Protoxyde d'azote
Gaz hilarant au volant : l’alerte rouge sur ce fléau invisible des autoroutes
Les chiffres donnent le vertige. En 2024, près d'1,5 tonne de cartouches et bonbonnes de protoxyde d'azote ont été récupérées sur les autoroutes françaises. Et la tendance s'accélère : la Fondation Vinci Autoroutes prévoit une hausse d'au moins 10% en 2025.

Une bouteille de protoxyde d'azote de marque CDL Cream Deluxe dans une voiture à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 7 novembre 2025.
Photo: PAT BATARD/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Ces déchets, éparpillés sur les voies et les aires de repos, témoignent d’une consommation galopante de ce « gaz hilarant » par les automobilistes.
« Ces cartouches posent un double problème », explique Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation. « Elles sont difficilement recyclables et peuvent exploser, représentant un danger supplémentaire. » Mais le véritable drame se joue ailleurs : sur la route, où ce gaz normalement réservé aux blocs opératoires et à la cuisine devient une arme mortelle.
Les jeunes au volant : une génération sous influence
L’enquête Ipsos menée pour la Fondation Vinci Autoroutes révèle une réalité glaçante. Un jeune de moins de 35 ans sur dix consomme occasionnellement du protoxyde d’azote lors de soirées, contre seulement 2% des plus de 35 ans. Mais le plus inquiétant reste à venir : parmi ces consommateurs, la moitié avoue avoir déjà utilisé ce gaz en conduisant.
Cette étude, réalisée auprès de 2.256 personnes entre 16 et 75 ans, met en lumière une sous-estimation dramatique des risques. Dix pour cent des 16-24 ans considèrent même qu’inhaler du protoxyde d’azote au volant n’est pas dangereux. Une perception erronée qui coûte des vies.
Une minute d’euphorie, 45 minutes de danger mortel
Le protoxyde d’azote n’est pas un simple coup de pouce festif. Après inhalation, le pic euphorisant ne dure qu’une minute, mais s’accompagne d’effets dévastateurs : vertiges, pertes de contrôle, distorsions visuelles et même trous noirs peuvent persister pendant 30 à 45 minutes. Au volant, ces symptômes se transforment en sentence de mort.
Les drames récents en témoignent. Le 1er novembre dernier, Mathis, 19 ans, a perdu la vie à Lille, fauché par un conducteur sous l’emprise de ce gaz qui tentait d’échapper à la police. Plus récemment, trois adolescents de 14, 15 et 19 ans se sont noyés à Alès après avoir raté un virage, leur véhicule contenant plusieurs bouteilles de protoxyde d’azote.
Un défi législatif et sanitaire
Bien que la vente de protoxyde d’azote soit interdite aux mineurs depuis 2021 et réglementée dans certains lieux, le produit reste légal dans la plupart des cas. Surtout, il demeure indétectable lors des contrôles routiers classiques, rendant la répression quasi impossible.
Face à cette menace grandissante, la Fondation Vinci Autoroutes lance une campagne choc en partenariat avec l’association Protoside. Vidéos percutantes et actions de sensibilisation sur les aires d’autoroute visent à éveiller les consciences avant qu’il ne soit trop tard. Car sur la route, le gaz hilarant n’a rien de drôle.
Avec AFP

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