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Les industriels et Washington misent sur une « diplomatie des minerais critiques » pour mettre fin à la domination du PCC

L’administration Trump a signé en 2025 une série d’accords sur les minerais critiques, et d’autres sont attendus en 2026, a indiqué un spécialiste du département d’État à des dirigeants d’entreprise réunis lors d’un forum à Washington.

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Le président Donald Trump serre la main du prince héritier et Premier ministre du royaume d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, lors d’un dîner officiel dans l’East Room de la Maison Blanche, le 18 novembre 2025.

Photo: Brendan Smialowski/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 12 Min.

L’administration Trump a négocié en 2025 des accords sur les minerais critiques avec des pays situés sur trois continents, un rythme qui devrait s’accélérer en 2026 à mesure que les États‑Unis et leurs partenaires commerciaux intégreront leurs capacités d’extraction et de transformation afin de s’affranchir de la mainmise de la Chine sur les marchés mondiaux des métaux.
« Nous avons au moins une douzaine d’autres [accords] en discussion qui, je crois, n’ont pas encore été rendus publics avec des pays du monde entier », a déclaré Reggie Singh, secrétaire adjoint par intérim au département d’État.
« L’objectif stratégique derrière ces accords est de bâtir un écosystème d’investissements du secteur privé entre tous les pays avec lesquels nous signons des protocoles d’accord (MoU) », a‑t‑il expliqué lors d’un forum organisé le 15 décembre à Washington par le Center for Strategic & International Studies (CSIS).
Les États‑Unis et leurs partenaires doivent unir leurs efforts, a‑t‑il poursuivi, car le Parti communiste chinois (PCC) a passé des décennies à resserrer son emprise sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, produisant plus de 70 % des minerais critiques raffinés de la planète et 90 pour cent des terres rares dont ont besoin les industriels, y compris les sous‑traitants de la défense.
La première année du second mandat Trump « a été une année chargée pour la diplomatie des minerais critiques », ces accords devenant « l’un des piliers de la politique étrangère américaine », a relevé Eric Palomaa, directeur du Hess Center for New Frontiers au CSIS, lors de son entretien avec M. Singh.
Cet échange faisait partie des sept tables rondes du forum réunissant dirigeants du secteur, responsables de l’administration et parlementaires, parmi lesquels les sénateurs Catherine Cortez Masto (démocrate du Nevada) et Bill Hagerty (républicain du Tennessee).
La domination du PCC sur les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques constitue « un problème générationnel », a estimé M. Palomaa. « Mais nous n’avons pas une génération devant nous pour corriger ce que la Chine a construit sur une longue période. »
Cela exigera de conclure des accords d’accès aux gisements de minerais critiques avec des pays du monde entier et d’investir dans des partenariats public‑privé afin de « contrecarrer l’initiative “la Ceinture et la Route” de la Chine » et de diversifier les chaînes d’approvisionnement, a‑t‑il poursuivi.
Des accords avec « des partenaires traditionnels comme l’Australie » et avec des pays dotés d’un savoir‑faire en matière de transformation, comme le Japon et la Corée du Sud, ont été signés en 2025, a‑t‑il rappelé, tout comme des accords avec de « nouveaux partenaires stratégiques », notamment l’Arabie saoudite, le Kazakhstan, l’Ukraine, la Malaisie, la Thaïlande et la République démocratique du Congo.
« Au premier trimestre 2026, nous pourrions en signer davantage », a indiqué M. Singh, « et nous disposerons d’un nombre suffisant de pays pour pouvoir coordonner nos politiques avec eux et renforcer ainsi la chaîne d’approvisionnement en minerais critiques. 2026 sera une année enthousiasmante. »

De nouveaux outils, et des milliards à la clé

Dans l’un des trois débats qu’elle a animés avec des dirigeants du secteur, la directrice du programme de sécurité des minerais critiques du CSIS, la Dre Gracelin Baskaran, a rappelé que la Chine « utilise depuis plus de quarante ans tout l’arsenal de sa politique étrangère pour sécuriser des minerais à travers le monde », mais que, sous l’administration Trump, « nous avons en quelque sorte repris la méthode chinoise » en concluant des accords sur les minerais et en investissant directement des fonds fédéraux dans des projets miniers et de transformation.
Parmi les exemples récents aux États‑Unis, elle a cité la prise de participation de 5 % du département de l’Énergie dans Lithium Americas et dans son projet au Nevada ; une prise de participation de 10 % dans Trilogy Metals, société minière canadienne active en Alaska ; et la prise de participation de 15 % et l’achat de 400 millions de dollars d’actions de la mine de terres rares Mountain Pass, en Californie, exploitée par MP Materials, par le département de la Défense.
Ces investissements fédéraux sont désormais appelés à soutenir davantage les projets à l’étranger, a‑t‑elle poursuivi, désignant la U.S. International Development Finance Corp. (DFC) et l’Export‑Import Bank of the United States (ExIm) comme « les acteurs les plus déterminants pour faire progresser la diplomatie américaine des minerais ».
Tom Haslett, directeur de la politique sur les minerais critiques et l’énergie à la DFC, a expliqué que l’agence, créée en 2019 comme bras financier international du gouvernement fédéral, est prête à intensifier considérablement la coordination mondiale au travers du Critical Minerals Consortium piloté par Orion Resource Partners, basé au Royaume‑Uni, auquel elle injecte 600 millions de dollars.
Le consortium a également obtenu une participation de 600 millions de dollars de la part d’ADQ, société d’investissement d’Abou Dhabi, et du fonds souverain des Émirats arabes unis, a‑t‑il précisé, « apportant des capitaux d’un partenaire commercial international qui peut nous aider à lever les contraintes pesant sur la chaîne d’approvisionnement des minerais critiques ».
La DFC « s’efforce de réorienter son approche dans les minerais critiques et d’autres secteurs pour l’aligner sur les priorités de l’administration Trump en matière d’économie et de sécurité nationale », a poursuivi M. Haslett.
L’agence « travaille en coulisses à renforcer ses liens avec les différentes composantes du gouvernement américain qui jouent un rôle moteur sur le front des chaînes d’approvisionnement en minerais critiques », a‑t‑il ajouté.
« Cela inclut notamment des organisations comme ExIm et le département de la Défense (DOD). »
Le financement du DOD en faveur de l’extraction et de la transformation des minerais critiques est sur le point d’augmenter dans le projet de budget de la défense de 901 milliards de dollars, a expliqué M. Haslett, avec un « engagement conditionnel maximal » de 205 milliards de dollars, contre 60 milliards auparavant, et un fonds de capital‑investissement renouvelable de 5 milliards de dollars.
« Cela nous donne une grande marge de manœuvre pour aller de l’avant, prendre davantage de participations directes et accroître l’influence du gouvernement américain dans les secteurs où il existe une justification stratégique pour le faire », a‑t‑il fait valoir.

