Christophe Gleizes
Condamnation de Christophe Gleizes en Algérie : L’appel à la grâce présidentielle
Après la confirmation mercredi de la condamnation à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes par la justice algérienne, ses proches placent désormais tous leurs espoirs dans une grâce présidentielle. « On appelle à la grâce présidentielle, on appelle à la libération dès demain », a lancé Maxime Gleizes, frère du journaliste, sur France Inter jeudi.

Le frère de Christophe Gleizes, Maxime Gleizes, avec leur mère Sylvie Godard, devant le Palais des papes, lors d'une manifestation de soutien dans la ville d'Avignon le 16 juillet 2025.
Photo: CHRISTOPHE SIMON/AFP via Getty Images
Le verdict en appel maintient la peine initiale prononcée pour « apologie du terrorisme » contre ce journaliste sportif de 36 ans, incarcéré depuis juin dernier. Seul journaliste français détenu à l’étranger, Christophe Gleizes voit sa situation cristalliser l’attention médiatique et diplomatique.
« Une farce judiciaire » dénoncée par la défense
L’avocat français du journaliste, Me Emmanuel Daoud, ne mâche pas ses mots face à cette décision de justice. Il dénonce un « dossier vide » et des accusations « obscènes et ridicules ». Après avoir rendu visite à son client jeudi matin en prison, il a qualifié le verdict de « farce judiciaire » et assuré : « On ne baissera pas les bras. On va continuer à se battre. C’est d’ailleurs l’état d’esprit de Christophe. »
La stratégie juridique reste à définir. Le journaliste dispose d’une semaine pour se pourvoir en cassation, mais les options sont encore en discussion. « On est en discussion avec RSF, So Press et ma famille pour savoir quelle sera la meilleure procédure », a précisé Maxime Gleizes. Me Daoud a évoqué la possibilité de déposer un recours en cassation tout en se désistant pour « mener en parallèle ce combat pour obtenir cette grâce au plus vite ».
Paris promet de continuer à « agir »
Du côté français, la mobilisation se poursuit. La présidence a fait part de la « profonde inquiétude » d’Emmanuel Macron et promis de continuer à « agir auprès des autorités algériennes pour obtenir sa libération et son retour en France dans les plus brefs délais ». « La grâce présidentielle serait la possibilité de liberté la plus proche », a souligné Me Daoud.
Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a confirmé que la libération du journaliste constituait « un élément majeur » des discussions entre Paris et Alger, relancées depuis la grâce accordée mi-novembre à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Un reportage sur la Kabylie qui tourne au cauchemar
L’affaire remonte à mai 2024, lorsque Christophe Gleizes, collaborateur des magazines So Foot et Society, s’était rendu en Algérie pour rédiger un article sur la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), le club de football le plus titré du pays, basé à Tizi Ouzou, à 100 kilomètres à l’est d’Alger.
Arrêté le 28 mai et placé sous contrôle judiciaire, il a été condamné en juin à sept ans de prison. La justice algérienne lui reproche des contacts avec des personnes liées au MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), classé organisation terroriste en Algérie. Sa première condamnation était intervenue au moment d’une grave crise diplomatique entre la France et l’Algérie, marquée par le retrait des ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates.
Une mobilisation unanime du monde médiatique et sportif
Reporters Sans Frontières (RSF), qui soutient le journaliste depuis le début, a « condamné avec la plus grande fermeté cette décision aberrante » visant un « journaliste n’ayant fait que son travail ».
Les syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes et SGJ-FO) ont également réagi mercredi soir : « Le journalisme n’est pas un crime, et sa place n’est pas en prison », ont-ils déclaré en réclamant eux aussi une grâce présidentielle.
Le monde du football s’est également mobilisé. La Ligue professionnelle (LFP) a appelé « l’ensemble de l’écosystème du football (clubs, supporteurs, partenaires) à amplifier la mobilisation ».
Boualem Sansal « effondré » mais « confiant »
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, récemment libéré après près d’un an d’incarcération grâce à une grâce présidentielle, s’est dit « effondré » par cette condamnation. Sur RTL, il a dénoncé le fait que « l’État algérien n’avait pas besoin de poursuivre dans cet acharnement ».
L’Algérie est « une dictature qui n’arrive pas à se corriger, à prendre des manières un peu plus civilisées », a-t-il jugé. « Elle est brutale et méchante et cruelle ».
Malgré cette sévérité, l’écrivain se montre optimiste pour Christophe Gleizes : « Je suis confiant, il va sortir dans une semaine, deux semaines, il va être gracié. »
Avec AFP

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