Une jeune mannequin libérée après environ cinq ans de prison au Yémen
Les rebelles houthis du Yémen ont relâché ce week-end la jeune mannequin Intissar al-Hammadi, détenue depuis près de cinq ans pour des prétendues entorses aux mœurs locales.

Photo: Carl Court/Getty Images
Son avocat et une source sécuritaire ont confirmé l’information dimanche à l’AFP. La jeune femme, connue pour ses clichés diffusés sur les réseaux sociaux où elle apparaissait parfois tête nue, a recouvré la liberté après un long calvaire dénoncé par les défenseurs des droits humains.
Une arrestation jugée arbitraire
Intissar al-Hammadi, qui collaborait avec plusieurs créateurs de mode yéménites, avait été arrêtée en 2021 alors qu’elle se rendait, en compagnie d’une amie, à une séance photo. L’année suivante, les deux femmes avaient été condamnées par un tribunal local à cinq ans de prison pour « fornication », « prostitution » et « usage de drogue ».
Des accusations infondées, selon son avocat, Me Khaled al-Kamal, qui y voyait une atteinte flagrante aux libertés individuelles. « Intissar al-Hammadi a été libérée hier soir et elle est désormais chez elle », a-t-il déclaré dimanche à l’AFP, précisant qu’elle « a souffert de nombreux maux et que son état s’est détérioré en raison des injustices subies ».
Un symbole pour les défenseurs des libertés
Dès les premiers mois de sa détention, Amnesty International avait réclamé la libération immédiate de la jeune femme, dénonçant des « mauvais traitements » et une « confession forcée » obtenue sous pression. L’organisation avait souligné qu’elle avait été punie pour avoir bravé des règles sociales « profondément patriarcales », en s’affichant sur internet sans voile et en revendiquant une forme d’indépendance rare au Yémen.
Née d’une mère éthiopienne et d’un père yéménite, Intissar al-Hammadi avait publié de nombreuses photos en ligne, où elle apparaissait tantôt en costume traditionnel, tantôt en jean ou en veste de cuir, avec ou sans foulard islamique. Elle avait également participé à deux séries télévisées locales, selon Human Rights Watch (HRW).
Le Yémen, déjà considéré avant la guerre comme l’un des États les plus répressifs à l’égard des femmes, a vu la condition féminine se dégrader encore davantage depuis la prise de pouvoir des Houthis en 2014. Dans les zones sous leur contrôle, de nombreuses militantes, journalistes et artistes sont aujourd’hui réduites au silence, victimes d’un conservatisme religieux et social renforcé par des années de conflit.

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