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Le montant de la dette publique française atteint un niveau inédit fin juin

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Le bâtiment extérieur du ministère de l'Économie et des Finances (Bercy) à Paris, le 9 janvier 2025.

Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

La dette publique de la France a de nouveau progressé au deuxième trimestre 2025, atteignant 115,6 % du PIB et un niveau inédit de 3416,3 milliards d’euros, selon les données publiées mercredi par l’Insee.

Une hausse continue depuis des décennies

En trois mois, la dette a augmenté de 70,9 milliards d’euros, contre 113,9 % du PIB fin mars et 112,1 % au deuxième trimestre 2024. Au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, elle s’élevait encore à 101,2 % du PIB (2281,3 milliards d’euros).

« La dette augmente plus vite que celle de ses voisins européens, surtout depuis 2019 », constate Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE, auprès de l’AFP.

Selon lui, cette évolution résulte des mesures exceptionnelles face aux crises sanitaire et inflationniste, mais aussi d’allègements fiscaux non compensés et d’une croissance plus faible qu’attendu, donc moins génératrice de recettes. « Le déficit n’est pas seulement un déficit de crise, il est aussi structurel », souligne-t-il, situant « le tournant » à la crise des gilets jaunes.

Pressions politiques et sociales sur le budget 2026

Dans un contexte de vide gouvernemental et de recherche de compromis pour éviter une censure, le Premier ministre doit présenter d’ici la mi-octobre un projet de budget 2026 à l’Assemblée nationale.

Le débat s’annonce tendu. L’intersyndicale, déçue d’un nouvel entretien à Matignon mercredi, a annoncé une journée de mobilisation le 2 octobre pour réclamer plus de justice fiscale. Le patronat, de son côté, prévoit un meeting le 13 octobre contre « la dangerosité du débat fiscalo-fiscal ».

Les arbitrages restent incertains : la droite accepterait un effort budgétaire d’environ 35 milliards d’euros, les socialistes défendent 22 milliards, tandis que l’ancien Premier ministre François Bayrou avait fixé l’objectif à 44 milliards pour ramener le déficit à 4,6 % du PIB.

Une trajectoire inquiétante

Au-delà du niveau de la dette, c’est son évolution qui inquiète. « Aujourd’hui, on n’est pas capable de stabiliser la dette », juge François Ecalle, président du site Fipeco, interrogé par l’AFP.

La France reste le troisième pays le plus endetté de la zone euro derrière la Grèce et l’Italie, mais occupe la première place pour l’ampleur de son déficit, attendu à 5,4 % du PIB en 2025, loin du seuil de 3 % fixé par l’Union européenne.

En septembre, l’agence de notation Fitch a abaissé la note souveraine de la France, invoquant instabilité politique et fragilité budgétaire. Elle prévoit un endettement atteignant 121 % du PIB en 2027.

Le coût croissant de l’endettement

Avec la remontée des taux d’intérêt, accentuée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, le financement de la dette devient de plus en plus coûteux. « Il est nécessaire de réaliser essentiellement des économies sur les dépenses, mais aussi d’augmenter les prélèvements obligatoires », estime François Ecalle.

Pour Mathieu Plane, la priorité reste la crédibilité : « Il faut une stratégie claire de redressement des finances publiques sur plusieurs années, sans nuire à l’économie. Or, actuellement, il y a un flottement politique tel qu’arriver à faire passer un budget pour une année, c’est déjà extraordinaire. »