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Le secrétaire à la Guerre des États-Unis expose la stratégie militaire « America First » de Donald Trump

Pete Hegseth a qualifié Donald Trump d'« héritier légitime » de la politique militaire et étrangère du président Ronald Reagan.

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Le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth prononce un discours au Reagan National Defense Forum, à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan, à Simi Valley (Californie), le 6 décembre 2025.

Photo: Caylo Seals/Getty Images

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Durée de lecture: 12 Min.

SIMI VALLEY (Californie) — Le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth a exposé la nouvelle stratégie de défense nationale « America First » mise en œuvre par le président Donald Trump pour son second mandat, lors d’un discours programmatique prononcé le 6 décembre en séance plénière du Reagan National Defense Forum 2025.
« Le ministère de la Guerre ne se laissera pas détourner par la promotion de la démocratie, l’interventionnisme, les guerres sans mandat clair, le changement de régime, le changement climatique, les injonctions moralisatrices “woke” et des opérations de construction nationale inefficaces », a‑t‑il déclaré.
« Nous placerons au contraire les intérêts concrets et tangibles de notre nation au premier plan. »
M. Hegseth a indiqué que le Pentagone soutiendrait cette ligne de politique étrangère en renforçant la puissance américaine dans l’hémisphère occidental, en dissuadant la Chine, en transférant une partie des charges pesant sur les États‑Unis à des alliés et partenaires régionaux dans d’autres zones du globe, et en réorganisant l’industrie américaine de l’armement.
Les orientations détaillées par le secrétaire à la Guerre reprenaient largement une nouvelle stratégie de sécurité nationale présentée par la Maison‑Blanche le 5 décembre. Ses propos constituent également un avant‑goût d’une stratégie de défense nationale plus détaillée, actuellement en préparation au Pentagone.
À plusieurs reprises, M. Hegseth a établi un parallèle entre M. Trump et le parrain du forum, le président Ronald Reagan. Il a présenté M. Trump comme l’« héritier légitime » de l’héritage reaganien.
« C’est le président Trump qui a hérité et restauré l’approche de la défense nationale de Ronald Reagan : puissante, mais ciblée et réaliste », a‑t‑il affirmé.

Priorités mondiales en recomposition

En présentant la nouvelle doctrine de « partage des charges », M. Hegseth a invité les alliés et partenaires du monde entier à renouer avec leur tradition militaire.
« Nos alliés ne sont pas des enfants ; ce sont des nations capables de faire bien davantage pour leur propre défense que ce qu’elles ont fait jusqu’ici », a‑t‑il déclaré devant le Reagan National Defense Forum.
Plus tôt cette année, l’administration Trump a exhorté les membres de l’OTAN à consacrer 5 % de leur produit intérieur brut annuel à leurs budgets militaires et de défense.
Outre le partage des charges en Europe, M. Hegseth a demandé une redistribution des responsabilités avec les partenaires de la région indo‑pacifique afin de contenir les ambitions de la Chine communiste. Il a précisé que les États‑Unis ne cherchaient ni à dominer ni à humilier la Chine.
Alors que alliés et partenaires assument davantage la sécurité dans leurs zones respectives, M. Trump entend recentrer les priorités sur les Amériques.
Le recentrage croissant de l’administration Trump sur l’hémisphère occidental, que la Maison‑Blanche a présenté comme le « corollaire Trump » de la doctrine Monroe, prévoit que les forces américaines ciblent les cartels transnationaux et s’emploient à endiguer l’immigration illégale et le trafic de drogue vers les États‑Unis.
Les forces américaines ont déjà mené de nombreuses frappes létales contre des embarcations soupçonnées de transporter de la drogue dans les eaux entourant l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale, et M. Trump a évoqué la possibilité d’opérations militaires supplémentaires visant des cibles terrestres.
« La doctrine Monroe est pleinement en vigueur, et elle est plus forte que jamais avec le corollaire Trump : une restauration de bon sens de notre puissance et de notre prééminence dans cet hémisphère », a assuré M. Hegseth devant le forum.
Les sénateurs démocrates, rejoints par Rand Paul (Républicain‑Kentucky) et Lisa Murkowski (Républicain‑Alaska), ont contesté les récentes frappes américaines à proximité de l’Amérique latine et tenté de restreindre toute nouvelle opération militaire dans la région sans l’aval du Congrès. La résolution a été rejetée par 51 voix contre 49.
Ces opérations ont fait l’objet de critiques accrues ces derniers jours, après un article du Washington Post affirmant que M. Hegseth avait ordonné des frappes de suivi contre des survivants échoués après une attaque menée le 2 septembre contre un bateau suspecté de transporter de la drogue. Au cœur de la polémique, M. Hegseth a déclaré ne pas avoir pris directement la décision de cette frappe de suivi, tout en apportant son soutien au commandant de l’opération, l’amiral de marine Frank « Mitch » Bradley.
Les parlementaires ont convoqué l’amiral Bradley à huis clos le 4 décembre pour l’entendre au sujet de la frappe du 2 septembre. Ils restent divisés sur cet épisode.

