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Les contraceptifs hormonaux pourraient modifier la façon dont les femmes perçoivent la peur

Les effets des contraceptifs hormonaux pourraient se prolonger même après l’arrêt de la pilule. Une étude publiée en août suggère que les contraceptifs hormonaux pourraient influencer la manière dont les femmes traitent la peur, avec des effets qui pourraient persister même après l’arrêt du traitement. Les femmes utilisant des contraceptifs hormonaux ont montré des réactions de peur nettement plus élevées dans des environnements sûrs que celles qui n’avaient jamais pris de contraception.

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Photo: Epoch Times/Shutterstock

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Durée de lecture: 6 Min.

« Cela pourrait expliquer pourquoi les troubles liés à l’anxiété et à la peur sont plus fréquents chez les femmes », a déclaré à Epoch Times le Dr Tiao-Virirak Kattygnarath, spécialiste de la fertilité, non impliqué dans l’étude. La recherche « démontre directement » que les contraceptifs oraux influencent le comportement des participantes, a-t-il ajouté.

Des chocs électriques pour susciter la peur

L’étude, publiée dans la revue Nature, a porté sur 147 participants en bonne santé, incluant des hommes, des femmes avec un cycle menstruel naturel et des femmes sous contraceptifs hormonaux. Toutes les participantes sous contraception utilisaient une pilule combinée.
Les chercheurs ont conçu une expérience de deux jours pour évaluer la capacité des participants à distinguer les situations menaçantes des situations sûres.
Le premier jour, les participants ont appris à associer l’extinction de certaines lampes colorées à la réception d’un choc électrique dans un bureau (environnement menaçant). Ils ont ensuite découvert que, dans une bibliothèque (environnement sûr), les lampes s’éteignaient sans qu’aucun choc ne soit administré. Le deuxième jour, les chercheurs ont mesuré la réapparition des réactions de peur lors de l’extinction des lampes dans les deux contextes, en observant les réactions cutanées et l’activité cérébrale. Les femmes utilisant ou ayant utilisé des contraceptifs hormonaux ont continué à manifester des réactions de peur dans les environnements sûrs, ne parvenant pas à reconnaître qu’elles n’étaient plus en danger.
Plus précisément, celles dont les contraceptifs contenaient des doses plus élevées d’œstrogènes synthétiques présentaient un retour de la peur plus marqué dans les contextes sûrs. Ces effets persistaient après l’arrêt de la contraception, suggérant une influence durable des hormones sur le comportement.
Les femmes ayant des fluctuations hormonales naturelles ne montraient pas la même altération des réponses de sécurité.
« Il est significatif que les hormones synthétiques des contraceptifs oraux aient un impact différent des fluctuations hormonales naturelles », a indiqué le Dr Kattygnarath. « Cela suggère qu’une exposition continue à des doses élevées peut modifier le traitement de la peur », avec des implications importantes pour la santé mentale.
Les examens cérébraux ont mis en évidence le mécanisme biologique à l’origine de ces changements de comportement. Les femmes utilisant des contraceptifs présentaient une activité réduite dans l’hippocampe et le cortex préfrontal ventromédian, deux zones cérébrales essentielles pour distinguer les situations réellement menaçantes des contextes sûrs.
Lorsque l’activité cérébrale diminue, il devient plus difficile de réprimer la peur dans des environnements sans danger.
Selon l’étude, cette altération pourrait être due à l’action directe des hormones synthétiques sur les circuits cérébraux impliqués dans l’apprentissage et la mémoire émotionnelle. Administrées à l’adolescence, elles pourraient perturber des systèmes de régulation encore en développement.

Des implications plus larges

L’étude souligne l’importance de prendre en compte l’influence hormonale dans la compréhension des troubles liés à la peur, tels que le trouble de stress post-traumatique (TSPT), qui touche deux à trois fois plus de femmes que d’hommes.
Le Dr Trisha Shah, endocrinologue de la reproduction, non impliquée dans l’étude, a rappelé que les cliniciens peuvent s’appuyer sur les recommandations des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) concernant les critères médicaux d’éligibilité à la contraception aux États-Unis.
« Selon ces recommandations fondées sur les preuves, les contraceptifs oraux combinés ne sont pas associés à une aggravation des symptômes de santé mentale chez les femmes souffrant de dépression ou de troubles bipolaires », a-t-elle déclaré à Epoch Times. « Ils sont considérés comme sûrs dans ces cas, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les effets indésirables potentiels des contraceptifs sur la santé mentale. »
De manière générale, a-t-elle ajouté, elle évalue toujours l’état psychologique de ses patientes lors du conseil en contraception hormonale, et aborde les éventuels effets sur l’humeur ainsi que les bénéfices potentiels, notamment la régulation du cycle menstruel, la gestion des douleurs ou des saignements, la contraception et le traitement de l’acné.
« La décision doit être prise conjointement entre la patiente et son médecin », a-t-elle souligné.

Les limites de l’étude

Les chercheurs ont précisé que l’étude comportait certaines limites.
Elle a été réalisée sur des individus en bonne santé, exposés brièvement à différents environnements, ce qui ne reflète peut-être pas fidèlement les réactions de peur dans la vie réelle. L’échantillon était homogène et pourrait ne pas représenter les femmes souffrant déjà de troubles mentaux.
Des recherches complémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats dans des populations cliniques et pour explorer comment les différentes formules et doses contraceptives influencent le traitement de la peur au fil du temps.
Mieux comprendre cette influence pourrait permettre d’orienter les choix contraceptifs et les traitements de santé mentale en fonction des réponses biologiques propres aux femmes.