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Cannabis à forte teneur en THC : un risque immédiat de psychose et d’addiction

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Photo: Dmytro Tychtchenko/Shutterstock

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Durée de lecture: 4 Min.

Aux États-Unis, la légalisation du cannabis s’étend et de plus en plus de jeunes Américains le considèrent comme inoffensif. Cependant, de nouvelles recherches révèlent un paradoxe inquiétant : les produits modernes — vapes, dabs ou concentrés — contenant des niveaux élevés de tétrahydrocannabinol (THC), principal ingrédient psychoactif du cannabis, déclenchent des troubles psychiatriques graves à des taux bien supérieurs par rapport à la marijuana consommée par les générations précédentes.

Une vaste revue de 99 études vient de montrer que l’usage de cannabis très riche en THC augmente nettement le risque de psychose ou de schizophrénie, en particulier dans les 12 heures suivant la consommation.

Des produits beaucoup plus puissants qu’avant

Publiée dans Annals of Internal Medicine, l’analyse a regroupé plus de 221.000 participants issus de 15 pays, sur une période allant de 1977 à 2023. Résultat : les produits à forte concentration de THC sont systématiquement associés à des risques accrus de psychose, de schizophrénie et d’addiction.

Dans les années 1960 à 1980, les taux de THC dans la fleur de cannabis étaient de 2 à 4 % ; ils atteignent aujourd’hui en moyenne 20 %. Quant aux dispositifs modernes de vapotage, ils peuvent délivrer des concentrations allant de 70 à 90 %, des niveaux encore jamais atteints, ce qui alarme la communauté scientifique.

Bénéfices thérapeutiques limités

Certains travaux ont relevé que le THC pouvait aider à soulager l’anxiété ou la dépression chez les patients atteints de cancer ou de troubles neurologiques. Mais en usage récréatif, l’effet inverse est souvent observé.

• 53 % des études ont montré un lien entre cannabis riche en THC et augmentation de l’anxiété.

• 41 % l’ont associé à un risque accru de dépression.

La consommation fréquente de ces produits accroît également la probabilité de développer un trouble de l’usage du cannabis, un diagnostic associé à une baisse de la motivation, de l’humeur et du fonctionnement quotidien.

« La tolérance et les symptômes de sevrage sont plus marqués avec les concentrés, ce qui entretient le cycle de dépendance », explique la psychiatre américaine Nona Kocher, interrogée par Epoch Times.

Pourquoi le THC agit sur le cerveau

Le THC agit sur les récepteurs endocannabinoïdes du système nerveux, perturbant la transmission des neurotransmetteurs essentiels à l’humeur, à la cognition et à la perception. Ces déséquilibres peuvent favoriser l’apparition de symptômes psychotiques.

Un excès de dopamine, neurotransmetteur clé dans la régulation des émotions et de la perception, peut par exemple déclencher des hallucinations. Des doses aiguës et élevées de THC peuvent aussi provoquer paranoïa, hallucinations et symptômes proches de la schizophrénie.

Des preuves fragiles pour la santé mentale

Le professeur Jonathan M. Samet, épidémiologiste et auteur principal de la revue, insiste : aucun essai clinique n’a montré que le THC pouvait améliorer l’état des personnes souffrant de psychose ou de schizophrénie. Les données sur ses bénéfices pour l’anxiété et la dépression sont jugées faibles et incohérentes.

Ainsi, moins de la moitié des études suggèrent une réduction de l’anxiété, tandis que 24 % constatent une aggravation et 30 % une augmentation de la dépression.

Des zones d’ombre dans la recherche

Les auteurs soulignent néanmoins plusieurs limites :

• les modes de consommation (fumer, vapoter, ingérer) n’étaient pas toujours précisés.

• les outils de mesure variaient d’une étude à l’autre.

• les femmes enceintes et les adolescents étaient peu représentés.

« Avec la légalisation croissante du cannabis récréatif et l’augmentation constante des concentrations de THC, nous avons besoin de données plus solides pour répondre clairement aux questions légitimes sur les risques », conclut le Pr Samet.