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Opinion

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Benjamin Goldnadel : «Pour les écologistes politiques,  la lutte contre le réchauffement climatique est avant tout une lutte contre la société occidentale moderne»

ENTRETIEN – Benjamin Goldnadel est avocat, défenseur d’une vision alternative de l’écologie. Dans cet entretien, il explique pourquoi, selon lui, les écologistes de gauche et d’extrême gauche desservent complètement la cause environnementale. L’avocat estime également que l’approche techno-optimiste de l’écologie permettra de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.

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Photo: crédit photo : Benjamin Goldnadel

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Durée de lecture: 12 Min.

Epoch Times – Que reprochez-vous aux écologistes de gauche et d’extrême gauche ?
Benjamin Goldnadel – Beaucoup de choses. En premier lieu, leur instrumentalisation flagrante de l’écologie à des fins idéologiques. Ils ne font pas de l’écologie, mais de l’écologie politique, ce qui n’a rien à voir. Vous me demandez ce que je leur reproche, moi, mais ils sont rejetés par la grande majorité de nos concitoyens, et pas qu’en France. Ils ne nient même plus ce rejet, ils ne le peuvent plus, évoquant régulièrement un « backlash écologique ».
J’aimerais dire que ce qui est rejeté n’est pas l’écologie, mais les écologistes politiques, mais ce ne serait pas tout à fait vrai. Ces derniers, à force de mêler écologie et gauchisme, ont malheureusement réussi à rendre répulsif auprès du grand public le concept même d’écologie. Vous souhaitez irriter votre entourage ? Évoquez donc la « préservation du vivant » ou pire, la  « lutte contre le changement climatique ».
L’extrême gauche n’est jamais qu’une petite minorité. Il est logique que lorsqu’elle a le monopole d’un sujet, celui-ci devienne un épouvantail pour beaucoup. Selon moi, les écologistes politiques, loin de servir l’écologie, lui portent un grave préjudice. C’est ce constat ainsi que le fait que cette cause m’importe malgré tout qui m’ont poussé à me pencher sur le sujet. En creusant un peu, je me suis rendu compte que les choses sont cependant en train de changer.

