Logo Epoch Times

« Mes enfants ne partiront pas faire la guerre pour défendre l’Ukraine » : Luc Ferry répond au général Mandon

La déclaration du général Fabien Mandon sur la nécessité d'accepter de « perdre ses enfants » pour défendre la France, a mis le feu aux poudres. L'ancien ministre de l'Éducation nationale a vivement réagi à ces propos.

top-article-image

L'ancien ministre de l'Éducation nationale, Luc Ferry.

Photo: JULIE SEBADELHA/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 5 Min.

À l’origine de la controverse, une déclaration du chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, affirmant qu’il manquait à la France « la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est », ajoutant : « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, alors on est en risque ».

Cette référence explicite à la perspective de « perdre ses enfants » a immédiatement suscité des réactions politiques et médiatiques, sur fond de guerre en Ukraine et d’inquiétude croissante dans l’opinion.​

« On nage en plein délire ! »

Invité de l’émission « Un œil sur le monde » sur LCI, lors de sa chronique « L’heure de Ferry », l’ancien ministre de l’Éducation nationale, devenu éditorialiste, a violemment contesté les propos du général Mandon.

« Non, mais je crois qu’il faut débrancher le déconomètre ! Habituellement, j’ai grand respect pour les grands de l’Armée française, mais là, le pauvre devait être en mission secrète envoyé par l’Élysée pour essayer de combler le vide de la vie politique actuelle. On nage en plein délire ! » Pour le philosophe, ce discours n’est pas seulement excessif, il comporte un risque politique.

En cliquant sur le bouton Suivant, vous acceptez que le contenu de twitter soit chargé.

« J’en ai marre qu’on me dise que sous prétexte qu’on veut la paix, on est Munichois et défaitistes ! »

Luc Ferry a ensuite durci le ton. « C’est très intéressant de comprendre pourquoi on nage en plein délire. Je peux vous dire que mes enfants ne partiront pas faire la guerre pour défendre l’Ukraine. Et puis, j’en ai marre qu’on me dise que sous prétexte qu’on veut la paix, on est Munichois et défaitistes ! Une guerre avec la Russie, c’est quoi ? 400 millions de morts, c’est ça qu’on veut ? Non mais on est malades ! Il faut arrêter ! », a-t-il surenchéri.

En quelques phrases, l’ancien ministre a relayé une inquiétude largement partagée dans les familles françaises, tout en dénonçant une rhétorique qu’il juge « délirante ».​

« Nos enfants n’iront pas combattre et mourir en Ukraine »

Face à l’ampleur de la polémique, le gouvernement a tenté de calmer le jeu. Sur TF1, la porte-parole Maud Bregeon a pris soin de recadrer le débat : « Nos enfants n’iront pas combattre et mourir en Ukraine », a-t-elle promis, tout en rappelant que la France disposait d’« une armée de métier », selon BFMTV.

Elle a précisé que le chef d’état-major parlait « de tous ces soldats qui, et il le dit un petit peu avant cette séquence, sont déployés partout dans le monde et ont entre 18 et 27 ans », ajoutant qu’« on ne peut pas ignorer qu’un certain nombre de ces soldats sont tombés en opérations extérieures ».​

Soutenir l’Ukraine, mais sans guerre directe

Les enquêtes d’opinion montrent une nuance nette dans la perception de l’engagement occidental.

Selon un sondage Odoxa réalisé en février 2025 pour Public Sénat, 78% des Français restent opposés à l’idée d’une intervention militaire directe de l’armée française sur le terrain aux côtés des Ukrainiens.

Cette défiance coexiste toutefois avec un soutien au renforcement des garanties de sécurité.​ Selon une enquête de l’Ifop de septembre 2025, 75% des Français jugent nécessaire de doter l’Ukraine de solides garanties de sécurité pour encadrer un cessez-le-feu, mais seuls 47% se disent favorable à un déploiement de troupes occidentales sur le modèle de la présence américaine en Corée du Sud, d’après 20minutes.