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Manuel Valls

Manuel Valls règle ses comptes avec Emmanuel Macron et trace une voie pour 2027

Dans un entretien accordé au magazine Le Point et publié mardi soir, Manuel Valls ne mâche pas ses mots contre le système mis en place par Emmanuel Macron. L'ancien Premier ministre de François Hollande, récemment écarté du gouvernement, dresse un bilan sans concession du macronisme qu'il qualifie de "négation du politique".

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Manuel Valls (à dr.), devant le Stade de France à Saint-Denis, le 13 novembre 2025, lors des cérémonies organisées à Paris pour commémorer le dixième anniversaire des attentats terroristes du 13 novembre 2015.

Photo: LUDOVIC MARIN/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

Pour l’ex-ministre des Outre-mer Manuel Valls, la stratégie présidentielle n’a jamais reposé sur une véritable coalition basée sur des compromis mutuels. Au contraire, elle aurait consisté en « l’absorption des partis traditionnels », vidant ainsi la vie politique française de sa substance démocratique. Une critique d’autant plus cinglante qu’elle émane d’un homme qui a lui-même rallié la macronie.

L’urgence d’un nouveau modèle face aux extrêmes

Face à ce constat d’échec, Manuel Valls se projette déjà vers l’échéance présidentielle de 2027. Son message est clair : il est impératif d' »inventer autre chose » que la simple reproduction de la formule du « en même temps » qui a caractérisé les deux mandats d’Emmanuel Macron.
L’objectif affiché ? Empêcher le face-à-face redouté entre La France Insoumise et le Rassemblement National en 2027. Pour y parvenir, l’ancien locataire de Matignon appelle à bâtir « une coalition du centre-droit aux socialistes ». Mais attention, prévient-il, cette alliance ne devra pas se contenter d’être un simple rempart contre les extrêmes. Elle devra s’appuyer sur « un projet » politique positif et constructif.

Un départ du gouvernement vécu comme une trahison

Nommé ministre d’État en charge des Outre-mer en décembre 2024 par François Bayrou, Manuel Valls a connu un passage éclair au gouvernement. Reconduit dans le premier cabinet d’Éric Lecornu, il a été remplacé par la députée Horizons Naïma Moutchou lors du remaniement suivant.
Si l’intéressé affirme publiquement ne ressentir « ni amertume ni rancœur », ses propos trahissent une déception profonde. Il considérait que sa mission « avait vocation à se poursuivre », notamment pour concrétiser l’accord de Bougival sur la Nouvelle-Calédonie et piloter des réformes institutionnelles cruciales pour la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe.

« Mesquinerie et cynisme » : accusations gravissimes

Manuel Valls ne comprend toujours pas les raisons de son éviction. Plus précisément, il attribue cette décision du président de la République et du Premier ministre à « un mélange de mesquinerie et de cynisme ». Des termes particulièrement durs dans le vocabulaire politique français.
L’ancien ministre avance une explication : il paierait le prix de sa réussite. « Je paie sans doute le fait d’avoir réussi à réinstaurer le dialogue en Nouvelle-Calédonie alors que ceux qui ont décidé de mon départ avaient échoué sur ce dossier », déclare-t-il sans détour.

Le dossier calédonien : un héritage complexe

Le contexte calédonien reste explosif depuis les émeutes de mai 2024. Déclenchées par une réforme électorale perçue comme un « passage en force » par les indépendantistes, ces violences ont causé 14 morts et plus de deux milliards d’euros de dégâts. L’économie locale demeure exsangue.
L’accord de Bougival, négocié en juillet dernier sous l’égide de Manuel Valls, prévoit la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie » inscrit dans la Constitution française. Pour l’ex-ministre, sa mise en œuvre est incontournable. Néanmoins, il reconnaît la nécessité de « trouver un accord intelligent avec le FLNKS », le mouvement indépendantiste qui rejette actuellement ce texte. Un équilibre délicat reste donc à construire.
Avec AFP