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Prix Sakharov 2025

Prix Sakharov 2025 : Andrzej Poczobut et Mzia Amaghlobeli, deux journalistes emprisonnés du Bélarus et de Géorgie

Le Parlement européen a décerné son prestigieux prix Sakharov 2025 à deux journalistes incarcérés : la Géorgienne Mzia Amaghlobeli et le Polono-Bélarusse Andrzej Poczobut. Cette distinction, qui honore la mémoire du dissident soviétique Andreï Sakharov, salue leur combat pour la vérité et la démocratie.

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La leader de l'opposition biélorusse Svetlana Tsikhanovskaya montre une photo d'Andrzej Poczobut, journaliste emprisonné en Biélorussie qui vient de recevoir le prix Sakharov, alors qu'elle s'adresse aux membres du Parlement européen lors d'une séance solennelle à Strasbourg, le 22 octobre 2025.

Photo: FREDERICK FLORIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

« Ces deux personnes sont emprisonnées sur la base d’accusations totalement fabriquées, uniquement parce qu’elles ont accompli leur mission et exposé les injustices », a souligné Roberta Metsola, présidente du Parlement européen. Selon elle, leur bravoure en fait de véritables icônes de la bataille pour les libertés fondamentales.
Les deux lauréats  ont été choisis parmi d’autres finalistes de poids : des organisations humanitaires et des journalistes œuvrant dans les territoires palestiniens, ainsi que des étudiants serbes mobilisés depuis un an dans un mouvement de contestation qui secoue leur pays.

Un message d’espoir aux prisonniers politiques

L’annonce de ce prix a suscité une émotion palpable au sein de l’hémicycle européen. L’opposante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa a pris la parole immédiatement après la proclamation des résultats pour saluer cette décision. « Cette attribution adresse un signal puissant à tous les détenus politiques : vous n’êtes pas oubliés et le journalisme ne constitue pas un délit », a-t-elle affirmé devant les eurodéputés. Son appel était sans équivoque : « Ne baissez pas les bras, poursuivez votre combat quelles que soient les circonstances ! »

Mzia Amaghlobeli : une grève de la faim contre l’injustice

À 50 ans, Mzia Amaghlobeli incarne la résistance géorgienne pour la liberté d’expression. Cofondatrice de deux médias indépendants dans un environnement médiatique fortement clivé, elle s’est spécialisée dans les investigations portant sur le détournement de fonds publics et les abus d’autorité.
En août dernier, elle a écopé d’une peine de deux ans d’emprisonnement pour avoir prétendument frappé un représentant des forces de l’ordre lors d’une mobilisation le 12 janvier à Batoumi, ville portuaire de la mer Noire. Suite à son arrestation, elle a entamé une grève de la faim qui a duré environ quarante jours, avant de l’abandonner pour raisons médicales.
Reporters sans frontières, qui exige sa libération immédiate, considère cette condamnation comme la manifestation du « virage autoritaire » que connaît la Géorgie depuis l’arrivée au pouvoir du parti Rêve géorgien. De son côté, Amnesty International a dénoncé un procès « marqué par des irrégularités procédurales et un manque d’impartialité », accusant également les autorités policières géorgiennes d’avoir infligé des brutalités physiques et verbales à la journaliste.
La reporter géorgienne figurait également parmi les candidats au prix des droits humains Vaclav Havel, décerné lundi par le Conseil de l’Europe. Cette distinction a finalement été attribuée au journaliste ukrainien Maxime Boutkevitch, libéré l’année dernière après sa capture par les troupes russes.

Andrzej Poczobut : victime de la répression bélarusse

Âgé de 52 ans, Andrzej Poczobut représente la minorité polonaise au Bélarus. Il purge actuellement une peine de huit ans de prison prononcée en février 2023, que l’opposition qualifie de « règlement de comptes personnel » orchestré par le dirigeant autoritaire Alexandre Loukachenko.
Le régime de Loukachenko exerce une répression féroce contre toute forme de dissidence, particulièrement depuis le soulèvement populaire historique de 2020. Correspondant à Minsk pour le quotidien polonais Gazeta Wyborcza et défenseur des droits de la minorité polonaise, Poczobut a été appréhendé début 2021 dans le cadre d’une offensive massive contre les médias critiques.
Deux ans plus tard, lors d’un procès à huis clos au tribunal régional de Grodno, dans l’ouest du pays, il a été déclaré coupable « d’appels publics à des actions menaçant la sécurité nationale » et « d’incitation à la haine ». On lui reprochait notamment d’avoir soutenu l’imposition de sanctions internationales contre le Bélarus.
« Nous sommes extrêmement satisfaits que la communauté internationale, le Parlement européen et l’Union européenne n’aient pas effacé Andrzej Poczobut de leur mémoire », a confié à l’AFP Roman Imielski, rédacteur en chef de la Gazeta Wyborcza. « J’espère sincèrement que cette récompense constituera un tournant et qu’Andrzej Poczobut recouvrera sa liberté. »

Une cérémonie en suspens

La remise officielle du prix doit avoir lieu le 16 décembre dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg. Toutefois, la présence des lauréats reste conditionnée à leur libération, une perspective encore incertaine face à l’intransigeance des régimes qui les détiennent.
Avec AFP