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1000 espions pour 10 agents occidentaux : un ex officier dévoile les tactiques du PCC

Paul Johnstone met en garde : des outils comme LinkedIn ou même de simples clés USB seraient utilisés par les espions du Parti communiste chinois pour infiltrer l’Occident.

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Sur cette illustration, un hacker tape sur un clavier d’ordinateur, le 13 mai 2025.

Photo: Oleksii Pydsosonnii/Epoch Times

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Durée de lecture: 10 Min.

Un banal entretien sur les réseaux sociaux avec une nouvelle « amie » séduisante, ou la découverte d’une clé USB dans un parking : voilà des méthodes, en apparence anodines, qui sont en réalité des tactiques courantes employées par les agents du Parti communiste chinois (PCC).
C’est l’avertissement d’un expert en renseignement, selon lequel pour chaque groupe de 10 agents employés par les services occidentaux, le réseau d’espionnage du PCC compterait environ 1000 membres – notamment grâce à l’utilisation de la diaspora chinoise à l’étranger.
Paul Johnstone a intégré la Force de défense australienne (ADF) en 1985, puis la police fédérale australienne.
Il a effectué son premier voyage en Chine en 1987 et a formé des policiers chinois au début des années 2000 – à une époque, dit-il, « où nous pensions que la Chine deviendrait notre amie, qu’elle évoluerait vers une forme de démocratie. »
Cette évolution ne s’est pas produite et il décrit désormais le pays comme « une menace pour notre souveraineté, notre futur … la Chine est la plus grave menace pour l’humanité … et ce qui m’inquiète, c’est que beaucoup ici gardent les yeux fermés. »
M. Johnstone a visité la Chine plus de 30 fois et donné des conférences sur les enjeux de sécurité dans des universités chinoises et sud‑asiatiques.

Clés USB perdues et « chevaux de Troie »

Il relate un incident survenu alors qu’il travaillait comme consultant sécurité pour une société pharmaceutique américaine installée dans le Queensland, qui détient des brevets sur des stents utilisés en chirurgie cardiaque.
En réunion avec les cadres pour réviser les procédures de sécurité, il demande s’ils se sont rendus en Chine, et s’ils ont emporté leurs ordinateurs portables.

Paul Johnstone, expert en sécurité et renseignement, ancien de la Force de défense australienne et de la police fédérale australienne. (Paul Johnstone)

Quand ils acquiescent, M. Johnstone les prévient que le PCC possède probablement déjà la moitié de leur propriété intellectuelle. Aujourd’hui, les personnalités politiques qui se rendent en Chine ou à Taïwan se voient recommander, préventivement, l’usage de « téléphones jetables » à éliminer sitôt rentrés.
M. Johnstone demande alors si des délégations chinoises ont visité les bureaux ; on lui confirme que c’est le cas.
Il enchaîne en interrogeant sur la présence éventuelle de clés USB retrouvées dans le parking, après le départ de ces délégations. Stupeur des dirigeants : ils avaient effectivement découvert trois ou quatre clés USB.
« Vous trouvez une clé USB au sol : vous la ramassez, vous vous demandez ce qu’elle contient », explique M. Johnstone.
« Vous la branchez à votre ordinateur, cela paraît inoffensif. Mais il s’agit d’un cheval de Troie : un logiciel malveillant qui s’installe discrètement et transmet vos données à un tiers. »

Sur cette illustration, un hacker tape sur un clavier d’ordinateur, le 13 mai 2025. (Oleksii Pydsosonnii/Epoch Times)

La « photo de groupe » inoffensive et le vol de propriété intellectuelle

La société disposait aussi d’une zone stérile réservée à la fabrication, où les photos étaient théoriquement interdites. Mais en creusant, M. Johnstone apprend que la délégation chinoise y a bel et bien pris des clichés.
« Ils ont affirmé ne pas comprendre les consignes. “Oh, nous ne parlons pas la langue”, ont‑ils dit », raconte‑t‑il.
Sur les 11 membres de cette délégation, M. Johnstone estime qu’au moins 3 n’étaient probablement pas des employés, mais issus du Ministère chinois de la Sécurité d’État (MSS), l’agence centrale du renseignement.
« Ces agents sont comme des aspirateurs : ils captent tout ce qu’ils peuvent. J’ai prévenu la société : ne soyez pas surpris si l’ensemble de votre production se retrouve fabriquée en Chine dans les 12 mois. »

Le « leurre LinkedIn »

Ces révélations interviennent quelques jours après que le MI5 a alerté les politiciens britanniques : les services de renseignement chinois se font passer pour des recruteurs sur LinkedIn, pour cibler les collaborateurs du Parlement, peu après l’abandon des poursuites contre deux Britanniques suspectés d’espionnage au profit de Pékin.
Lindsay Hoyle, président de la Chambre des communes, a transmis l’alerte aux députés, affirmant que les agents de l’État chinois étaient « inlassables » dans leur volonté « d’interférer avec nos processus et d’influencer l’activité parlementaire ».
Il a également cité deux chasseuses de têtes connues pour utiliser les profils LinkedIn afin de « mener des actions de sensibilisation à grande échelle » pour le compte du PCC.

