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Meurtre d’Iryna Zarutska : « Cette agression n’est que la partie émergée du racisme antiblanc », selon François Bousquet

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Photo: Crédit photo : François Bousquet

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Durée de lecture: 11 Min.

ENTRETIEN – Le 22 août, Iryna Zarutska, jeune réfugiée ukrainienne, a été poignardée à mort dans un tramway à Charlotte en Caroline du Nord. Juste après le meurtre, sur les images de vidéosurveillance, on entend l’assaillant, un Afro-Américain de 34 ans, prononcer la phrase suivante : « Je l’ai eue cette blanche. »
François Bousquet est essayiste, directeur de la rédaction de la revue Éléments, directeur de la Nouvelle Librairie. Il a récemment publié Le racisme antiblanc : l’enquête interdite (La Nouvelle Librairie, 2025). La théorie du racisme systémique transforme le racisme antiblanc en juste réparation, comme si chaque racisé pouvait faire valoir un droit à un dédommagement symbolique, analyse-t-il.
Epoch Times – Ce meurtre est un triste exemple de racisme antiblanc…
François Bousquet – Oui, triste et terrible, tant les images sont insoutenables. Elles disent la banalisation de ce type d’agressions qui apparaissent moins comme des faits divers que comme un état du monde, tant la plupart de ces agressions passent sous les écrans-radars et ne retiennent pas l’attention du commentaire médiatique. Si le meurtre d’Iryna a percé le mur du silence, c’est presque par accident, en dépit de la volonté manifeste de la maire démocrate de Charlotte de ne pas l’ébruiter.
C’est l’obstacle premier : l’institutionnalisation de l’omerta pour sauver le récit médiatique d’un vivre-ensemble pacifié. Loin d’être un cas isolé, cette agression n’est que la partie émergée du racisme antiblanc, du moins si je m’en tiens à la surabondance de témoignages spontanés que la moindre vidéo consacrée au sujet suscite. On est face à un phénomène massif, mais jamais reconnu comme tel, parce que le racisme antiblanc est censé ne pas exister. Or, sa négation fait partie de son fonctionnement : plus on en nie l’existence, plus il prolifère.
On pourra toujours plaider la folie individuelle du meurtrier. Le vrai coupable, c’est la folie collective des progressistes, « woke » et autres décoloniaux. Car il faut bien comprendre une chose : le meurtrier d’Iryna a frappé sous l’empire et sous l’emprise d’une idée. Cette idée, c’est la théorie délirante du racisme systémique, qui décrète que les Blancs sont coupables par essence.
Dans ce cadre, blesser ou tuer un Blanc n’est pas un crime, mais une réparation symbolique. À quoi sert le concept de racisme systémique ? À fournir aux déséquilibrés et autres esprits fragiles quelque chose que leur démence ne saurait à elle seule leur donner : une justification théorique de leurs crimes. Voilà ce qui distingue ce type d’agression d’un fait divers ordinaire : le bras de l’assassin est guidé par une théorie folle, mais socialement légitimée par l’université, qui transforme des individus en exécuteurs d’une justice raciale fantasmée.
Diriez-vous qu’aujourd’hui le racisme antiblanc est un phénomène autant présent en France qu’aux États-Unis, ou est-il encore plus installé outre-Atlantique ? On sait que les tensions raciales sont très fortes en Amérique.
Je ne connais que trop superficiellement les États-Unis pour me risquer à des parallèles. Retenons cependant une chose : là-bas, les enjeux raciaux, pour exacerbés qu’ils soient, existent dans le débat public. Pas en France, où le déni est la règle : pas de statistiques ethniques, pas de reconnaissance officielle, pas même de vocabulaire – ou alors furtivement honteux – pour décrire ce qui crève les yeux.
La différence tient aussi à la géographie. L’immensité territoriale américaine favorise le séparatisme ethnique. Chacun chez soi. En France, l’exiguïté du territoire, la densité des grandes métropoles, l’emballement des flux migratoires rendent les zones de contact, donc de friction, plus nombreuses. C’est là que le racisme antiblanc trouve à la fois son terreau et son mode de diffusion.
Les plus aisés, qui sont souvent les plus progressistes, peuvent acheter leur tranquillité : quartiers gentrifiés, écoles privées, entre-soi culturel et ethnique. Les autres – classes populaires, « petits Blancs », etc. – n’ont pas cette échappatoire. Leurs enfants sont assignés par la carte scolaire à des établissements où ils se retrouvent minoritaires. C’est là, à l’école surtout, que le racisme antiblanc se manifeste avec le plus de virulence et de brutalité.
