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Narges Mohammadi

Iran : la prix Nobel de la Paix Narges Mohammadi « souffrante » après son arrestation extrêmement violente

L'état de santé de Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix 2023, suscite de vives préoccupations depuis son interpellation vendredi dernier en Iran. Le comité de soutien à la militante iranienne a fait part lundi de son inquiétude, évoquant une arrestation marquée par une violence extrême et des conditions de détention préoccupantes.

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Narges Mohammadi, dans son appartement à Téhéran, le 23 janvier 2025.

Photo: NOOSHIN JAFARI/Middle East Images/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Lors d’un échange téléphonique qualifié de « bref » avec sa famille dimanche soir, la militante de 53 ans a révélé avoir subi des violences physiques importantes.

Des coups d’une « violence inouïe » lors de l’interpellation

Selon les informations relayées par son comité de soutien sur X, elle aurait reçu « de coups de matraque violents et répétés à la tête et au cou » au moment de son arrestation. « Son état physique au moment de l’appel n’était pas bon, et elle semblait souffrante », précise le communiqué.
La gravité des blessures infligées a nécessité deux transferts aux urgences hospitalières. Narges Mohammadi « a déclaré lors de l’appel que les coups portés étaient d’une violence inouïe et qu’elle avait dû être conduite deux fois aux urgences. Elle a insisté sur le fait qu’elle ignorait quel service de sécurité la détenait », a rapporté son comité de soutien.

Une famille dans l’angoisse

Hamid Mohammadi, l’un des frères de la militante résidant en Norvège, a confirmé ces informations auprès de l’AFP. « Narges a brièvement téléphoné à mon frère en Iran », a-t-il déclaré, ajoutant : « Elle a été violemment frappée à la tête et au visage et a donc été emmenée voir un médecin pour un examen. Elle n’est pas hospitalisée et elle est toujours en détention. »
Cette détention intervient dans un contexte déjà fragile pour la santé de Narges Mohammadi, qui souffre notamment de problèmes pulmonaires. La militante avait d’ailleurs bénéficié d’une permission de sortie temporaire en décembre 2024 pour raisons médicales, après une précédente arrestation en novembre 2021.

Une cérémonie d’hommage transformée en rafle

L’arrestation s’est produite vendredi dans la ville de Mashad, située à l’est du pays, alors que Narges Mohammadi participait à une cérémonie en mémoire de Khosrow Alikordi, un avocat retrouvé mort début décembre dans des circonstances troublantes.
L’opération policière s’est révélée d’une ampleur considérable. Hassan Hemmatifar, procureur de Mashad, a confirmé l’arrestation de 38 personnes lors de cet événement commémoratif. Parmi elles figurent, outre Narges Mohammadi, la militante Sepideh Gholian, également connue pour son engagement. Javad Alikordi, frère de l’avocat décédé, a été appréhendé plus tard dans la journée.

Une mobilisation artistique et militante

Face à cette répression, un collectif de militants iraniens s’est manifesté lundi pour réclamer la « libération immédiate et inconditionnelle » de Narges Mohammadi et de l’ensemble des personnes arrêtées. Ce mouvement compte dans ses rangs des figures prestigieuses du cinéma iranien, notamment Jafar Panahi, récompensé par la Palme d’or à Cannes, et Mohammad Rassoulof.
Le collectif dénonce une stratégie répressive systématique : « Cette action démontre plus que jamais que la répression des voix civiques sous prétexte de « troubles à l’ordre public » est une manœuvre préméditée. »

Des accusations de coopération avec Israël

Selon son comité de soutien, Narges Mohammadi aurait révélé être accusée de « coopérer avec le gouvernement israélien ». À ce jour, les autorités iraniennes n’ont toutefois confirmé officiellement aucune accusation. Cette allégation revêt une dimension particulièrement sensible, Israël étant considéré comme un adversaire majeur par la République islamique d’Iran.
Le parcours de Narges Mohammadi témoigne d’années de combat pour les droits humains, ponctuées de multiples séjours en prison. Son prix Nobel de la paix 2023 avait mis en lumière son engagement inébranlable, malgré la répression constante dont elle fait l’objet.
Avec AFP