Logo Epoch Times
plus-icon

Miction : le rôle clé de la moelle épinière enfin dévoilé

top-article-image

Photo: Magic mine/Shutterstock

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 7 Min.

Des scientifiques peuvent désormais prédire quand quelqu’un est sur le point d’uriner en observant simplement l’activité de sa moelle épinière, une découverte inédite qui pourrait mener à des traitements ciblés pour des millions de personnes ayant perdu le contrôle de leur vessie. « La moelle épinière est une zone très peu explorée », a déclaré dans un communiqué Vasileios Christopoulos, professeur adjoint de génie biomédical à l’université de Californie du Sud (USC).
L’activité de la moelle épinière liée à la miction
Dans une étude récemment publiée dans Nature Communications, des chercheurs ont utilisé une technologie d’imagerie appelée imagerie échographique fonctionnelle, qui suit les changements de flux sanguin dans le système nerveux, pour observer comment différentes régions de la moelle épinière réagissent lorsque la vessie se remplit et se vide.
Ils ont découvert que des régions spécifiques de la moelle épinière montrent une activité nerveuse observable liée à la pression de la vessie. Certaines régions de la moelle épinière deviennent plus actives lorsque la vessie se remplit, tandis que d’autres s’apaisent, ce qui indique la présence de signaux qui déclenchent la miction et de ceux qui l’inhibent.
« C’est la première étude où nous avons montré qu’il existe des zones dans la moelle épinière où l’activité est corrélée à la pression à l’intérieur de la vessie », a déclaré le Pr Christopoulos.
Cela signifie, selon lui, qu’on peut observer l’activité dans ces régions de la moelle épinière et déterminer à quel point la vessie est pleine, et si quelqu’un est sur le point d’uriner.
Les chercheurs affirment que leur découverte offre la possibilité de traiter l’incontinence urinaire en stimulant directement les nerfs qui contrôlent leur activité, une méthode connue sous le nom de neuromodulation.
Ils ont précisé avoir fait cette découverte grâce à une occasion unique. Lors d’opérations chirurgicales pour implanter des stimulateurs de la moelle épinière – des dispositifs utilisés pour traiter la douleur chronique du dos –, les chercheurs ont pu imager en toute sécurité la moelle épinière des patients à travers l’ouverture chirurgicale.
Les résultats ouvrent la voie à de nouveaux traitements.
Le Dr Aram Benjamin Loeb, professeur clinicien adjoint d’urologie, a décrit cette maladie comme un « symptôme assez isolant » qu’il rencontre dans sa clinique.
« Cela peut être stigmatisant pour les patients, causer une honte extrême et les amener à éviter de socialiser, de pratiquer des activités ou d’avoir des relations intimes avec leurs partenaires », a déclaré à Epoch Times le Dr Loeb.
L’incontinence prend plusieurs formes. L’incontinence urinaire d’effort provoque des fuites pendant une activité physique comme rire ou tousser. L’incontinence par impériosité implique des envies soudaines et irrésistibles qui ne laissent pas suffisamment de temps pour se rendre aux toilettes.
L’incontinence urinaire est traitée par diverses méthodes, notamment des modifications comportementales (comme la réduction de la consommation de liquides), de la kinésithérapie pour renforcer le plancher pelvien, et des médicaments (en particulier les anticholinergiques, qui aident à retenir l’urine dans la vessie), selon le Dr Steven Weissbart, un urologue de Stony Brook Medicine qui n’a pas participé à l’étude.
Dans certains cas, une intervention chirurgicale est nécessaire. Cependant, de nombreuses procédures sont peu invasives et réalisées en cabinet ou en ambulatoire, a-t-il noté.
Le Dr Loeb a déclaré que le fait de pouvoir identifier l’activité de la moelle épinière en temps réel lorsque la vessie se remplit et se vide est important pour comprendre les causes de l’incontinence urinaire et que l’identification des régions de la moelle épinière responsables du contrôle de la vessie « poserait les bases » de thérapies ciblant la moelle épinière et le système nerveux central.
Le Pr Christopoulos a déclaré dans le communiqué : « Si on demande à des patients la fonction la plus importante qu’ils souhaitent restaurer, ce n’est pas leur fonction motrice ou sensorielle, c’est le contrôle de la fonction sexuelle, de l’intestin et de la vessie ».
Il a également souligné l’urgence de trouver des solutions efficaces aux problèmes chroniques de contrôle de la vessie. Selon lui, les problèmes urinaires peuvent nuire à la santé mentale et augmenter le risque d’infections graves qui ne sont souvent pas détectées avant de s’aggraver.
Un long chemin à parcourir
Le Dr Loeb a qualifié l’étude de prometteuse, mais a précisé qu’un remède pour tous les types d’incontinence urinaire est encore loin.
« Je pense que la neuromodulation est un domaine extrêmement passionnant, et nous n’en sommes qu’au sommet de l’iceberg », a-t-il déclaré.
Le Dr. Charles Liu, directeur du Centre de neurorégénération et co-auteur de l’étude, a noté que les stratégies actuelles pour traiter la vessie se concentrent principalement sur le bas de l’appareil urinaire, mais que la base neurale de la maladie reste floue.
Les thérapies actuelles se concentrent sur le contrôle des symptômes, et de nombreux patients ne ressentent qu’un soulagement incomplet ou subissent des effets secondaires, selon le Dr Justin Houman, professeur adjoint d’urologie, qui n’a pas participé à l’étude.
Il a déclaré que si la recherche future parvient à réparer les nerfs, à renforcer les muscles pelviens ou à reconstruire le sphincter urétral, l’incontinence urinaire pourrait un jour être curable, et pas seulement traitable.
« Ce serait une véritable révolution, surtout pour les populations vieillissantes et les patients post-chirurgicaux », a déclaré le Dr Houman. « Je parierais sur une technique de régénération ou une percée en neuromodulation, surtout si elle s’attaque à la cause profonde de l’incontinence plutôt que de se contenter de gérer les symptômes ».