Capture d’écran du profil LinkedIn d’Amanda Qiu, alors que les députés ont été mis en garde par le MI5 contre des soupçons d’espionnage chinois via des chasseurs de têtes. Le président de la Chambre des communes, Sir Lindsay Hoyle, a envoyé une alerte d’espionnage affirmant que le ministère chinois de la Sécurité d’État (MSS) avait tenté de contacter des membres du Parlement par l’intermédiaire de deux chasseuses de têtes nommées Amanda Qiu, de BR-YR Executive Search, et Shirly Shen, d’Internship Union. Date de publication : 18 novembre 2025.

M. Johnstone remarque que l’Australie a recensé « de nombreux cas » de tentatives de pièges visant des responsables gouvernementaux ou militaires, seul ou par le biais de réseaux sociaux : « On m’a ciblé trois ou quatre fois parce qu’on savait que j’avais une expérience en renseignement défense. Ils essaient de vous recruter si vous pouvez leur être utile. »
Il exhorte les Australiens à plus de prudence quant à ce qu’ils partagent en ligne : « LinkedIn et les réseaux sociaux voient tout le monde se livrer librement. En Occident, la transparence est naturelle ; nos adversaires, au contraire, restent discrets. »
M. Johnstone ajoute que certains agents chinois manquent cruellement de savoir-faire. Il relate avoir été suivi à Tiananmen par des hommes arborant des ceintures logotées MSS ; mais d’autres sont « très, très professionnels, notamment pour les pièges romantiques. »
« Il existe des sites de rencontres comme Asian Dating … Si vous mentionnez votre passé militaire ou policier, ou si vous affichez une photo en uniforme, un grand nombre de femmes très séduisantes, chinoises ou hongkongaises, vous solliciteront immédiatement. »
« Ils privilégient souvent les jeunes femmes de Hong Kong, car les étrangers se méfient désormais de la Chine continentale mais jugent Hong Kong plus sûre. »
Selon M. Johnstone, la finalité dépasse le simple vol de secrets gouvernementaux, militaires ou commerciaux.
« On a essayé de m’attirer pour écrire des analyses sur la vision australienne des JO d’hiver de Pékin, par exemple. Ils cherchent à comprendre l’état d’esprit des gouvernements occidentaux pour mieux orienter leur propre politique. »

Les gouvernements pactisent, les locaux s’inquiètent

M. Johnstone estime que les pays occidentaux devraient enfin réagir à la menace. Les États d’Asie du Sud-Est et du Pacifique, où la présence du PCC est plus visible, se montrent bien plus méfiants, malgré l’argent investi par Pékin.
« Quand je vais au Cambodge, au Laos, au Vietnam, aux Îles Salomon, les habitants me confient qu’ils détestent les Chinois », affirme‑t‑il.
Mais il met en garde l’Australie, qui demeure trop dépendante de Pékin pour ses exportations.
« Mettre tous ses œufs dans le même panier, comme nous l’avons fait depuis trop longtemps … Cela leur permet de contrôler le récit, et de nous contrôler aussi. Le gouvernement Morrison et Peter Dutton ont confronté les Chinois ; plus personne ne le fait aujourd’hui, pas même Penny Wong. »
Il signale la position diplomatique du gouvernement actuel vis-à-vis de Pékin : nous coopérerons là où nous le pouvons, nous serons en désaccord là où nous le devons, mais nous agirons dans l’intérêt national.
« Ils appellent cela la diplomatie discrète, alors qu’il s’agit juste d’un prétexte pour ne pas perdre le marché chinois. La moindre difficulté économique fait peur, alors on essaie de ménager les deux camps, ce qui ne peut marcher avec le PCC. »
Rex Widerstrom est un journaliste néo-zélandais qui a plus de 40 ans d'expérience dans les médias, y compris la radio et la presse écrite. Il est actuellement présentateur à Hutt Radio.

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