Un milliard d’euros pour la com’ de l’État en 2024 : Matignon engage une cure d’austérité
Réforme choc de la communication publique dès 2026. Sébastien Lecornu cible 300 millions d'euros d’économies et plus de transparence. Ministères et opérateurs devront tailler dans leurs budgets.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu répond à l’Assemblée nationale, le 15 octobre 2025.
Photo: AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Sébastien Lecornu veut réduire drastiquement les dépenses de communication de l’État. Selon Matignon, le Premier ministre vise en 2026 « une réduction de 300 millions d’euros par rapport au milliard dépensé en 2024 », dans le prolongement de la circulaire du 4 octobre 2025 instaurant un moratoire sur les budgets de communication pour l’année 2025. L’objectif affiché est de « réformer structurellement la communication de l’État au service de l’intérêt général et de renforcer la transparence sur les dépenses de communication », a précisé Matignon en confirmant les informations du JDD.
La communication publique est un domaine anciennement critiqué pour son opacité, rappelle Boulevard Voltaire. Les dépenses sont éparpillées et nombreuses : veille médias et sondages, achats d’espaces publicitaires, production de contenus audiovisuels et de supports, organisation d’événements, développement d’outils numériques par les services de communication et les cellules de relations presse, etc. Plusieurs rapports de la Cour des comptes ont déjà souligné la difficulté de l’État à mesurer et donc à encadrer cet ensemble de coûts, rappelle le média.
Un Service d’information du gouvernement très gourmand
Boulevard Voltaire rapporte que la Cour des comptes a chiffré à 527,2 millions d’euros le montant des actions pilotées ou coordonnées par le Service d’information du gouvernement (SIG) entre 2017 et 2022. Ce service compte 87 agents, après une augmentation de 28,3 % de ses effectifs, soit 19 recrutements entre 2018 et 2023. Le SIG recourt largement à des prestataires extérieurs pour ses missions de conseil.
Plusieurs contrats se distinguent par leur montant. Boulevard Voltaire cite notamment « développer une stratégie de partenariat avec la société civile », confié à Thinkers & Doers et LSA pour 864.040 euros, ou encore « disposer d’une vision globale de la communication gouvernementale et en améliorer le pilotage », attribué à Eurogroupe pour 12.394 euros. Une mission consacrée à « l’évolution des métiers du SIG ou son positionnement » a, elle, coûté 1,639 million d’euros, détaille le même média.
Des sondages au cœur des critiques
Les dépenses liées aux sondages ont également fortement augmenté au cours du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, souligne Boulevard Voltaire en s’appuyant sur des données du Monde.
En 2017, les commandes de sondages via le SIG représentaient 1,4 million d’euros. Elles atteignent 3,3 millions d’euros en 2019 puis 2,6 millions en 2020. Ces dépenses se sont élevées à 1,2 million d’euros en 2024 et à 464.000 euros pour la seule période allant de janvier à mai 2025. Ces montants nourrissent les critiques sur l’ampleur des moyens consacrés à la mesure de l’opinion.
Une mission « État efficace » et une réforme structurelle
Pour revoir ce dispositif, le gouvernement s’appuie sur la mission « État efficace », confiée en septembre à deux hauts fonctionnaires, ainsi que sur le SIG. D’après Matignon, ces deux acteurs doivent remettre au Premier ministre, au premier trimestre 2026, « un projet de réforme structurelle » de la communication gouvernementale et de l’État. Ce chantier inclut la réflexion sur « une réallocation des ressources au sein d’une unité centralisée » et sur le regroupement de structures régionales.
En parallèle de cette réflexion de fond, Matignon annonce des changements dès le 1er janvier 2026. Il est notamment prévu la création d’un « pôle d’expertise évènementielle au service de tous les ministères », la « réduction du recours aux prestations externalisées » et l’attribution des crédits sur la base d’un plan de communication annuel pour chaque ministère. Les administrations centrales et déconcentrées devront publier le détail de leurs dépenses de communication. Toutes ces informations seront rassemblées dans un document annexé au projet de loi de finances.
Serrage de vis pour les ministères et les opérateurs
Le gouvernement fixe des objectifs chiffrés de réduction de dépenses. Matignon indique que le Premier ministre donne « instruction en 2026 aux administrations et organismes concernés d’engager une forte réduction de leurs dépenses ». Les ministères devront diminuer leurs budgets de communication de 20 % par rapport à l’exercice 2024. Pour les opérateurs de l’État, la réduction exigée atteint 40 % sur la même base.
L’ensemble de ces mesures doit permettre, selon Matignon, d’atteindre « une réduction de 300 millions d’euros par rapport à l’exercice budgétaire 2024 ». Fin septembre, Sébastien Lecornu avait déjà annoncé la suspension, jusqu’à la fin de l’année, de tous les nouveaux frais de communication des ministères, des opérateurs publics et des agences de l’État, alors estimés à 450 millions d’euros en 2024 avant revue générale des dépenses. Cette nouvelle étape entend prolonger et systématiser l’effort de réduction engagé sur le périmètre de la communication publique.
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