« Fête de la créativité » ou Noël sacrifié ? Les illuminations de nouveau dans la tourmente à Nantes
À Nantes, les illuminations de Noël sont devenues un enjeu politique, l’opposition accusant la majorité de s’éloigner des symboles traditionnels. Autour du Voyage en hiver, les élus se divisent entre défense d’un Noël classique et promotion d’un dispositif artistique réinventé.

Photo: Capture X Foulques Chombart de Lauwe
Depuis le lancement du dispositif en 2022, la ville expérimente une approche mêlant créations contemporaines et décorations plus classiques. Mais cette réinvention des codes festifs, portée par la majorité de Johanna Rolland, se heurte aux critiques d’une partie de l’opposition, qui dénonce une mise à distance des symboles traditionnels de Noël.
Noël traditionnel contre Noël réinventé
La controverse s’articule d’abord autour de la perception même de ce que doit être Noël dans l’espace public. Pour Foulques Chombart de Lauwe, tête de liste de la droite et du centre à Nantes, la ville aurait tourné le dos à l’imaginaire classique des fêtes. Dans une séquence relayée sur ses réseaux sociaux, il accuse la municipalité de « nous priver de Noël » depuis trois ans et estime que « la magie de Noël » a été remplacée par des installations « déconnectées, parfois incompréhensibles, qui ne racontent plus Noël », selon Le Figaro.
Le cœur de sa critique vise le Voyage en hiver, programme d’œuvres disséminées dans la ville. Selon ses détracteurs, ce dispositif grèverait le budget des décorations traditionnelles, au moment même où les sapins ont disparu de l’espace public et où les guirlandes se seraient faites plus rares. Pour l’élu LR, Noël devrait rester un temps de références partagées, et non un terrain d’expérimentation culturelle.
Le Voyage en hiver, symbole d’une nouvelle approche
Au centre de la polémique figure l’installation « La nuit je vois » du plasticien Vincent Olinet, faite de façades colorées, de lanternes et de sculptures monumentales. Elle incarne la volonté de la ville de proposer un parcours lumineux contemporain dans le cœur de Nantes. Présentée comme une réinvention par les artistes « de l’hiver et des fêtes de fin d’année », cette approche a été défendue comme une « fête de la créativité » par la maire lors d’éditions précédentes.
La municipalité revendique désormais un compromis entre innovation artistique et codes plus classiques. En 2025, elle met en avant 42 kilomètres de guirlandes traditionnelles, 66 rues décorées et 14 places illuminées, en complément des œuvres contemporaines. Ce rééquilibrage intervient après les vives réactions suscitées par la quasi-disparition des motifs traditionnels lors des premières éditions.
« À Nantes, Noël est devenu un gros mot »
À l’approche des municipales de 2026, le débat sur Noël dépasse le seul terrain esthétique. Foulques Chombart de Lauwe inscrit sa critique dans un registre plus large en affirmant qu’« à Nantes, Noël est devenu un gros mot » et en dénonçant des motivations « idéologiques » derrière ces choix, selon France 3. Il dit voir dans cette évolution la volonté de « nous priver de Noël » pour des « raisons idéologiques », alors même que « l’on vit dans un monde où on a besoin d’un moment cocooning ».
La majorité répond en dénonçant une instrumentalisation politique. L’équipe de campagne de Johanna Rolland fustige des « vidéos tronquées montées sur des musiques lugubres » et accuse l’opposition de propager « sciemment et malhonnêtement leurs fake news favorites de fin d’année ». Pour la maire, « Nantes aime Noël et le fête magnifiquement » et le Voyage en hiver s’inscrit dans « une approche artistique et musicale, en plus des animations traditionnelles pour émerveiller », rapportait Ouest-France lors de l’édition 2023.
Tradition, identité et usage politique de Noël
Au-delà du face-à-face Rolland-Chombart de Lauwe, certains opposants élargissent encore le débat. Dans les colonnes de Boulevard Voltaire, le colistier Guillaume Richard estime que le Voyage en hiver a été conçu « au détriment de la tradition et de ce qui permet aux Nantais de tous se retrouver, quelles que soient les générations ». Il décrit Noël comme un moment « sacré », un « no man’s land politique » où l’on ne serait « pas censé faire de la politique ni du modernisme », mais au contraire préserver des « points d’ancrage culturels » familiaux ou religieux.
Il va jusqu’à dénoncer « une volonté de faire plaisir à des extrêmes qui cultivent le négationnisme de Noël et de notre culture », en liant ces choix à « une mode – en perdition – qu’est le wokisme » et à une « stratégie politique » destinée à « donner des cautions à l’extrême gauche ».
En miroir, la mairie met en scène une autre image : marché de Noël très fréquenté, illuminations « festives et créatives » et communication sur les réseaux sociaux au son de « All I want for Christmas is you », pour illustrer un Noël à la fois populaire et revisité.
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