Il veut juste chanter : le calvaire de Noé, roué de coups pour sa passion à la sortie du collège
Violemment pris à partie pour avoir osé chanter sur les réseaux sociaux, Noé, un collégien de 12 ans, a été roué de coups par une dizaine de jeunes entre son établissement de Toulon et son domicile. Cette agression, menée pour le faire taire, plonge sa famille dans l’angoisse et relance les inquiétudes sur les violences visant les adolescents qui s’exposent en ligne.

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Photo: NICOLAS GUYONNET/Hans Lucas/AFP via Getty Images
« Ils m’ont attendu dans une ruelle et m’y ont frappé. » Derrière le témoignage de Noé, un élève de 12 ans passionné de chant et très actif sur TikTok, Facebook ou Snapchat, se dessine le portrait d’un collégien pris pour cible parce qu’il assume sa passion.
Une expédition punitive après les cours
Selon Nice-Matin, une dizaine de jeunes âgés de 11 à 13 ans s’en sont pris au collégien à la sortie de son établissement, alors qu’il rejoignait son domicile, bien que certains ne soient pas scolarisés dans le même collège que lui. CNews précise que ces jeunes l’auraient suivi depuis la sortie des cours jusqu’aux abords de chez lui, avant de l’attendre dans une ruelle pour le frapper.
Noé explique que le groupe l’a pris pour cible après avoir vu ses vidéos et ses directs sur les réseaux sociaux, où il chante sous le contrôle de ses parents. « Ils sont sortis du collège, ils m’ont suivi, aux alentours de mon domicile. Ils m’ont attendu dans une ruelle et m’y ont frappé », raconte-t-il au micro de CNews, en décrivant des coups portés notamment au visage.
Un des jeunes a poussé le collégien dans le dos, l’a fait tomber, puis trois l’ont frappé au visage avant qu’un riverain, alerté par ses cris, ne le mette à l’abri et ne fasse fuir le groupe. Cette violence laisse ce garçon timide, sans antécédents de conflit, et sa famille désemparés face à une agression déclenchée par sa seule passion du chant.
« Si tu chantes encore, on te frappera à chaque fois »
Nice-Matin indique qu’un premier incident survient lors d’un live, quand un garçon inconnu intervient avec un flot d’injures en lui lançant notamment « Arrête les réseaux sociaux », « Arrête de chanter sinon… ». Quelques jours plus tard, l’avertissement se transforme en passage à l’acte, le groupe lançant au collégien : « Arrête de chanter ou on va te frapper ! », avant de mettre cette menace à exécution.
D’après CNews, la mère précise que son fils « chante sur les réseaux sociaux comme TikTok ou Facebook » et que ses agresseurs veulent le faire arrêter, allant jusqu’à lui dire « si tu chantes encore, on te frappera à chaque fois ». L’adolescent affirme pourtant qu’il ne renoncera pas : « Je n’arrêterai pas la musique. On peut me frapper. Je n’arrêterai pas », déclare-t-il avec détermination.
« Maintenant, j’ai peur pour lui quand il va à l’école »
Le père confie vivre « le monde à l’envers », constatant que « ceux qui chantent sont victimes d’actes de violences, tandis que ceux qui sont oisifs et agressent sont tranquilles ». Interrogé par CNews, il ajoute : « Maintenant, j’ai peur pour lui quand il va à l’école et quand il en sort », tout en estimant que le collège assure la sécurité à l’intérieur de l’établissement mais reste impuissant au-delà de ses murs.
La mère, de son côté, dit ne pas cacher son angoisse et réclame que ces violences cessent : « Aujourd’hui je demande justice, qu’on arrête de s’en prendre à lui », insiste-t-elle. Elle explique laisser son enfant au collège « avec une boule au ventre » et souligne que d’autres parents partagent cette peur face à la répétition des incidents .
Une plainte déposée
Après l’agression, la famille a déposé plainte au commissariat central et affirme faire confiance à la justice pour que les auteurs soient sanctionnés. La mère mentionne que l’établissement, informé d’un nouvel épisode de prise à partie à l’intérieur du collège, a indiqué qu’il s’en occuperait le lendemain.
Les parents regrettent cependant que la prise en charge semble se limiter, sur le plan médical, à quelques antalgiques, sans réelle considération pour l’impact psychologique sur leur fils. « Il ne faut pas prendre à la légère ces actes », insiste le père, rappelant que frapper quelqu’un parce qu’il chante, parce qu’il est différent ou « simplement parce qu’on le peut », n’est pas « un jeu » mais bien un délit, comme le souligne Nice-Matin.
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