Des camions chargés de cuivre se préparent à quitter la mine de Tenke Fungurume, l’une des plus grandes mines de cuivre et de cobalt au monde, dans le sud‑est de la République démocratique du Congo, le 17 juin 2023. (Emmet Livingstone/AFP via Getty Images)

« Capital de marque »

Mme Cortez Masto a confié à Mme Baskaran que, lors d’une récente tournée en Afrique, elle avait été frappée par le nombre de projets miniers financés par le PCC sur le continent, mais que, au fil des entretiens avec les acteurs économiques et politiques, « ils se montrent désireux de trouver d’autres partenaires », comme en témoigne le récent accord conclu entre les États‑Unis et la République démocratique du Congo.
« Si vous regardez l’Afrique… les pays qui ont misé entièrement, au cours de la génération passée, sur les investissements de notre concurrent stratégique en voient aujourd’hui les revers. Ils ont donc intérêt à diversifier », a observé M. Singh.
Les pays africains et sud‑américains qui ont adhéré à l’initiative chinoise des « Nouvelles Routes de la soie » ont découvert qu’il s’agissait d’une voie à sens unique, a‑t‑il poursuivi.
« Lorsqu’ils traitent avec des entreprises minières chinoises, il y a en général peu de valeur ajoutée locale », a‑t‑il souligné.
« Dans de nombreux cas, des travailleurs chinois sont importés à tous les niveaux de l’organisation et, vous le savez, les retombées locales sont limitées : bien souvent, seuls les minerais bruts sont exportés. »
Ce n’est pas de cette manière que les groupes miniers occidentaux opèrent, a‑t‑il assuré. « Vous verrez qu’ils se soucient de créer de la valeur sur place, d’apporter de la formation, des opportunités de carrière, d’investir dans les communautés locales. »
« Vous constaterez qu’il existe une éthique consistant à bien faire les choses dès le départ. Cela joue en notre faveur. Contrairement à notre concurrent stratégique, les [entreprises occidentales] disposent d’un certain capital de marque. Et cela exerce un véritable pouvoir d’attraction dans de nombreux pays en développement », a résumé M. Singh.
Emily Olson, directrice du développement durable et des affaires institutionnelles de Vale Base Metals, filiale du brésilien Vale, dont le siège est au Canada, a abondé dans ce sens, soulignant que son entreprise apporte des emplois et s’implique dans la vie des communautés pour chaque projet qu’elle lance.
« Tout commence par l’emploi, n’est‑ce pas ? Nous l’observons souvent en Asie, où [la Chine] investit dans de grands projets, fait venir une main‑d’œuvre chinoise pour des projets chinois, et, au final, vous ne bénéficiez pas du développement ni de la construction de l’économie locale », a‑t‑elle relevé.
« D’après toute mon expérience, veiller à ce que la création d’emplois soit réelle sera un élément essentiel » pour réorienter le développement loin de la Chine, a‑t‑elle ajouté.
Le partage du capital, un sentiment de copropriété locale accompagné de la promesse de bénéfices durables au‑delà de la durée de vie de la mine, a été « l’un des ressorts de notre réussite », a expliqué Mme Olson, et s’est avéré payant pour Vale dans la résolution de problèmes et l’entretien de bonnes relations avec les dirigeants locaux et nationaux.
« Je crois profondément au fait de bien faire les choses », a‑t‑elle affirmé.
« Nous devons vraiment y réfléchir en tant qu’[entreprises minières], au moment où nous nous associons aux pouvoirs publics et aux fonds de capital‑investissement, pour déterminer comment faire avancer ces projets à grande échelle et à un rythme soutenu, et quelle doit être la place des communautés dans ce processus. »
John Haughey est journaliste depuis 1978 et possède une vaste expérience des collectivités locales, des législatures d'État, de la croissance et du développement. Diplômé de l'université du Wyoming, c'est un vétéran de la marine qui a combattu en mer pendant trois déploiements à bord du USS Constellation. Il a été reporter pour des quotidiens en Californie, à Washington, dans le Wyoming, à New York et en Floride, et rédacteur pour des publications commerciales basées à Manhattan.

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