L’amiral de marine Frank Bradley quitte le Capitole, à Washington, le 4 décembre 2025. (Anna Moneymaker/Getty Images)

Lors d’une table ronde organisée plus tôt, le 6 décembre, dans le cadre du Reagan National Defense Forum, le représentant Adam Smith (démocrate de l’État de Washington), chef de file de la minorité au sein de la commission des forces armées de la Chambre, a déclaré soutenir le principe d’une lutte contre le trafic de drogue dans la région, tout en exprimant des réserves sur les opérations récentes.
« Je veux stopper la drogue », a‑t‑il affirmé. « Je ne suis pas certain que ce soit exactement la meilleure façon de procéder, et la question de la légalité compte.
« Le président Trump a décidé que nous appliquerions la peine de mort aux trafiquants, et qu’il serait à la fois juge, jury et bourreau, sans procédure régulière, sans motif probable et sans approbation du Congrès. »
Tout au long de son intervention, M. Hegseth a réfuté les critiques visant les opérations militaires en cours dans la mer des Caraïbes et dans l’est du Pacifique.
« Nos frontières ne devraient pas constituer la première ligne de défense de la patrie américaine », a‑t‑il souligné. « Elles devraient en être la dernière. Et c’est pourquoi nous faisons de la lutte contre les cartels dans tout l’hémisphère occidental une priorité. »

Refonte de l’industrie de l’armement

Les appels à une réforme en profondeur de l’industrie américaine de l’armement ne datent pas du second mandat de M. Trump.
Sur fond de guerre en Ukraine et de multiples foyers de tension au Moyen‑Orient, stratèges et responsables politiques s’interrogent depuis plusieurs années sur la capacité du complexe militaro‑industriel américain à satisfaire la demande en armements existants tout en innovant pour faire face à l’évolution des menaces sur le champ de bataille.
Au cours de l’année écoulée, le Pentagone a suspendu les programmes de char léger M10 Booker et de frégate de classe Constellation, en raison de préoccupations liées aux coûts et de désaccords sur les spécifications requises.
En novembre, M. Hegseth a présenté une série de réformes que le Pentagone entend mener pour améliorer le processus d’acquisition d’armements et renforcer la base industrielle de défense américaine.

Andrew Nuss (à dr.), directeur de la croissance et de la stratégie pour la division maritime d’Anduril Industries, échange avec le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth au sujet du programme de véhicule autonome sous‑marin Dive‑XL, lors d’une visite du campus d’Anduril, à Costa Mesa (Californie), le 5 décembre 2025. (Ryan Morgan/Epoch Times)

« Le président Trump est déterminé à maintenir et à développer l’armée la plus puissante que le monde ait jamais connue : la plus puissante, la plus létale et la plus “made in America” », a déclaré M. Hegseth le 6 décembre. « L’arsenal de la liberté. »
La veille de son discours au Reagan National Defense Forum, M. Hegseth a effectué une tournée de sites industriels de défense dans le sud de la Californie.
Lors de sa première étape, le secrétaire à la Guerre a visité le siège d’Anduril Industries à Costa Mesa (Californie). Il y a découvert un prototype de chasseur sans pilote en cours d’assemblage, baptisé YFQ‑44 Fury, que l’US Air Force envisage d’intégrer à son programme d’aéronefs de combat collaboratifs. Anduril y présentait également son véhicule autonome sous‑marin Dive‑XL et son casque de réalité augmentée EagleEye.
PalmerLuckey, fondateur d’Anduril, a expliqué que son entreprise cherchait à simplifier les procédés de fabrication d’une partie de ses systèmes d’armes, en s’éloignant de dispositifs extrêmement sophistiqués mais complexes à produire, pour privilégier des équipements pouvant être fabriqués et perfectionnés rapidement.
« Nous avons conçu une grande partie de nos systèmes pour qu’ils puissent être fabriqués avec les types de machines et de compétences que l’on trouve dans l’industrie automobile », a‑t‑il précisé.
Lors de sa visite des installations d’Anduril, M. Hegseth a salué l’approche de l’entreprise en matière d’innovation.
« Nous allons être compétitifs, aller vite, adopter l’architecture ouverte, innover, changer d’échelle et le faire à coûts maîtrisés », a‑t‑il déclaré. « Je crois que je viens de décrire la mission d’Anduril. »

Le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth s’apprête à usiner un composant de satellite lors d’une démonstration technologique dans une usine Hadrian à Torrance (Californie), le 5 décembre 2025. (Ryan Morgan/Epoch Times)

Après sa visite chez Anduril, M. Hegseth s’est rendu dans une usine exploitée par Hadrian à Torrance, en Californie. L’entreprise y pilote des sites fortement automatisés produisant des pièces de haute précision pour des acteurs des secteurs aéronautique et de la défense.
Au cours de la visite, Hadrian a présenté son processus de production, invitant le secrétaire à placer lui‑même un bloc d’aluminium dans une fraiseuse à commande numérique en vue de l’usinage d’un composant d’essai destiné à un satellite.