Sébastien Lecornu a présenté sa démission à Emmanuel Macron qui l’a acceptée

Le Premier ministre Sébastien Lecornu s’exprime à l’Hôtel Matignon, le 3 octobre 2025.
Photo: ALAIN JOCARD/POOL/AFP via Getty Images
Moins de 24 heures après l’annonce de la composition de son gouvernement, critiqué et menacé d’implosion dès sa naissance, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté lundi matin sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée.
La France, en proie à l’instabilité politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le chef de l’État en juin 2024, replonge ainsi dans une nouvelle crise institutionnelle.
Une coalition éphémère
Le troisième gouvernement nommé en un an aura été le plus bref. À peine plus d’une heure après sa présentation dimanche soir, la fragile coalition baptisée « socle commun » a commencé à se fissurer. Déjà menacé d’une motion de censure dans les jours suivants, Sébastien Lecornu a vu sa majorité se désagréger sous la pression des mécontentements internes.
Le président des Républicains, Bruno Retailleau, reconduit au ministère de l’Intérieur, a dénoncé sur le réseau X une composition qui « ne reflète pas la rupture promise » et a convoqué d’urgence les instances dirigeantes de son parti. La part importante réservée au parti présidentiel Renaissance, avec dix ministres contre quatre pour Les Républicains, a attisé la colère de la droite.
Les causes de la fracture
Parmi les sujets de discorde, le retour surprise de Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie (2017-2024) et transfuge de LR, au ministère des Armées, a cristallisé les critiques. Pour la droite, il incarne les dérives budgétaires des dernières années du macronisme. Selon plusieurs sources, ce choix aurait précipité la remise en question de la participation de LR au gouvernement, dès dimanche soir.
Les oppositions vent debout
Les formations d’extrême droite et de gauche ont unanimement fustigé un exécutif présenté comme une continuité de l’équipe précédente, renversée début septembre. Le Rassemblement national et La France insoumise ont dénoncé un gouvernement composé, pour douze de ses dix-huit membres, d’anciens ministres. Les réactions se sont multipliées dimanche : « recyclage », « provocation », « insultant », « déni de démocratie »…
Lundi, après la démission de M. Lecornu, le président du RN Jordan Bardella a appelé Emmanuel Macron à dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale, estimant qu’« il ne peut y avoir de stabilité retrouvée sans un retour aux urnes ».
Un pouvoir fragilisé
La démission du Premier ministre intervient alors qu’Emmanuel Macron, très actif sur la scène internationale, fait face à un effondrement de sa ligne politique à l’intérieur du pays. Pour beaucoup, il est tenu pour responsable de l’instabilité chronique qui secoue la France depuis la dissolution de juin 2024.
Depuis cette décision, l’Assemblée nationale est fracturée en trois blocs – alliance de gauche, macronistes et centristes, droite nationaliste –, sans aucune majorité absolue. Trois Premiers ministres, Michel Barnier (septembre-décembre 2024), François Bayrou (décembre 2024-septembre 2025) et Sébastien Lecornu (nommé le 9 septembre), se sont heurtés à cette impasse politique.
Une équation insoluble
À la difficulté parlementaire s’ajoute une situation financière critique : une dette de 3300 milliards d’euros, soit 115% du PIB. Pour tenter d’éviter le sort de son prédécesseur, renversé après avoir proposé un effort budgétaire de 44 milliards d’euros, Sébastien Lecornu avait multiplié les consultations au cours des trois dernières semaines. Cet homme de confiance d’Emmanuel Macron, issu de la droite et réputé pour ses talents de négociateur, avait enjoint ses ministres de « trouver des compromis » avec les oppositions.
Ces efforts n’auront pas suffi : le gouvernement Lecornu est tombé avant même d’avoir pu gouverner.
Articles actuels de l’auteur