Quel a été pour vous le point de départ de votre engagement ?
Cela fait longtemps que je me sens en porte-à-faux vis-à-vis des écologistes politiques. D’un côté, je suis sensible à cette cause et de l’autre, je ne supporte pas les errances idéologiques des écologistes politiques. Je crois qu’un des éléments déclencheurs a été les propos antisémites de l’élue écologiste, Lila Djellali en plein conseil de la mairie du XXᵉ arrondissement de Paris en mai dernier.
Qu’une élue écologiste censée œuvrer pour la préservation de l’environnement se sente légitime à déclarer que « le jour où on rassemblera au même endroit les juifs, nous pouvons craindre qu’ils puissent devenir des dominateurs, qu’ils puissent faire l’impensable » est pour moi aussi absurde que si le Hamas militait contre les émissions de dioxyde de carbone.
Mais l’islamogauchisme des écologistes politiques ne se limite pas à la question juive ou israélienne, même si c’est l’un de leurs principaux fonds de commerce.  Prenez par exemple Hassen Hammou, qui était jusqu’à peu chef de file EELV pour les élections municipales de 2026, avant d’être poursuivi pour corruption de mineur : je mets quiconque au défi de trouver sur son compte X, un tweet en rapport avec l’écologie.
On y trouvera uniquement des publications pour dénigrer l’existence du racisme antiblanc,  pour la défense du port du voile et du burkini ou encore pour la fermeture de CNews. À ce niveau là, ce n’est même plus de l’instrumentalisation, c’est de l’infiltration. Tout ceci m’a donné envie de dénoncer le fait qu’en faisant tout sauf de l’écologie, ces soi-disant écologistes font du tort à cette cause.
« Devant des avancées quasi-inexistantes, notamment concernant la lutte contre le réchauffement climatique, il devient urgent que l’écologie soit représentée autrement », écrivez-vous dans Causeur. Pour vous, l’écologie devrait être représentée par des responsables politiques de droite ?
L’écologie devrait être aussi représentée par des responsables de droite. Mais au fond, je pense que l’écologie devrait être apolitique, ou plus exactement post-idéologique, comme l’écrit le cofondateur du Breakthrough Institute Ted Nordhaus dans un récent article du Point. Je suis persuadé que le changement climatique va être d’ici peu une grande source d’inconfort pour les habitants des pays riches et une grande source de danger pour les habitants des pays pauvres, la différence résidant dans les capacités d’adaptation liées au niveau de développement.
Il devient primordial de faire, dans un premier temps, le constat de l’échec des acteurs politiques et de leurs politiques tant imprégnées d’idéologie. Cela ne fonctionne pas, et, comme nous l’avons dit, cela est même contreproductif. La plupart des gens ne supportent plus ces déclarations apocalyptiques et ces discours moralisateurs.
Même les amoureux de la nature ne supportaient pas Greta Thunberg (je parle au passé de Greta, l’ancienne écologiste, pas de celle qui a trahi la cause pour se métamorphoser en militante anti-israélienne en naviguant aux côtés de Rima Hassan). Une fois le constat posé, il faut selon moi opérer un changement total de paradigme. La bonne nouvelle, c’est que celui-ci a déjà commencé.
Des responsables politiques de droite tentent-ils, aujourd’hui, de reprendre à la gauche l’écologie ?
Il y a effectivement quelques personnalités de droite qui abordent désormais le thème de l’écologie, mais cela reste complètement anecdotique. Ce qui ne l’est pas en revanche, ce sont des personnalités non politiques qui apportent un vent nouveau sur l’écologie, et peu importe leurs couleurs politiques.
C’est parfois surprenant ! Une semaine avant la COP30, le très influent Bill Gates a publié un article qui incarne le cauchemar des écologauchistes tant il s’oppose désormais à cette écologie basée sur le catastrophisme et la décroissance. Sans remettre le moins du monde en cause le changement climatique, le philanthrope explique désormais, chiffres à l’appui, que c’est l’optimisme qui doit être de mise car nous sommes, selon lui, sur la bonne voie.
Pire, Gates affirme que la solution passera, et passe déjà, par l’innovation technologique et la croissance économique ! De quoi provoquer une syncope dans les rangs d’EELV et autres influenceurs écologistes pour qui la lutte contre le réchauffement climatique est avant tout une lutte contre le capitalisme et la société occidentale moderne. En France, pour suivre cela de près, je remarque une dynamique comparable chez certaines personnalités et l’émergence de médias indépendants qui gagnent en popularité auprès d’un public sensible au combat écologique, mais las du monopole de la gauche radicale en la matière. Je considère que c’est probablement le début de la fin de ce dernier.
À qui pensez-vous ?
Comme je le disais, c’est parfois surprenant. François de Rugy, ancien ministre de la Transition écologique, ancien écologiste politique, se montre désormais très critique envers ses anciens collègues. Il tacle désormais la militante écologiste d’ultra-gauche Camille Etienne, publie lui aussi des livres expliquant que « la technologie peut sauver la planète », a lancé un média (Et si l’économie sauvait l’écologie) pour mettre en avant les solutions écologiques non décroissantes et qui démontent les fakes news des écologauchistes que relaient malheureusement très souvent les médias mainstream. Et il n’est pas le seul !
Je peux également vous citer à titre d’exemple un autre nouveau média composé d’experts qui gagne en popularité, Les Electrons Libres et qui s’inscrit lui aussi dans cet esprit que je qualifierai d’écologiquement incorrect. Je n’ai aucun doute sur trois choses : cette dynamique va continuer à prendre de l’ampleur, les hommes politiques finiront par prendre le train en marche et l’écologie en sera la grande gagnante.
Il est fini le temps où l’écologie politique pouvait se contenter de qualifier ses adversaires de « climatosceptiques » pour les décredibiliser et les mettre hors jeu. Elle a désormais face a elle des gens sérieux et compétents.  Sur les réseaux sociaux, je me fais le relais de ces personnalités et médias qui incarnent, selon moi, l’avenir de l’écologie. Beaucoup voient cette alternative d’un bon œil. J’invite ceux que cela intéresse à me suivre sur X et Instagram.
Vous défendez également une écologie techno-optimiste. Pourriez-vous développer ?
Bien entendu que je défends cette écologie, et vous faites bien de parler de techno-optimisme et non pas de technosolutionnisme. Le techno-optimisme est la croyance que la technologie contribue et contribuera par la suite encore davantage (et non pas solutionnera à elle toute seule) à la lutte contre le changement climatique. C’est selon moi un des piliers du changement de paradigme que j’évoquais.
Pendant que certains médias nous inondent de messages apocalyptiques sur le développement de l’intelligence artificielle, le rôle de cette dernière est en passe de devenir crucial dans la lutte contre le changement climatique en optimisant par exemple la gestion des énergies renouvelables, en prédisant les événements météorologiques extrêmes pour une meilleure adaptation agricole, ou encore en surveillant, en temps réel, les polluants comme les fuites de méthane ou les plastiques océaniques.
J’apprécie beaucoup la brillante chercheuse Hannah Ritchie qui excelle dans l’analyse factuelle des défis environnementaux mondiaux. Je recommande son best-seller Première génération qui est un modèle d’optimisme pragmatique et un véritable pied de nez au catastrophisme, au dogmatisme et à l’écologie décroissante. C’est à vous réconcilier les plus récalcitrants avec l’écologie, tant c’est intelligent !
Dans un entretien pour The Guardian, Hannah Ritchie, qui est en train de devenir une référence en la matière, se déclare « optimiste quant au pouvoir de la technologie de changer le monde » et ajoute que « dans notre lutte contre le changement climatique, c’est de loin le levier le plus puissant dont nous disposons ».  Je partage complètement ce point de vue.
Selon moi, c’est le techno-pessimisme qui devrait inspirer la suspicion et ce serait plutôt à ses partisans de se justifier. Qu’ils nous expliquent par exemple en quoi l’opposition historique des écologistes politiques au nucléaire n’est pas, avant tout, une réaction idéologique et en quoi le modèle allemand de renoncer au nucléaire pour rouvrir des usines à charbon serait inspirant. J’attends leurs arguments avec beaucoup d’impatience.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.