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François Bayrou défend sa politique budgétaire : « la France emprunte sur le dos des plus jeunes, jamais une famille ne ferait ça »

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Photo: THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

François Bayrou cherche à défendre ses choix budgétaires et refuse de dire « au revoir » aux Français malgré la pression croissante de la gauche et du Rassemblement national. À l’approche du vote de confiance du 8 septembre, qui pourrait marquer la fin de son gouvernement, le Premier ministre insiste : « Continuons le combat », a-t-il conclu en béarnais dimanche, lors d’une interview d’une heure et demie retransmise sur les principales chaînes d’information.

Depuis son bureau à Matignon, François Bayrou a martelé que l’enjeu n’est pas son propre avenir, mais celui du pays : « Les jours qui vont venir sont cruciaux. Si vous imaginez que je peux abandonner les combats que je mène depuis des années et que je continuerai à mener après, vous vous trompez. » Il rappelle que le vote de confiance porte sur la question budgétaire et la gestion de la dette, non sur sa seule personne. « Il n’y a aucune politique courageuse possible » sans « l’assentiment minimal des Français et de ceux qui les représentent » sur la dette, déclare-t-il, se félicitant de voir enfin le sujet débattu avec intensité : « Qu’on n’ait jamais parlé de ce sujet comme on en parle depuis huit jours ».

Mise en garde

Le Premier ministre avertit : « Si le gouvernement tombe, ça veut dire qu’on abandonnera la politique pour moi vitale pour le pays » au profit d’une autre politique, qualifiée de « plus laxiste », « plus à la dérive ». Tandis qu’il recevra dès lundi les chefs de partis intéressés, Bayrou se dit prêt à négocier « s’ils le veulent » sur certaines mesures contestées de son plan d’économies, notamment la suppression de deux jours fériés. « Je pense que ça pourrait être un (jour) sans difficulté si on veut discuter », glisse-t-il.

Face aux propositions du Parti socialiste, qui suggèrent un effort budgétaire moitié moindre en 2026 grâce à une hausse des recettes et une taxation accrue des hauts patrimoines, François Bayrou est catégorique : « Les propositions du PS, ça veut dire qu’on ne fait rien » pour réduire la dette.

Olivier Faure, premier secrétaire du PS. (NICOLAS GUYONNET/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

Il met en garde sur les conséquences pour les jeunes générations : « On emprunte sur le dos des plus jeunes, jamais une famille ne ferait ça », tout en rappelant qu’il n’a « jamais dit qu’il fallait cibler les boomers ». Selon lui, la génération du baby-boom devrait justement contribuer à réduire la dette au bénéfice des plus jeunes, qu’il dit percevoir comme « sacrifiée » et « sans destin ».

Des appels à un compromis
Plusieurs membres du gouvernement ont exprimé leur inquiétude. L’ancien Premier ministre Manuel Valls s’interroge : « Voulons-nous d’un suicide collectif, pas pour le gouvernement, mais pour le pays ? », invitant à « trouver la voie du dialogue et du compromis ». Gérald Darmanin appelle à la responsabilité des partis de gouvernement, tandis que Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, rappelle : « La France a besoin d’un budget dans les temps », face à une situation financière « pas critique, mais tout de même préoccupante ».

L’annonce du vote de confiance a surpris certains, nombreux étant ceux à soupçonner que Bayrou cherche à anticiper une probable censure parlementaire à l’automne. « Le 8 septembre il devra partir. (…) Le seul mot que j’attends de lui maintenant, c’est de dire au revoir », a lancé Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Bayrou lui rétorque : « Olivier Faure qu’est-ce qu’il veut ? il veut être à Matignon », affirmant que son entretien n’est « sûrement pas un au revoir ».

Un échange « pathétique et crépusculaire »

En cas de renversement, le maire de Pau, âgé de 74 ans, entend rester actif : « Quand vous êtes renversé (…) commence le militantisme, commence la bagarre (…) commence la rencontre avec les Français », n’écartant pas une nouvelle candidature à la présidentielle.

L’interview de M. Bayrou a reçu peu de réactions immédiates dans la sphère politique. Le président de la commission des Finances, Éric Coquerel (LFI), estime que « la tournée d’adieu de François Bayrou s’éternise et devient pire à chacune de ses représentations ». Olivier Faure y voit un échange « pathétique et crépusculaire », tandis que Sébastien Chenu (RN) décrit un « Premier ministre naufragé, au bout du rouleau ».

La chute probable du Premier ministre ouvrirait une nouvelle période d’incertitude, mettant Emmanuel Macron en première ligne dans un contexte social tendu. Plusieurs personnalités circulent déjà pour lui succéder, parmi lesquelles Catherine Vautrin, Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin ou Xavier Bertrand.

Avec AFP