Vladimir Poutine affirme que la Russie développe très activement de nouvelles armes nucléaires

Le président russe Vladimir Poutine rencontre les membres des médias russes à l’issue d’une réunion du Conseil des chefs d’État de la Communauté des États indépendants (CEI) à Douchanbé, le 10 octobre 2025.
Photo: VLADIMIR SMIRNOV/POOL/AFP via Getty Images
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré le 10 octobre que la Russie « développe et teste très activement » de nouvelles armes nucléaires et que Moscou pourrait bientôt faire une annonce officielle concernant l’avancée de ses derniers systèmes stratégiques.
S’adressant à la presse à l’issue d’un sommet au Tadjikistan, Poutine a indiqué que le développement des nouveaux armements progressait avec succès et que la capacité de dissuasion nucléaire de la Russie est aujourd’hui supérieure à celle de toute autre puissance nucléaire.
« Je pense que nous aurons prochainement l’occasion de rendre compte des nouvelles armes que nous avions annoncées il y a quelque temps », a-t-il déclaré, cité par l’agence Tass. « Ces armes sont en cours de développement et subissent actuellement des tests. Les essais se déroulent avec succès. »
La nouveauté de nos capacités de dissuasion nucléaire dépasse celle de tout autre État doté de l’arme nucléaire — et nous développons tout cela très activement. Nous finalisons ce dont j’ai déjà parlé ces dernières années — nous avançons pour y parvenir. »
Ces déclarations font suite à l’offre récente de Moscou de maintenir volontairement les plafonds de têtes nucléaires fixés par le traité New START si les États-Unis acceptaient de faire de même. Ce traité, signé en 2010 et prolongé de cinq ans en 2021, est le dernier grand accord de contrôle des armements entre Washington et Moscou. Il limite chaque camp à 1550 têtes nucléaires stratégiques déployées et 700 missiles à longue portée ou bombardiers déployés.
Ce pacte nucléaire arrive à expiration en février 2026. Lors du sommet au Tadjikistan, Poutine a souligné que les derniers mois suffiraient pour envisager une prolongation si Washington faisait preuve de « bonne volonté », tout en assurant que la sécurité de la Russie ne serait pas menacée en cas de non-renouvellement.
« Ces quelques mois suffiraient-ils pour décider d’une extension ? Je pense que oui, à condition qu’il y ait la volonté de prolonger ces accords », a affirmé Poutine. « Et si les Américains décident qu’ils n’en ont pas besoin, ce n’est pas grave pour nous. »
Il a toutefois jugé « regrettable » que les deux plus grandes puissances nucléaires du monde laissent disparaître le dernier vestige de l’architecture du contrôle des armements.
« Nous sommes prêts à négocier si cela convient et s’avère utile pour les Américains », a-t-il déclaré. « Sinon, tant pis — mais ce serait dommage, car il ne resterait alors plus rien dans le domaine de la dissuasion des armes offensives stratégiques. »
Des experts en sécurité soulignent que la disparition du New START pourrait augmenter le risque d’erreurs de calcul et accélérer la course aux armements d’autres puissances, comme la Chine. Daryl G. Kimball, directeur exécutif de la Arms Control Association, a déclaré lors d’un forum onusien sur le désarmement le 9 octobre (voir la déclaration ici) qu’un abandon du traité pourrait entraîner une augmentation rapide des arsenaux nucléaires déployés pour la première fois en plus de 35 ans et « déstabiliser davantage l’équilibre de la terreur nucléaire, peser sur le coûteux et en retard programme de modernisation nucléaire des États-Unis, et dissuader la Chine de freiner ou d’inverser le développement de son arsenal ».
« Plus d’armes nucléaires ne rendront personne plus en sécurité et croire au contrôle des dégâts d’une guerre nucléaire est une illusion », ajoute M. Kimball. « Rester sous les plafonds du New START… durant au moins un an après son expiration aidera à réduire les tensions, à prévenir une course aux armements coûteuse que personne ne saurait gagner, à créer un levier diplomatique face à la montée en puissance chinoise, et à gagner du temps pour négocier un traité plus large et durable. »
Les déclarations de Poutine interviennent alors que certains pays préparent, selon lui, la reprise des essais nucléaires. Le dirigeant russe suggère que si d’autres effectuent des tests, Moscou ferait de même.
« Certains pays y pensent ; à ma connaissance, ils se préparent même. Voilà pourquoi j’ai dit que si eux le font, nous ferons de même », a-t-il expliqué, ajoutant que des essais nucléaires pourraient être positifs en termes de sécurité, mais négatifs pour la limitation de la course aux armements.
Le président Donald Trump, de son côté, a salué la proposition de Moscou de maintenir volontairement les limites prévues par New START, la qualifiant de « bonne idée ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé que ces propos ouvraient des « motifs d’optimisme » concernant une prolongation américaine de l’accord.

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