Manuel Valls estime que la Nouvelle-Calédonie pourrait être en proie à une guerre civile

Le ministre français de l'Outre-mer Manuel Valls salue les familles des gendarmes tombés au combat lors de sa visite à la brigade de gendarmerie de Saint-Michel, dans la commune du Mont-Dore, en Nouvelle-Calédonie, le 23 février 2025.
Photo: DELPHINE MAYEUR/AFP via Getty Images
Le ministre français de l’Outre-mer, Manuel Valls, est arrivé en Nouvelle-Calédonie il y a un mois pour le deuxième cycle de négociations entre le gouvernement français et les dirigeants kanaks locaux afin de définir l’avenir politique de l’île.
La dernière fois, il s’est rendu sur place entre le 22 février et le 1er mars, et cette fois-ci, il s’est engagé à rester jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé.
Cette initiative fait suite aux émeutes meurtrières de 2024, au cours desquelles des routes ont été bloquées et des commerces incendiés par des manifestants, et où des rebelles kanaks et des gendarmes français ont été tués.
Lors de sa première visite, M. Valls a réussi à convaincre les groupes indépendantistes et anti-indépendantistes d’entamer des négociations, ce qui ne s’était pas produit depuis 2021.
Il a ensuite publié ce qu’il a appelé « un document de synthèse » résumant les points de vue des deux parties.
Malgré ces progrès, il a répété que la situation sur le terrain restait périlleuse.
« Nous marchons sur une corde raide au-dessus des braises », a-t-il déclaré à un panel de journalistes français avant sa dernière visite.
Si la situation économique de la Nouvelle-Calédonie est au cœur de ses préoccupations, M. Valls s’inquiète également du climat tendu, de la résurgence du « racisme et de la haine », de la dégradation rapide des services de santé publique et de l’augmentation de la pauvreté causée par un nombre croissant de chômeurs.
« Tous ces risques existent, et c’est pourquoi il est de la responsabilité de chacun de trouver un accord », a-t-il déclaré. « Et je resterai aussi longtemps que nécessaire, et je mettrai toute mon énergie pour qu’un accord soit trouvé. »
« Pas pour moi, pour eux. »
Il a dit espérer qu’une version révisée du projet de document, résultant des discussions lors de ses précédentes visites et des nouvelles propositions du gouvernement français, offrirait un « chemin », même « difficile », qui pourrait contribuer à réconcilier les deux parties.
« S’il n’y a pas d’accord, l’incertitude économique et politique peut conduire à une nouvelle catastrophe, à la confrontation et à la guerre civile », a-t-il déclaré.
« C’est pourquoi j’ai lancé plusieurs appels à tous les acteurs politiques, qu’ils soient pour ou contre l’indépendance. Chacun doit faire un pas vers l’autre. Un accord est indispensable. »
Aucune des deux parties ne semble vouloir changer de cap
Malgré cet avertissement, les mouvements pro- et anti-indépendance n’ont pas changé d’avis et n’ont pas modifié leurs positions.
Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), parti indépendantiste, a tenu une convention pour décider de sa participation au second tour des négociations.
Ils ont fini par se mettre d’accord, mais n’ont pas qualifié la réunion de « négociations », seulement de « discussions ».
La convention a également réaffirmé ses exigences en faveur de la signature d’un « accord de Kanaky » d’ici le 24 septembre 2025, suivi d’une période de transition de cinq ans. Cet accord trace la voie vers la pleine souveraineté.
Plusieurs groupes du côté pro-français rappellent les trois référendums organisés entre 2018 et 2021, qui ont tous rejeté la pleine souveraineté, même si le camp indépendantiste a largement boycotté la dernière consultation.
Selon eux, ce devrait être le point de départ de tout accord final.
La semaine dernière, Sonia Backès, présidente du parti Les Loyalistes, a déclaré lors d’un rassemblement public qu’ils avaient refusé de parler d’une date pour un nouveau référendum.
« Un nouveau référendum serait synonyme de guerre civile », a-t-elle souligné. « Et nous ne voulons pas fixer la date d’une guerre civile. Toutefois, elle a ajouté qu’ils « veulent toujours croire en un accord ».
« Nous participons à toutes les discussions sur la recherche de solutions dans un esprit constructif et créatif. »

Rex Widerstrom est un journaliste néo-zélandais qui a plus de 40 ans d'expérience dans les médias, y compris la radio et la presse écrite. Il est actuellement présentateur à Hutt Radio.
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