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Santé mentale : un jeune Français sur quatre serait en dépression, selon un sondage

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Des mères d'enfants qui se sont suicidés s'étreignent lors d'une réunion du Point Rose, une association d'aide aux parents d'enfants décédés qui organise des « journées des familles », à Cabries, dans le sud de la France, le 2 juin 2024.

Photo: NICOLAS TUCAT/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Une nouvelle étude dévoile l’ampleur préoccupante des troubles de santé mentale chez les jeunes Français. Selon un sondage publié mardi par la Mutualité Française, l’Institut Montaigne et l’Institut Terram, un jeune de 15 à 29 ans sur quatre présenterait des symptômes dépressifs, révélant une crise sanitaire majeure dans cette tranche d’âge.
Une méthodologie rigoureuse pour des résultats alarmants
L’enquête, menée au printemps 2025, s’appuie sur un échantillon représentatif de 5 633 jeunes français, territoires d’outre-mer inclus. Les participants ont répondu à un questionnaire en ligne comportant 23 questions ainsi qu’au test PHQ-9, un outil d’évaluation standardisé utilisé par les professionnels de santé pour diagnostiquer les épisodes dépressifs.
Les résultats confirment une tendance déjà documentée mais s’avèrent particulièrement préoccupants. Si 64% des jeunes déclarent aller bien et seulement 14% reconnaissent être en mauvaise santé mentale, l’autoévaluation révèle une réalité bien plus sombre : 25% des répondants présentent des signes de dépression selon le questionnaire PHQ-9.
Des symptômes révélateurs d’une souffrance généralisée
Au-delà des chiffres globaux, l’étude détaille des symptômes inquiétants. Plus de huit jeunes sur dix rapportent s’être sentis fatigués ou avoir manqué d’énergie récemment. Cette fatigue chronique, souvent négligée, constitue pourtant un indicateur majeur de détresse psychologique.
Plus alarmant encore, plus de six jeunes sur dix avouent s’être sentis tristes, déprimés ou désespérés. Le sondage révèle également qu’un jeune sur trois a déjà eu des pensées suicidaires ou envisagé de se faire du mal, soulignant l’urgence d’une prise en charge adaptée.
Des inégalités marquées selon le genre et le territoire
L’analyse dévoile des disparités significatives. Les jeunes femmes apparaissent plus vulnérables, avec 27% touchées par la dépression contre 22% des hommes, confirmant les observations d’autres études épidémiologiques.
Les inégalités territoriales sont particulièrement frappantes. Si la moyenne nationale s’établit à 25%, les territoires ultramarins enregistrent des taux dramatiques : 39% des jeunes seraient concernés par la dépression, avec des pics à 52% en Guyane et 44% en Martinique. À l’inverse, certaines régions métropolitaines affichent des taux moindres, comme la Bourgogne Franche-Comté (19%) ou Provence-Alpes-Côte d’Azur (28%).
Un système de soins défaillant
Dans une année décrétée « grande cause nationale » pour la santé mentale, l’enquête pointe les insuffisances criantes du système de prise en charge. Les dispositifs publics sont jugés « fragmentés », « peu lisibles » et « difficilement accessibles ».
Les chiffres illustrent cette défaillance : seuls 38% des jeunes ont déjà consulté un professionnel pour leur santé mentale. Plus préoccupant, 19% de ceux ressentant le besoin de consulter n’ont pas franchi le pas, évoquant la peur du jugement (24%), les contraintes financières (17%) ou le scepticisme quant à l’efficacité des soins (18%).
Dans les territoires ultramarins, où les indicateurs sont pourtant les plus alarmants, seulement 30% des jeunes ont consulté un professionnel, révélant une inadéquation criante entre les besoins et l’offre de soins.
Des réponses politiques jugées insuffisantes
Face à ce constat, le gouvernement a présenté en juin un plan visant à améliorer le repérage et le traitement des troubles psychiques, tout en rendant plus attractive la psychiatrie publique. Cependant, cette initiative n’a pas convaincu les professionnels de santé, qui dénoncent des mesures insuffisantes et un manque de clarté sur les moyens financiers alloués.
Cette enquête révèle l’ampleur d’une crise de santé mentale chez les jeunes Français, exacerbée depuis la pandémie de Covid-19. Elle appelle à une mobilisation urgente et à des réformes structurelles pour adapter l’offre de soins aux besoins réels de cette population particulièrement vulnérable.
Avec AFP