Service militaire
« Notre liberté n’a jamais été aussi menacée » : Emmanuel Macron prépare un service militaire volontaire
Le président de la République envisage la création d'un service militaire basé sur le volontariat, qui pourrait recruter 10.000 jeunes dès 2030. Cette initiative s'inscrit dans un contexte géopolitique tendu, marqué par les déclarations alarmantes du chef d'état-major des armées sur la nécessité de préparer les populations à un possible conflit.

Des soldats français participent à des exercices de combat urbain, le 22 avril 2025.
Photo: SAMEER AL-DOUMY/AFP via Getty Images
Le ton est donné. Trente ans après la suspension de la conscription par Jacques Chirac en 1996, la France se prépare à renouer avec une forme de mobilisation militaire. Le projet d’un service militaire volontaire structuré figure désormais sur le bureau d’Emmanuel Macron, qui avait déclaré la veille du 14 juillet dernier vouloir « donner à la jeunesse un cadre pour servir » dans un « moment de bascule » où « notre liberté n’a jamais été aussi menacée », d’après Public Sénat. Cette annonce intervient après les propos controversés du général Fabien Mandon, qui a estimé devant le congrès des maires qu’il fallait être prêt à « accepter de perdre ses enfants » face à la menace russe.
Un dispositif progressif pour renforcer les réserves
Les contours du futur service militaire volontaire se précisent progressivement. Selon les informations disponibles, le dispositif prendrait la forme d’une formation de dix mois destinée à accueillir 10.000 jeunes volontaires, hommes ou femmes, à partir de 2030, selon La Dépêche. L’ambition serait d’atteindre 50.000 participants d’ici 2035.
« On a besoin de troupes, on a besoin d’une armée. Il faut augmenter le volume des forces armées », a affirmé le chef d’état-major des armées au micro de BFMTV. « Il faudra faire appel à des volontaires qui feront le choix intelligent de servir la France pendant quelques mois, quelques années, contre un certain nombre d’avantages qui leur seront offerts ».
Le projet pourrait débuter avec 10.000 jeunes la première année, avec des incitations renforcées. Une rémunération est également à l’étude. L’objectif principal consiste à constituer une armée de réservistes venant renforcer les militaires professionnels, le vivier actuel comptant environ 50.000 personnes. Le nombre de réservistes devrait être multiplié par deux d’ici 2035, précise Europe 1.
Une journée défense citoyenne repensée
La journée défense et citoyenneté devrait également évoluer pour devenir un moment davantage orienté vers l’univers militaire.
Des cérémonies comme le lever de drapeau, des activités de tir laser ou des jeux stratégiques pourraient être intégrés afin de sensibiliser les jeunes aux métiers de la défense. Cette journée servirait ainsi à « susciter des vocations » et à repérer les volontaires susceptibles de s’engager plus avant dans le dispositif.
Des réactions politiques contrastées
Si les déclarations du général Mandon ont suscité des réactions vives, les sénateurs de la commission des Affaires étrangères s’accordent sur la nécessité de prendre conscience des risques. « C’est important que tout le monde se sente concerné par une menace extérieure. On est face à des gens qui sont déterminés, il ne faut donc pas paraître faibles », insiste le sénateur centriste Olivier Cadic, selon Public Sénat. Le socialiste Rachid Temal résume l’enjeu : « gagner la guerre, avant la guerre. »
Toutefois, la sénatrice Hélène Conway-Mouret souligne la nécessité de maintenir un équilibre : « Aujourd’hui, il y a cette ligne de crête qu’il faut absolument tenir entre faire prendre conscience à la population qu’il y a des sacrifices à faire car la situation est préoccupante, et ne pas tomber dans l’émotionnel où on crée une psychose au niveau national ». Elle précise également que si le chef d’état-major des Armées peut partager ses préoccupations, « le discours politique ne relève pas de ses fonctions ».
La ministre des Armées Catherine Vautrin a quant à elle affirmé « qu’il n’y a pas de place pour la polémique, surtout quand elle n’a qu’une finalité : nuire aux intérêts de notre pays », rapporte BFMTV.
Un mouvement européen de remilitarisation
La France s’inscrit dans une dynamique européenne plus large. L’Allemagne envisage elle aussi de restaurer un service militaire volontaire, avec un questionnaire obligatoire pour les jeunes hommes de 18 ans dès 2026. Le ministre de la Défense allemand Boris Pistorius prépare un projet présenté comme « le moyen le plus efficace pour éviter les guerres ».
D’autres pays européens maintiennent ou réintroduisent la conscription : la Croatie a récemment rétabli le service militaire obligatoire, rejoignant ainsi la Finlande, la Suède, le Danemark, les pays baltes, l’Autriche, la Grèce et Chypre. Cette vague de remilitarisation témoigne des inquiétudes croissantes face aux tensions géopolitiques.
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