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Pourquoi vos cheveux grisonnent : le surprenant mécanisme de défense de votre corps contre le cancer

Des chercheurs japonais découvrent que grisonner pourrait aider l’organisme à se protéger du mélanome. Devenir grisonnant ne serait pas seulement un signe de l’âge : cela pourrait aussi révéler que le corps a éliminé des cellules potentiellement cancéreuses, selon une récente étude.

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Photo: Tetiana Yablokova/Shutterstock

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Durée de lecture: 4 Min.

Une recherche menée sur des souris par l’université de Tokyo a permis de comprendre comment les cellules souches des follicules pileux réagissent face à des lésions de l’ADN. Les résultats suggèrent que le fait de grisonner et le développement d’un mélanome pourraient être deux issues différentes d’un même stress cellulaire.

Deux voies possibles

Les chercheurs se sont concentrés sur les cellules souches productrices de pigment, appelées cellules souches mélanocytaires, responsables de la couleur des cheveux. Publiée récemment dans la revue Nature Cell Biology, l’étude a suivi la réaction de ces cellules souches face à des dommages de l’ADN.

Présentes dans le follicule pileux, elles peuvent se différencier en cellules matures productrices de mélanine, le pigment qui colore les cheveux. Lorsque leur ADN est endommagé par les rayons X ou certains médicaments de chimiothérapie, ces cellules cessent de se diviser pour éviter la formation de cancers — un processus qui conduit à la dépigmentation des cheveux.

En revanche, lorsque les lésions de l’ADN sont causées par les rayons ultraviolets ou par des agents cancérigènes présents dans la fumée de tabac et les gaz d’échappement, ces cellules continuent de se diviser et de se multiplier. Dans ces cas, les cheveux conservent leur couleur, mais le risque de mélanome augmente.

Autrement dit, lorsque les cheveux deviennent gris, cela pourrait indiquer que l’organisme a évité un mélanome. Ces cellules souches productrices de pigment peuvent soit s’épuiser — entraînant la décoloration des cheveux — soit se multiplier, selon le type de stress et les signaux présents dans leur environnement, a expliqué dans un communiqué la professeure Emi Nishimura, auteure principale de l’étude à l’université de Tokyo.

Quand la protection échoue

Lorsqu’elles sont exposées à certains agents cancérigènes, tels que les rayons ultraviolets B ou des substances chimiques comme le 7,12-diméthylbenz(a)anthracène — que l’on retrouve dans la fumée de tabac et les gaz d’échappement —, les cellules souches mélanocytaires peuvent contourner leur processus protecteur. Elles continuent alors de se renouveler et même de se multiplier.

Cependant, avoir des cheveux gris ne signifie pas nécessairement que le corps a secrètement combattu un mélanome. D’autres mécanismes peuvent également provoquer le blanchissement des cheveux, notamment une carence en vitamine B12, des troubles de la thyroïde ou un stress émotionnel important.

Cette découverte contribue à expliquer pourquoi prévenir ou inverser le grisonnement pourrait, en théorie, accroître le risque de mélanome, en interférant avec le mécanisme naturel de l’organisme visant à éliminer les cellules endommagées.

« Cela redéfinit le grisonnement et le mélanome, non pas comme des phénomènes indépendants, mais comme deux issues distinctes à un même stress cellulaire », a déclaré Emi Nishimura.

Un nouveau regard sur le vieillissement et la santé

Le Dr Hannah Kopelman, dermatologue qui n’a pas participé à l’étude, a qualifié cette recherche de « vraiment intéressante ». Selon elle, lorsque les cellules souches pigmentaires sont endommagées, elles peuvent cesser de produire de la couleur comme un mécanisme d’autoprotection, ce qui pourrait réduire le risque de transformation cancéreuse.

« C’est un concept fascinant », a ajouté le Dr Kopelman. « Mais je resterais prudente avant de l’appliquer directement à l’être humain. »

Elle a précisé que si les cheveux gris ne signifient pas forcément une diminution du risque de cancer de la peau, ces résultats apportent un nouvel éclairage sur les liens possibles entre vieillissement, pigmentation et biologie du cancer, qui pourraient être plus étroits qu’on ne le pensait jusqu’ici.