Pour le dire autrement : aux États-Unis, le problème est assumé, mais cloisonné. En France, il est nié, mais généralisé. Là-bas, on vit séparés. Ici, on vit mêlé, avec les tensions qui vont avec.
« Trois jours après la révélation du meurtre ignoble d’Iryna Zarutska, la grande majorité des médias français demeurent aux abonnés absents », avez-vous dénoncé sur X. Pourquoi certains médias n’osent pas qualifier certaines violences de racistes quand elles visent des personnes de type caucasien ?
Le silence des médias centraux n’est pas l’exception, mais la règle. La propagande ne se définit plus seulement par ce qu’elle dit, mais par ce qu’elle tait. La première des fake news, c’est « no news », comme si l’information était soumise elle aussi à la règle du tri sélectif. D’un côté, l’intox estampillée « journalisme » que les médias relaient complaisamment. De l’autre, l’info détox, au sens biologique et salvateur du terme, est bannie au nom de la lutte contre la haine, la démagogie ou le complotisme.
Si les réseaux sociaux, puis Elon Musk, puis Donald Trump, ne s’étaient pas emparés du meurtre d’Iryna, il est à parier que nos agences de presse n’auraient pas jugé utile d’en souffler mot. Ce procédé est désormais bien rôdé : dissimuler ce qui dérange, amplifier ce qui conforte le récit officiel. La stratégie du silence est une arme redoutable au service de la désinformation, puisqu’elle agit par omission. Les réseaux sociaux, en forçant la porte, jouent ici le rôle de la voiture bélier contre les citadelles du mensonge institutionnalisé. Voilà pourquoi le système des médias s’acharne à les contrôler, sinon à les bâillonner.
Peut-on imaginer que certains médias n’auraient pas traité cette tragédie de la même manière si la victime avait été afro-américaine et l’assaillant un Américain « wasp » ?
Cela ne fait aucun doute. Nous sommes face à une distorsion de l’information qui n’a rien d’accidentel : elle est majeure, systémique, structurelle, pour reprendre le jargon des sociologues de gauche. Sauf qu’ici, ce sont eux qui en sont les instigateurs et les bénéficiaires.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5897 occurrences de George Floyd dans le New York Times à la date du 8 septembre 2025. Zéro pour Iryna, vingt jours après son meurtre. Quand le « journal de référence » de l’anglosphère s’est enfin décidé à en parler, contraint et forcé par la pression des réseaux sociaux, il s’est plié à sa charte graphique ubuesque : une majuscule à « Noir », quand bien même il s’agissait de parler du meurtrier ; une minuscule à « blanche », quand bien même on parlait de la victime. Le symbole vaut programme : la hiérarchie raciale se retrouve jusque dans la typographie.
Une fois encore, tout cela découle de la même matrice idéologique : la théorie du racisme systémique. Elle transforme le racisme antiblanc en juste réparation, comme si chaque racisé pouvait faire valoir un droit à un dédommagement symbolique, sinon financier. Ce délire fournit une caution morale à la haine raciale. Voilà pourquoi le sort d’Iryna n’intéresse pas les médias centraux. Victime, elle ne peut pas entrer dans un récit où elle est vouée à être perpétuellement coupable.
Pensez-vous que dans les années qui viennent le racisme antiblanc puisse s’intensifier en Occident et plus particulièrement en France ?
Tout indique que le racisme antiblanc s’intensifiera. Aux États-Unis, le melting-pot a fonctionné tant qu’il accueillait, non sans heurts, des populations issues d’une même matrice civilisationnelle. Mais ce creuset a cessé d’être un creuset le jour où la population venait d’horizons antagonistes : de creuset, le voilà devenu chaudron infernal qui menace d’exploser. Encore plus en France, où le racisme antiblanc est directement indexé aux courbes de l’immigration.
Plus elles montent, plus il s’amplifie. C’est arithmétique : l’intensité du phénomène suit le nombre d’immigrés extra-européens. Toutes les tentatives de fabriquer artificiellement un homme nouveau sont condamnées à l’effondrement. C’est le sens de la tour de Babel. Ce ne serait rien si, dans leur chute, ces tours n’entraînaient pas avec elles les peuples somnambules qui refusent de voir, comme hypnotisés, ce qui leur arrive. Une seule solution : briser ce maléfice multiculturel et sortir de notre dormition historique, comme disait Dominique Venner.
 

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.