifiquement, c’est la bonne méthode. » Selon lui, le protocole n’a pas permis d’éradiquer totalement la maladie cet été car certaines règles n’ont pas été respectées, notamment lors de transports d’animaux infectés. « On doit dépister, dépeupler, vacciner », a-t-il ajouté, détaillant : « La politique vaccinale qui est la bonne, c’est de vacciner sur une population naïve. Si on vaccine un cheptel français qui est porteur de ce virus, on court après le virus. »
« Il faut donner de l’espoir aux éleveurs »
Face à la colère des agriculteurs, le vétérinaire plaide pour un retour au dialogue, assurant : « Il faut donner de l’espoir aux éleveurs. » Regrettant que la communication sur la politique sanitaire ait été insuffisante, il a également souligné les limites du dispositif d’indemnisation, qu’il juge trop faible.
Les menaces reçues témoignent d’un climat de tension extrême. Jean-Yves Gauchot explique avoir porté plainte pour lui, mais aussi « pour la profession », car « il y a des menaces sur des vétérinaires qui vont dans les zones où il y a des dépeuplements à faire ». Selon lui, certains praticiens craignent désormais pour leur sécurité lorsqu’ils appliquent les décisions sanitaires.
Vers une protection policière accrue ?
Le président de la Fédération des syndicats vétérinaires affirme avoir alerté la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, sur la nécessité d’une protection accrue. « Les vétérinaires ne peuvent soigner ou appliquer la politique sanitaire avec des menaces, ce n’est pas possible », prévient-il.
De son côté, la ministre certifie que « la situation est sous contrôle », indique encore BFMTV. Elle a lancé lundi la campagne de vaccination d’un million de bêtes. Pour autant, la fracture entre éleveurs et autorités sanitaires demeure profonde.

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