Sécurisation du Louvre : Rachida Dati pointe une « sous-estimation » des risques et annonce des « mesures d’urgence »
Des protocoles « obsolètes » et une « sous-estimation chronique » des risques : Rachida Dati a présenté vendredi les premières conclusions de l’enquête administrative ouverte après le casse du Louvre, promettant des « mesures d’urgence » pour sécuriser les abords du musée avant la fin de l’année.

Photo: AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images
« Cela fait plus de vingt ans que les risques d’intrusion et de vol ont été structurellement sous-estimés » au Louvre, a estimé la ministre de la Culture sur TF1, près de deux semaines après le spectaculaire cambriolage du musée le plus visité au monde. « On ne peut pas continuer comme ça », a-t-elle martelé.
Fondant ses propos sur les premières conclusions de l’enquête administrative, déclenchée au lendemain du vol – lors duquel huit joyaux de la Couronne, d’une valeur estimée à 88 millions d’euros, ont été dérobés en plein jour par un commando –, la ministre s’est montrée ferme. Le rapport provisoire de l’Inspection générale des affaires culturelles (Igac) met en lumière une « sous-estimation chronique, structurelle, du risque d’intrusion et de vol » au musée, un « sous-équipement des dispositifs de sécurité », une gouvernance « inadaptée » et des protocoles « totalement obsolètes ».
Tout en soulignant le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité à l’intérieur du Louvre, Rachida Dati a annoncé l’instauration prochaine de mesures spécifiques pour répondre à une « faille sécuritaire majeure » localisée à l’extérieur même du musée.
Des mesures d’urgence et une gouvernance repensée
À court terme, des dispositifs anti-voiture-bélier et anti-intrusion viendront protéger le bâtiment, ainsi que des caméras périmétriques, dont le ministère de la Culture a précisé l’installation d’ici la fin de l’année. Ce même pré-rapport évoque « un certain nombre de failles sécuritaires » ayant permis, le jour du casse, à quatre malfaiteurs de garer un camion-élévateur au plus près de l’édifice, permettant l’accès à la galerie d’Apollon qui abritait les joyaux.
Sous le feu des critiques, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, a rappelé que le renforcement de la sécurité extérieure figurait déjà parmi les recommandations formulées par la préfecture de police fin 2023. À la demande de la ministre, Mme des Cars devra convoquer d’urgence un conseil d’administration pour « revoir la gouvernance » et créer une « nouvelle direction de la sûreté et de la sécurité » rattachée à la présidence du musée.
Une mobilisation syndicale et des procédures à moderniser
Dans un communiqué, le ministère précise que l’actualisation des protocoles devra être achevée avant la fin de l’année, ces mesures ambitionnant de constituer une « première étape » avant la remise du rapport définitif à Mme Dati « dans les prochains jours ».
La CFDT-Culture a salué cette volonté d’agir rapidement tout en soulignant que « ces dysfonctionnements avaient été dénoncés depuis plusieurs années par les organisations syndicales du musée ». Pour le syndicat, le sous-effectif chronique fragilise durablement la sûreté des collections autant que la sécurité des visiteurs : « Les personnels n’ont cessé d’alerter sur ces conséquences, avec parfois seulement un agent d’accueil et de surveillance pour un millier de visiteurs ».
Enfin, les conclusions provisoires de l’enquête administrative font écho à divers diagnostics alarmants rendus récemment sur la sécurité du musée, qui accueille près de neuf millions de visiteurs par an. Sur le plan judiciaire, sept personnes ont été interpellées à ce jour. Deux d’entre elles ont été écrouées, soupçonnées d’avoir pris part au commando.

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