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Même une faible consommation d’alcool augmente le risque de démence : les solutions pour protéger son cerveau

Une vaste étude suggère que la consommation d’alcool, même en petite quantité, pourrait augmenter le risque de développer une démence, une affection du cerveau qui altère la mémoire et les capacités de raisonnement. Selon une nouvelle étude portant sur 2,4 millions de personnes, même un seul verre de vin par semaine pourrait accroître le risque de démence. Les chercheurs n’ont identifié aucun niveau de consommation d’alcool considéré comme sûr pour la santé cérébrale.

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Photo: Inna Vlasova/Shutterstock

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Durée de lecture: 6 Min.

Ces travaux, récemment publiés dans la revue BMJ Evidence-Based Medicine, ont combiné des données issues d’études observationnelles et génétiques pour montrer que le risque de démence augmente parallèlement à la quantité d’alcool consommée, sans seuil de sécurité identifié.
« Mon point de vue général est que cette étude renforce l’idée du principe de précaution en matière d’alcool et de santé cérébrale », a déclaré le Dr Luke Barr, neurologue, interrogé par Epoch Times et non impliqué dans les recherches. « Même une consommation légère comporte un certain degré de risque, et plus on boit, plus ce risque semble s’élever. »
Il souligne que ces résultats remettent en question l’idée de longue date selon laquelle une consommation « légère à modérée » d’alcool pourrait protéger le cerveau.

L’étude a examiné l’ensemble du spectre de consommation

Alors que les études observationnelles associent souvent une consommation modérée d’alcool à un effet neuroprotecteur, les analyses génétiques indiquent le contraire.
Les données observationnelles ont révélé que les abstinents et les gros buveurs (consommant 40 verres ou plus par semaine) présentaient un risque de démence supérieur de 41 % à celui des buveurs légers (moins de sept verres par semaine). Les personnes souffrant de dépendance à l’alcool affichaient un risque plus élevé de 51 %.
Les chercheurs ont analysé les données de plus de 559.000 participants d’origines européenne, africaine et latino-américaine, âgés de 56 à 72 ans, suivis pendant quatre à douze ans. Les participants ont répondu à des questionnaires sur leurs habitudes de consommation, et plus de 90 % d’entre eux ont déclaré boire de l’alcool.
L’étude a ensuite porté sur des données génétiques concernant 2,4 millions de personnes issues de 45 études sur la démence. Grâce à une méthode appelée randomisation mendélienne, les chercheurs ont analysé des marqueurs génétiques associés à différents comportements de consommation : quantité hebdomadaire d’alcool, consommation à risque et dépendance. Ce type d’analyse permet de déterminer des liens de causalité tout en réduisant le risque de biais et d’estimer les effets cumulés de l’alcool tout au long de la vie.
En revanche, les études observationnelles ne donnent qu’un instantané des habitudes de consommation à la mi-vie ou en fin de vie et reposent largement sur la mémoire des participants, ce qui peut fausser les résultats.
Les chercheurs ont constaté que la présence de gènes favorisant la consommation d’alcool est associée à un risque accru de démence. Surtout, l’analyse génétique n’a révélé aucune preuve qu’une faible consommation d’alcool protège contre la démence.
Les personnes qui ont ensuite développé une démence avaient tendance à boire moins d’alcool dans les années précédant leur diagnostic. Selon les chercheurs, cela pourrait signifier que les premiers signes de déclin cognitif entraînent une baisse de la consommation, ce qui pourrait expliquer pourquoi certaines études antérieures ont conclu qu’une consommation légère était bénéfique.
D’autres recherches passées n’ont pas toujours distingué les abstinents de longue date des anciens buveurs, rendant difficile l’évaluation du lien direct entre l’alcool et la démence.

Ce que ces résultats signifient pour la santé publique

Les auteurs de l’étude soulignent que leurs résultats « remettent en cause l’idée selon laquelle de faibles niveaux d’alcool sont neuroprotecteurs ».
Le Dr Barr estime que, d’un point de vue de santé publique, les recommandations devraient s’éloigner de la notion de seuils « sûrs » pour le cerveau et insister plutôt sur le principe que « moins, c’est mieux ».
D’autres facteurs de mode de vie peuvent interagir avec l’alcool dans le développement de la démence, notamment la santé cardiovasculaire, le tabagisme, le diabète, la sédentarité et le manque de sommeil, a-t-il ajouté.
« L’alcool peut aggraver plusieurs de ces facteurs, par exemple en augmentant la tension artérielle, en perturbant le sommeil ou en accentuant le stress métabolique, ce qui peut amplifier le risque global de démence », a-t-il expliqué.
Une autre étude a montré que la consommation d’alcool peut entraîner des modifications durables de la neuroinflammation, ce qui pourrait expliquer l’augmentation du risque observée.
À l’inverse, le Dr Barr ajoute que certains facteurs protecteurs, comme une activité physique régulière, des liens sociaux actifs et une alimentation équilibrée riche en aliments non transformés, peuvent contribuer à réduire le risque, sans toutefois neutraliser totalement les effets de l’alcool.
« Pour les personnes préoccupées par la démence, notamment celles ayant des antécédents familiaux ou d’autres facteurs de risque, limiter la consommation d’alcool est une démarche prudente et fondée sur les preuves. »