Les détenus de Vendin-le-Vieil en grève de la faim car privés de leurs trafics, selon le ministère de la Justice

Prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).
Photo: Crédit photo FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images
À la super-prison pour narcotrafiquants de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), les détenus affichent leur colère au grand jour, avec des inondations de cellules il y a quelques jours et dernièrement, des grèves de la faim. Pour le ministère de la Justice, ces agitations sont la preuve qu’ils ne peuvent plus exercer leurs trafics en toute tranquillité, signe du bon fonctionnement de l’établissement.
Au sein du quartier de haute sécurité de la super-prison de Vendin-le-Vieil, plusieurs dizaines de détenus ont annoncé avoir entamé, lundi 1ᵉʳ septembre, une grève de la faim. Ils dénoncent ainsi leurs conditions de détention, notamment les restrictions imposées aux visites familiales. Leur communiqué, signé du mystérieux « Super cartel » et publié sur les réseaux sociaux, met en lumière leur mécontentement.
« C’est compliqué de savoir qui s’alimente ou pas »
Entre 20 et 30 détenus de cette prison ont débuté une grève de la faim. Indiquant au micro de RMC ce mardi qu’un suivi médical a été mis en place, Sacha Straub-Khan, le porte-parole du ministère de la Justice, a souligné : « On a eu des refus de repas mais un certain nombre de détenus ont de la nourriture dans leur cellule. De ce fait, c’est compliqué de savoir qui s’alimente ou pas. »
Dans leur communiqué, les prisonniers précisent que leur mouvement n’est pas dirigé contre leurs « conditions de détention » mais « contre les conditions inhumaines imposées à [leurs] familles ». « Nos familles paient le prix fort », dénoncent-ils, assurant que le système de visites « sert avant tout à ‘casser psychologiquement’ les détenus et les familles ».
« Ils voient bien qu’ils sont bloqués et empêchés »
Si Me Christine d’Arrigo, avocate de trois prisonniers incarcérés dans cette prison, se dit « très inquiète » de cette « action collective d’ampleur », Sacha Straub-Khan, lui, livre une toute autre analyse : « On sent une fébrilité ces derniers jours des détenus. »
Et selon lui, « c’est parce que la prison de Vendin-le-Vieil fonctionne qu’on en arrive à ça », établissement considéré comme l’un des plus sécurisés de France aux côtés de Condé-sur-Sarthe (Orne).
« Ces détenus-là ont été mis à Vendin-le-Vieil parce qu’il s’agit des narcotrafiquants les plus dangereux du pays. Et le but de ce lieu de détention c’est que ces personnes habituées à maintenir leur trafic depuis la détention, cessent leurs activités », ajoute Sacha Straub-Khan. Il précise que « les détenus ont bien compris que la prison était hermétique par rapport à l’extérieur ». Et de mentionner : « Et c’est justement pour ça qu’ils en viennent à ce genre d’extrémités parce qu’ils voient bien qu’ils sont bloqués et empêchés. »
Les avocats, libres de relayer le communiqué aux médias
Quant à la présence du communiqué sur les réseaux sociaux, Sacha Straub-Khan a expliqué : « On ne peut pas les empêcher de communiquer avec leurs avocats ou leur famille. Les droits de la défense s’appliquent et ensuite libre aux avocats de transmettre ce communiqué aux journalistes. »
Entre fin juillet et début août, près de 90 détenus du milieu du narcotrafic ont rejoint le nouveau quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de la prison de Vendin-le-Vieil.
Plusieurs dizaines d’entre eux contestent leur transfert et leurs conditions de détention à Vendin-le-Vieil devant la justice administrative ou des juges des libertés et de la détention, en vain pour l’instant. Sacha Straub-Khan, quant à lui, s’est abstenu pour l’instant de toute réponse aux prisonniers.

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