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Manifestation à Londres : « Tommy Robinson a réalisé le plus grand coup de toute sa carrière », analyse Jeremy Stubbs

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Photo: Crédit photo : Jeremy Stubbs

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Durée de lecture: 7 Min.

ENTRETIEN – Samedi 13 septembre avait lieu dans les rues de Londres le rassemblement « Unite the Kingdom » organisé par le militant de droite nationaliste Tommy Robinson. Au moins 110 000 personnes ont défilé dans la capitale anglaise contre l’immigration et les atteintes à la liberté d’expression et ont aussi rendu hommage au militant conservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre dans l’Utah. D’autres personnalités publiques du monde entier sont intervenues à la manifestation, à l’instar du milliardaire Elon Musk en visioconférence et du président de Reconquête, Éric Zemmour, qui a fait le déplacement.

Jeremy Stubbs est directeur adjoint de la rédaction de Causeur et président des Conservatives Abroad in Paris. Le journaliste estime que Tommy Robinson n’était jamais parvenu à rassembler autant de personnes.
Epoch Times – Avec plus de 110.000 participants, peut-on dire que cette manifestation est un succès, notamment pour Tommy Robinson ?
Jeremy Stubbs – De toute évidence, cette manifestation a été un grand succès. Certaines estimations dépassaient même les 150 000 participants.
Tommy Robinson a réalisé le plus grand coup de toute sa carrière. C’est une personnalité qui a toujours su attirer l’attention autour de lui, mais jusqu’à présent, il n’était pas parvenu à fédérer autant de monde.
Il a même fini en prison il n’y a pas si longtemps parce qu’il continuait à calomnier un individu à qui la justice avait donné raison. Mais là, on peut dire que sa stratégie fut la bonne.
L’immigration était l’un des grands thèmes du rassemblement. Beaucoup de manifestants arboraient des drapeaux sur lesquels il était écrit : « Nous voulons retrouver notre pays ». Aujourd’hui, de plus en plus de Britanniques se sentent menacés d’un point de vue identitaire ?
Oui, mais l’une des erreurs flagrantes de la gauche et du centre a été d’aller trop vite en besogne en qualifiant l’événement de « manifestation anti-immigration ».
La réalité est plus complexe. Ceux qui ont participé à cet événement ne sont pas nécessairement des personnes opposées depuis longtemps à l’immigration. Ce sont des gens qui, quel que soit leur âge ou leur affiliation politique, souffrent de certaines situations en lien avec l’immigration. Les hôtels pour migrants par exemple excèdent le nombre de Britanniques depuis deux ans.
C’est ce genre de contestation qui est derrière cette manifestation.
Et le Premier ministre Keir Starmer a compris cette colère puisqu’il essaie de prendre des mesures pour lutter contre l’immigration illégale.
Parmi les manifestants, il y avait aussi des Britanniques déçus par le Parti conservateur ? Les Tories sont souvent critiqués pour ne pas avoir été suffisamment fermes sur la question migratoire.
Bien sûr. Le seul responsable politique en qui ils ont confiance, c’est bien entendu Nigel Farage.
Il est connu des Britanniques depuis longtemps, mais le lancement de son nouveau parti Reform UK en 2019 et son élection au Parlement l’année dernière font qu’il incarne d’une certaine manière un renouveau politique.
On ne sait pas ce dont il serait capable au gouvernement et s’il ferait mieux que les travaillistes ou les conservateurs. Mais c’est le seul qui trouve grâce aux yeux de ce public.
La préservation de la liberté d’expression était l’autre grande revendication de la manifestation. Qu’en est-il, aujourd’hui, outre-Manche, de l’état de la liberté d’expression ?
Elle se trouve dans un état lamentable. Il ne s’agit plus seulement de cancel culture. Le problème est devenu juridique.
C’est-à-dire que beaucoup d’individus reçoivent une visite des policiers. Cela touche aussi bien des journalistes et des auteurs très connus que des quidams qui, sans avoir l’habitude de contrôler leur discours public, postent un message un peu incendiaire sur les réseaux sociaux avant de le retirer.
Et l’un des grands sujets sur lequel la liberté d’expression est très réduite aujourd’hui, c’est l’immigration. Sans parler bien sûr de la question du genre.
Par ailleurs, l’assassinat de Charlie Kirk a secoué un grand nombre de personnes au Royaume-Uni. Avant la manifestation, il y a eu une veillée à Londres pour lui rendre hommage. Et le jour de l’événement, les participants ont également salué sa mémoire.
Le militant américain est soudainement devenu celui qui incarnait la liberté d’expression sur tout un tas de sujets relativement contestés et donc, invoquer en quelque sorte l’esprit de cet homme faisait partie de cette grande manifestation.
 Vous avez dit que Keir Starmer a compris le message. Mais il a réagi sur X à la manifestation en déclarant : « La Grande-Bretagne est une nation fière d’être fondée sur la tolérance, la diversité et le respect. Notre drapeau représente la diversité de notre pays et nous ne le céderons jamais à ceux qui l’utilisent comme symbole de violence, de peur et de division ».  Qu’en pensez-vous ?
Évidemment, quand j’ai dit qu’il a compris le message, je veux dire qu’il a entendu la colère de la population sur la question de l’immigration. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, même avant son élection, il considérait déjà le sujet des traversées de la Manche comme étant majeur et qu’il ne cesse d’annoncer des mesures de plus en plus strictes mais toujours sans effet.
Mais s’il veut être perçu comme un responsable politique qui prend ce problème à bras le corps, il ne veut pour autant pas être confondu avec la droite.
Et Tommy Robinson est tellement considéré par l’establishment politique comme un élément toxique que chacun préfère prendre ses distances avec lui.
C’est d’ailleurs ce qu’a fait Nigel Farage l’année dernière

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.