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Nigéria : persécutions contre les chrétiens

Nigeria : Donald Trump dénonce un « massacre de masse » de chrétiens par des islamistes radicaux

Vendredi, le président américain Donald Trump a inscrit le Nigeria dans la liste des pays « particulièrement préoccupants » (« Country of Particular Concern », CPC) en termes de liberté religieuse en raison « de la menace existentielle » pesant sur les chrétiens dans le pays le plus peuplé d’Afrique.

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Des fidèles chrétiens défilent dans les rues d’Abuja lors d’une marche de prière pour la paix et la sécurité au Nigeria, le 1er mars 2020.

Photo: KOLA SULAIMON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Cette décision intervient à la suite de mois de lobbying de la part d’élus américains, qui évoquent un « génocide » visant les chrétiens, une affirmation catégoriquement démentie par les autorités d’Abuja. « Les islamistes radicaux sont responsables de ce massacre de masse », a-t-il dit dans un message sur son réseau Truth Social.

L’ancien président démocrate Joe Biden avait retiré en 2021 le Nigeria de cette liste, sur laquelle il avait été placé un an plus tôt sous le premier mandat de Donald Trump. « Lorsque des chrétiens, ou tout autre groupe, sont massacrés comme c’est le cas au Nigeria (3100 contre 4476 dans le monde), il faut agir ! », a écrit le président américain, sans préciser d’où il tirait ces chiffres.
Un « génocide » chrétien
« Les États-Unis ne peuvent rester les bras croisés alors que de telles atrocités se produisent au Nigeria et dans de nombreux autres pays », a-t-il ajouté.
Les inquiétudes concernant un « génocide » chrétien au Nigeria ont été relayées par des membres du Congrès américain et des associations chrétiennes et évangéliques notamment, un discours qui, selon les experts, occulte la réalité sur le terrain.

Le Nigeria demeure confronté à des défis sécuritaires majeurs. La région du nord-est est le théâtre d’une insurrection jihadiste menée par Boko Haram, responsable de plus de 40.000 morts et du déplacement de deux millions de personnes depuis 2009, d’après les chiffres des Nations unies.

Bien que Boko Haram et son groupe dissident, ISWAP (Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique), aient perdu en puissance, leur menace subsiste.

Conflits intercommunautaires et violences endémiques

Dans le centre du pays, les affrontements meurtriers opposent régulièrement éleveurs peuls musulmans et agriculteurs chrétiens. Si ces heurts sont souvent présentés comme religieux, leur origine réside généralement dans la lutte pour l’accès à la terre.

Le nord-ouest, de son côté, reste la proie de gangs criminels appelés localement « bandits », qui pillent, incendient et enlèvent pour rançon, plongeant les villages dans un climat de terreur.

Face à la désignation américaine, le président nigérian Bola Tinubu s’est exprimé samedi sur X : « La caractérisation du Nigeria comme un pays intolérant sur le plan religieux ne reflète pas notre réalité nationale. »

Soulignant « la liberté religieuse et la tolérance au cœur de notre identité collective », Bola Tinubu a insisté : « Elles le resteront toujours. »

Polémique internationale et chiffres contestés

La condamnation américaine a été soutenue par certains élus conservateurs, tels que Chris Smith, Ted Cruz et Riley Moore, tout comme des responsables européens d’extrême droite. Des associations comme Open Doors avancent que « 89% des chrétiens martyrisés dans le monde se trouvent au Nigeria », tandis que le mouvement séparatiste biafrais intensifie son lobbying à Washington.

Pour autant, selon Ladd Serwat du groupe ACLED, la violence islamiste ne distingue pas ses victimes selon leur religion et les chiffres avancés (jusqu’à 100.000 chrétiens tués) lui paraissent « exagérés ».

Différentes données estiment à 52.915 civils tués dans des assassinats ciblés depuis 2009, toutes confessions confondues, avec au moins 389 cas de violence dirigée contre les chrétiens et 197 contre les musulmans entre 2020 et 2025.

La réintégration du Nigeria dans la liste des CPC pourrait conduire à des sanctions américaines contre Abuja : gels d’avoirs, interdictions de voyage, restrictions économiques, etc. Récemment, en juillet, Washington a limité la durée des visas nigérians à trois mois dans le cadre de la politique migratoire de l’administration Trump.

À noter, Massad Boulos, conseiller Afrique de Donald Trump, assurait mi-octobre que les jihadistes tuaient « plus de musulmans que de chrétiens » dans le pays.