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Le département de l’Énergie des États-Unis a financé des recherches chinoises en défense et en quantique, concluent des élus
Des élus et des chercheurs tirent la sonnette d’alarme sur une faille universitaire qui permet le partage de recherches sensibles avec la Chine.

Zone technique 18 du laboratoire national de Los Alamos, 13 mai 2000, à Los Alamos, Nouveau Mexique
Photo: PAUL BUCK/AFP via Getty Images
Le département de l’Énergie des États‑Unis (Department of Energy, DOE) a financé des recherches menées en collaboration avec des chercheurs et des instituts chinois liés au complexe de recherche et industriel de défense du pays, selon un rapport du Congrès publié le 17 décembre.
Des élus de la commission spéciale de la Chambre sur le Parti communiste chinois (PCC), de la commission du renseignement du Sénat et de la commission permanente de la Chambre sur le renseignement appellent l’agence fédérale à renforcer sa diligence raisonnable.
Le représentant John Moolenaar (républicain du Michigan), président de la commission spéciale de la Chambre sur le PCC, a qualifié, dans un communiqué, les conclusions de l’enquête de « profondément alarmantes », estimant que cette pratique revient, de fait, à « faire payer aux contribuables américains l’ascension militaire du principal adversaire de notre nation ».
« Le département doit cesser de financer des bénéficiaires qui permettent une telle exploitation et protéger l’argent durement gagné des contribuables », a‑t‑il déclaré.
Le sénateur Tom Cotton (républicain de l’Arkansas), président de la commission du renseignement du Sénat, estime que cette faille a offert à Pékin « un accès de premier plan à des technologies critiques à double usage », telles que celles utilisées pour des avions militaires de nouvelle génération, des systèmes de guerre électronique et des radars.
Le représentant Rick Crawford (républicain de l’Arkansas), président de la commission du renseignement de la Chambre, a affirmé que ces conclusions constituaient une preuve supplémentaire que le PCC « s’emploie activement à exploiter les lacunes de la sécurité de la recherche » et qu’il s’agit d’un « pillage systémique ».
« Il est temps d’adopter une approche plus vigilante pour garantir l’application de garde‑fous dans le milieu universitaire ainsi que dans la recherche, publique comme privée », a‑t‑il ajouté.
Le département de l’Énergie supervise 17 laboratoires nationaux et finance des recherches visant à faire progresser les technologies dans les domaines de l’énergie, de l’environnement, du nucléaire et d’autres sciences de rupture.
Les élus ont également souligné qu’en 2025, quelque 2 000 ressortissants chinois travaillent dans des laboratoires bénéficiant d’un soutien du DOE. Ils rapportent que des responsables du DOE ont avancé une justification que les parlementaires jugent naïve : « en substance… nous les voulons dans nos laboratoires pour qu’ils puissent voir à quel point nous sommes avancés – et qu’ils retournent en Chine le dire à leurs collègues, renonçant ainsi à battre les États‑Unis. »
Les élus estiment que des décennies de données empiriques montrent que la stratégie du PCC consiste à intégrer des talents scientifiques à l’étranger afin « d’absorber, de reproduire et de dépasser les capacités américaines grâce à la rétro‑ingénierie et au transfert ciblé de technologies ».
Le DOE a indiqué à Epoch Times qu’il examinerait le rapport du Congrès.
« Le département de l’Énergie prend au sérieux sa responsabilité dans la gestion des fonds fédéraux et la protection de capacités de recherche critiques », a déclaré un porte‑parole. « Il poursuivra une diligence raisonnable stricte et la surveillance des subventions, y compris celles accordées sous l’administration Biden, afin de garantir l’intégrité et la sécurité des programmes du DOE. Le département examinera le rapport de la Chambre afin d’en mieux évaluer, comprendre et vérifier les affirmations. »
Renforcement des capacités technologiques chinoises
L’enquête a recensé environ 4.350 articles scientifiques publiés entre juin 2023 et juin 2025 mentionnant un financement ou un soutien à la recherche du DOE, ainsi que des liens de collaboration avec des entités chinoises. La moitié de ces articles ont été rédigés en partenariat avec des établissements appartenant à la base industrielle et de recherche de défense chinoise.
