Entrisme islamiste : l’imam Hassen Chalghoumi presse les autorités d’interdire les Frères musulmans
Il faut interdire les Frères musulmans. L’imam Hassen Chalghoumi porte ce message avec force, alors que des rapports officiels alertent sur l’entrisme islamiste en France. Ces documents décrivent une infiltration organisée dans les institutions, qui menace la cohésion nationale et les valeurs républicaines. L'imam Chalghoumi, président de la Conférence des imams de France, voit dans cette mouvance une idéologie politique radicale qui manipule la démocratie pour l’imposer.

Photo: ALAIN JOCARD/POOL/AFP via Getty Images
Les débats politiques s’intensifient autour de mesures fermes, comme l’interdiction du voile pour les mineures ou du jeûne avant 16 ans. Entre appels à un « réarmement républicain » et réserves sur le risque de stigmatisation, les positions divergent. L’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, défend une action décisive contre les Frères musulmans, qu’il qualifie de secte structurée et dangereuse pour les musulmans eux-mêmes.
Des rapports qui alertent sur la menace
Des enquêtes récentes soulignent la menace de l’islamisme politique, né avec les Frères musulmans en 1928 en Égypte. Un rapport commandé en mai 2024 sur « l’islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans » indique « une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale », voire « de submersion », affirmait Bruno Retailleau, selon l’AFP.
Un groupe de travail des Républicains au Sénat a rendu public, le 24 novembre, un document sur l’islamisme et 17 recommandations pour contrer l’entrisme. Des auditions de six mois révèlent « le double discours systématique, l’entrisme dans les institutions publiques (administration, éducation, sport) et l’instrumentalisation des libertés démocratiques », selon Public Sénat. Les élus proposent d’interdire le voile pour les accompagnatrices scolaires ou les mineures, ainsi que le jeûne pour les moins de 16 ans. Ils visent un « réarmement républicain » pour protéger la société.
Des réactions hostiles à ces propositions
Plusieurs responsables musulmans contestent ces vues. Selon Public Sénat, Bassirou Camara (Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans), Mohamed Ould Kerroubi (Conseil des Institutions musulmanes des Yvelines) et Karim Beneissa (Rassemblement des associations musulmanes du Val-de-Marne) dénoncent « une instrumentalisation politique de leur pratique culturelle ».
Ian Brossat, sénateur communiste, critique le rapport LR. Il le juge « ahurissant » car « tout dans ce rapport est là pour faire des musulmans des boucs émissaires, des ennemis de la cinquième colonne à qui on attribue tous les maux de notre société ».
Une prise de conscience tardive
Auditionné par les sénateurs LR et interrogé sur LCI le 25 novembre, Hassen Chalghoumi regrette un retard dans la prise de conscience. « C’est triste de le dire, normalement ce rapport aurait dû être écrit il y a quinze ans, il y a 20 ans », dit-il. Il estime que l’offensive islamiste dépasse les constats du document.
Pour l’imam, le danger principal vient de l’islam politique des Frères musulmans. Il distingue cela du salafisme, qui impose un mode de vie rigoriste. « Les Frères musulmans ne sont pas une simple lecture religieuse rigoriste, ce sont malheureusement une idéologie politique radicale », explique-t-il. « Ils veulent le pouvoir, ils veulent s’installer, influencer les politiques, la société pour installer une vision de la charia. »
Le voile et le jeûne des mineurs divisent
Les mesures sur les mineurs cristallisent les tensions. Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur, met en garde contre un excès. « On se rapproche pas mal du délit d’opinion, donc il faut qu’on soit extrêmement prudents dans les mesures que l’on va proposer », déclare-t-il sur BFMTV. Il rejette l’interdiction générale du voile pour les mineures dans l’espace public, la qualifiant de « très stigmatisante vis-à-vis de nos compatriotes musulmans qui peuvent se sentir blessés ».
Le ministre cible plutôt « des structures, des individus qui portent un discours d’entrisme islamiste qui vise à terme à faire en sorte que la loi religieuse s’impose aux lois de la République ». Il insiste sur l’action contre ceux qui « disent à ces jeunes filles qu’elles doivent avoir le droit d’aller voilées à l’école et […] que sinon il faut refuser d’aller à l’école ».
Bruno Retailleau durcit le ton sans aller à l’interdiction
Bruno Retailleau décrit un projet clair des Frères musulmans. Selon lui, « l’objectif ultime est de faire basculer toute la société française dans la charia ». En mai, il avait exclu une interdiction, faute de « discours très très lisse » permettant « de constituer des preuves pour une dissolution ». Il préfère frapper sur le terrain, dans « les clubs de sports, les écoles », où « c’est là où on peut taper et c’est ce que l’on fait ».
François-Xavier Bellamy, sur CNews, note les limites actuelles. « Aujourd’hui, on ne pourrait pas refaire la loi sur le voile à l’école », observe-t-il. Le débat sur de nouvelles restrictions persiste.
« Préserver les musulmans contre cette secte »
Hassen Chalghoumi réclame une fermeté absolue. « Il faut classer les Frères musulmans comme une organisation terroriste et il faut aussi l’interdire », affirme-t-il, distinguant l’islamisme de l’islam. L’imam cite notamment les Émirats arabes unis, le Maroc, le Bahreïn, l’Égypte et la Jordanie qui ont interdit les Frères musulmans pour « préserver les musulmans contre cette secte ». Il voit dans cette mesure une libération pour les musulmans. « Toutes ces sectes, toutes leurs branches, vous donnez la force aux musulmans de se libérer. Pourquoi les musulmans de France, ils ont peur ? La peur et la crainte, elle vient de cette minorité. »
L’imam soutient l’interdiction du voile pour les mineures. « Dans toutes les écoles juridiques de l’islam, il n’y a pas une obligation pour les mineures », dit-il. « On ne peut pas obliger un mineur ni de pratiquer n’importe quelle religion. » Il salue les sénateurs pour leur réveil, sans discours victimaire.
Le voile n’est pas une obligation religieuse
L’imam Chalghoumi nuance la question du voile. « Il n’y a pas une obligation religieuse pour le voile », explique-t-il. « Il y a plusieurs avis, il y a des avis qui montrent que le voile n’existe pas dans le Coran. Ce n’est pas une obligation. » Une femme majeure reste libre de choisir, mais pour les mineures, les parents ont un devoir de protection.
Il dénonce l’arme des Frères musulmans. « Les Frères musulmans, c’est le discours victimaire, la victimisation », dit-il. « C’est elle qui est en train de séduire une partie de la jeunesse des quartiers sensibles. » Ils détournent la justice sociale vers une « charia idéale » et la lutte contre « l’oppresseur », comme au Maroc, en Tunisie ou en Égypte.
« Ils peuvent manipuler et utiliser la démocratie pour la détruire »
Pour Hassen Chalghoumi, les Frères musulmans forment un réseau mondial. « Les Frères musulmans, c’est un projet. C’est une organisation internationale », affirme-t-il. « Elle est très structurée » avec « une hiérarchie secrète ». Ils sont patients et stratégiques, avançant masqués pendant des années.
L’imam met en garde contre leur tactique. « Les Frères musulmans sont les plus structurés, le plus aussi politique, patient et aussi stratège », dit-il. « Ils peuvent manipuler et utiliser la démocratie pour la détruire. Et on l’a vu, ils vont prendre des villes en France, si on ne réagit pas, on aura des surprises. »
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