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Conflit avec la Russie

« Prêt à perdre ses enfants » : le chef d’état-major des Armées provoque la controverse

Le général Fabien Mandon, chef d'état-major des Armées françaises, a exhorté les élus à se préparer à un possible conflit avec la Russie mardi lors du Congrès des maires de France, estimant qu'il fallait être prêt à faire des sacrifices. Des propos qui font polémique dans la classe politique.

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Le chef d'état-major des armées, Fabien Mandon, assiste à une cérémonie à l'Arc de Triomphe à Paris, le 11 novembre 2025, dans le cadre des commémorations marquant le 107e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918.

Photo: BENOIT TESSIER/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Il faut être « prêt à perdre ses enfants. » Cette formule choc, prononcée par le général Fabien Mandon devant les maires de France, a déclenché une tempête politique. Le chef d’état-major des Armées a multiplié cette semaine les interventions pour alerter sur un conflit potentiel avec la Russie dans un horizon de trois à quatre ans.

Un appel aux sacrifices devant les élus locaux

Mardi, au Congrès des maires de France organisé à Paris, le général Fabien Mandon a lancé un avertissement solennel sur la nécessité de préparer le pays à d’éventuels sacrifices. Selon ses mots, « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement (…), si on n’est pas prêt à ça, alors on est à risque ». Le militaire a insisté sur la dimension tant économique qu’humaine de cette préparation.
Le chef d’état-major a également affirmé que la France disposait de tous les moyens nécessaires – « tout le savoir, toute la force économique, démographique pour dissuader le régime de Moscou d’essayer de tenter sa chance plus loin ». Toutefois, il a identifié une lacune cruciale : « Ce qu’il nous manque, c’est la force d’âme, pour accepter de nous faire mal, pour protéger ce que l’on est. »
Le général Mandon a directement sollicité l’engagement des maires dans cette démarche préparatoire, déclarant : « On est dans le moment où il faut en parler, il faut en parler dans vos communes. »

Un calendrier de préparation de trois à quatre ans

Le lendemain, mercredi, devant les députés de la commission de la Défense, le général a précisé son analyse stratégique. Il a indiqué que l’armée française devait être « prête à un choc dans trois, quatre ans » face à une Russie « qui peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent ». Cette préparation vise à justifier « l’effort de réarmement » entrepris par le pays.
Le plus haut gradé français a détaillé son objectif : « Le premier objectif que j’ai donné aux armées, c’est de se tenir prêtes à un choc dans trois, quatre ans qui serait une forme de test – peut-être le test existe déjà sous des formes hybrides – mais peut-être (quelque chose de) plus violent. » Cette déclaration précise ainsi l’horizon temporel de la menace perçue.

« Désaccord total », fustige Jean-Luc Mélenchon

Les propos du général ont immédiatement déclenché une réaction virulente de Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise. Sur le réseau social X, il a exprimé « un désaccord total avec le discours du chef d’État-major des armées », contestant son autorité en la matière : « Ce n’est pas à lui d’aller inviter les maires ni qui que ce soit à des préparations guerrières décidées par personne. »

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Le député a également critiqué le fait que le militaire puisse « prévoir des sacrifices qui seraient la conséquence de nos échecs diplomatiques sur lesquels son avis public n’a pas été demandé ». Le groupe parlementaire LFI a publié un communiqué affirmant qu’« un chef d’état-major des Armées ne devrait pas dire ça ».
Les élus insoumis ont souligné que ces interventions suivaient « d’autres prises de position expliquant que la France devait se tenir prête à un possible affrontement avec la Russie d’ici quatre ou cinq ans ». Ils reprochent au chef d’état-major de dramatiser la situation « jusqu’à évoquer la perte d’enfants » et estiment que « le CEMA outrepasse son rôle » : « De tels propos ne relèvent en aucun cas de sa fonction. »

Pas « la légitimité » pour tenir de tels propos

Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, dont la position sur le conflit russo-ukrainien se rapproche de celle des Insoumis, a également réagi vivement. Sur X, il a lancé : « C’est NON ! 51.000 monuments aux morts dans nos communes ce n’est pas assez ? Oui à la défense nationale mais non aux discours va-t-en guerre insupportables ! »
À l’opposé du spectre politique, Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, a rejoint cette critique lors d’une intervention sur LCI. Il a jugé que le général Fabien Mandon n’avait pas « la légitimité » pour tenir de tels propos et a qualifié ses déclarations de « faute ».
Le dirigeant RN a même suggéré une possible implication présidentielle : « Ou alors le président de la République lui a demandé de le faire et c’est encore plus énorme ». Cette déclaration sous-entend que les propos du militaire pourraient s’inscrire dans une stratégie politique plus large.
Avec AFP