Ces entités incluent certaines des plus grandes universités chinoises spécialisées dans la recherche de défense, connues sous le nom de « Sept fils de la défense nationale ». Elles comprennent également l’Université nationale de technologie de défense de Chine, l’Académie chinoise de physique ingénierie – principal complexe de recherche et de développement en armement nucléaire du pays –, l’Académie chinoise des sciences, qui se présente comme la plus haute instance consultative en science et technologie en Chine et figure parmi les plus grands organismes de recherche au monde, ainsi que d’autres institutions impliquées dans le système de surveillance de masse des citoyens mis en place par le PCC.
Certains articles mentionnent aussi un soutien de la part d’institutions chinoises, comme l’utilisation de deux supercalculateurs Tianhe du Centre national de calcul intensif de Zhengzhou, développés par un institut de recherche militaire chinois inscrit sur la liste noire du département américain du Commerce.
D’autres travaux bénéficient d’un accès étendu aux infrastructures de recherche américaines. Ainsi, un article de 2023 sur l’apprentissage automatique a été cosigné par des chercheurs de l’université Princeton, du Flatiron Institute, de l’université de Xiamen, de l’université de Pékin, de l’université Tsinghua, de ByteDance, du moteur de recherche chinois Baidu et de l’Université nationale de technologie de défense de Chine. Les ressources de calcul mobilisées pour ce projet provenaient de nombreuses plates‑formes et institutions américaines.
Le risque que ces travaux de recherche conjoints renforcent les capacités de défense chinoises n’a rien de théorique, insistent les auteurs du rapport.
Ils citent des sources en langue chinoise, dont l’une attribue à des recherches sur l’azote menées en collaboration avec un professeur américain une contribution à des avancées en explosifs à haut rendement et au développement de l’arsenal nucléaire chinois. L’intéressé, dont le nom n’est pas divulgué dans le rapport, a reçu une distinction du régime chinois pour ses travaux.
Selon le rapport, des documents émanant d’un organisme gouvernemental chinois créditent une autre coopération de ce type d’avoir fait progresser la technologie aérospatiale du pays. Elle aurait permis à la Chine « de développer de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies pour des armes et équipements de défense de pointe, tels que la synthèse de nanomatériaux, le contrôle précis de structures à plusieurs échelles, ainsi que des technologies de fabrication additive, réduisant continuellement l’écart technologique avec les pays plus avancés », peut‑on lire dans ce document.
Les autres domaines de recherche concernent la propulsion aéronautique, le refroidissement haute performance, l’électrolyse de l’eau pour la production d’hydrogène, les communications quantiques, les transitions de phase quantiques, la liaison du fer avec des éléments légers, ainsi que d’autres sujets liés à l’aéronautique, au quantique et à l’intelligence artificielle.
Un vide dans la régulation de la recherche
Ce rapport s’inscrit dans le prolongement d’une enquête publiée en septembre par la commission spéciale de la Chambre sur le PCC, qui avait déjà révélé que le Pentagone finançait lui aussi, via des subventions, des recherches liées à l’armée chinoise.
Ce précédent rapport avait identifié quelque 1.400 articles scientifiques financés par le Pentagone et cosignés par des chercheurs chinois. Un peu plus de la moitié de ces coauteurs entretenaient des liens avec la base industrielle et de recherche de défense chinoise.
Au cours des dernières années, la commission a publié plusieurs rapports mettant en lumière les collaborations entre des institutions américaines bénéficiant de fonds fédéraux – en général des universités – et des établissements chinois liés au régime. Ces rapports ont conduit certaines universités à mettre un terme à leurs partenariats avec des institutions chinoises.
D’autres chercheurs ont, eux aussi, alerté sur la faille universitaire qui permet le partage de recherches sensibles avec des entités liées à l’État chinois.
Le 8 décembre, le cabinet d’analyse Strategy Risks a publié un rapport concluant que de grandes universités occidentales collaborent « étroitement » avec des laboratoires chinois d’intelligence artificielle, y compris certains associés au génocide des Ouïghours perpétré par le PCC.
Les institutions et les médias chinois ont également mis en avant le rôle de la recherche menée à l’étranger dans le renforcement des capacités du pays. Le rapport cite ainsi un article du South China Morning Post publié en 2017 et intitulé « Le rôle caché des États-Unis dans la recherche chinoise sur les armes » ; selon cet article, le nombre de scientifiques ayant travaillé au laboratoire national de Los Alamos du DOE et dans d’autres grands laboratoires américains avant de rentrer en Chine était tel qu’ils avaient hérité du surnom de « club de Los Alamos ».










