« Un cortège de revenants » : la composition du gouvernement Lecornu très critiquée

Le Premier ministre Sébastien Lecornu s’exprime à l’Hôtel Matignon, le 3 octobre 2025.
Photo: ALAIN JOCARD/POOL/AFP via Getty Images
Le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu, dévoilé dimanche depuis l’Élysée par le secrétaire général de la présidence Emmanuel Moulin, compte 18 ministres, dont 12 déjà présents dans l’équipe de François Bayrou, renversée moins d’un mois plus tôt par l’Assemblée nationale.
On retrouve notamment Bruno Retailleau à l’Intérieur, Gérald Darmanin à la Justice, Élisabeth Borne à l’Éducation nationale, Manuel Valls aux Outre-mer, Catherine Vautrin au Travail et à la Santé, Annie Genevard à l’Agriculture, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Rachida Dati à la Culture et Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique.
Un premier Conseil des ministres est prévu lundi à 16h00, autour du président Emmanuel Macron. La liste sera complétée après les déclarations de politique générale du Premier ministre, mardi à l’Assemblée nationale et mercredi au Sénat. L’entourage de Sébastien Lecornu précise que l’équipe devrait rester « resserrée », autour de 25 membres.
Deux nouveautés marquantes
La principale surprise concerne le retour de Bruno Le Maire, nommé ministre des Armées après sept ans passés à Bercy. Mentor politique de Sébastien Lecornu, il est régulièrement visé par les oppositions qui lui reprochent une part du dérapage budgétaire.
Autre changement : Roland Lescure, député Renaissance, prend la tête de l’Économie, succédant à Éric Lombard. Considéré comme proche de l’aile gauche de la majorité, il partagera Bercy avec Amélie de Montchalin, promue ministre de plein exercice aux Comptes publics.
Des oppositions unanimes contre la composition
À peine annoncé, le gouvernement fait face à des critiques virulentes. Le Premier ministre a demandé à ses ministres de « trouver des compromis avec nos oppositions », mais la gauche comme l’extrême droite ont immédiatement rejeté la nouvelle équipe.
« Ils se font renverser mais restent en poste », a fustigé Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée, accusant les macronistes d’« obstination » et d’entraîner « chaque jour un peu plus le pays dans le chaos ».
Jean-Luc Mélenchon (LFI) a dénoncé « un cortège de revenants à 80 % de LR et anciens LR embauchés pour continuer une politique qui a provoqué tant de souffrance populaire ».
Du côté du Rassemblement national, Jordan Bardella a confirmé la menace de censure, tandis que Marine Le Pen a raillé le retour « pathétique » de Bruno Le Maire, qualifié d’« homme qui a mis la France en faillite ».
Des tensions jusque dans la majorité
Même chez les alliés du gouvernement, la composition a suscité des crispations. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et chef des Républicains, a estimé que l’équipe « ne reflète pas la rupture promise » et a convoqué le comité stratégique de son parti pour lundi matin.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Sébastien Lecornu avait tenté de rassurer ses soutiens potentiels (Renaissance, MoDem, Horizons, LR, UDI) en leur adressant une « feuille de route gouvernementale ». Il y appelait son socle à « s’unir » malgré ses « différences », tout en fixant des priorités générales sans calendrier précis.
Après des critiques, le MoDem semble avoir rejoint le rang, avec deux ministres dans la nouvelle équipe : Jean-Noël Barrot au Quai d’Orsay et Marina Ferrari aux Sports. Horizons, le parti d’Édouard Philippe, obtient l’entrée de Naïma Moutchou à la Fonction publique. En revanche, l’UDI, qui avait exprimé ses inquiétudes, n’a pour l’instant aucun représentant au gouvernement.
Avec AFP
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