Opinion
Attentat antisémite à Sydney : « Le djihadisme nous a déclaré la guerre, mais les élites occidentales font l’autruche », alerte Ivan Rioufol
ENTRETIEN - Le péril qui menace les Juifs est celui de tout l’Occident, ciblé par « un islam conquérant en conflit millénaire avec Juifs et chrétiens », estime Ivan Rioufol. Le journaliste et essayiste décrypte aussi la viralité de certaines théories du complot qui veulent faire d’Israël le responsable de chaque tragédie, de l’assassinat de Charlie Kirk à l’attentat de Sydney, quitte à recourir à des manipulations ou des trucages rendus possibles par l’intelligence artificielle.

Ivan Rioufol, journaliste et essayiste.
Photo: BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images
Que cela plaise ou non, il existe une communauté de destin entre le monde chrétien et le monde juif. Il suffit de rappeler que la façade de Notre-Dame de Paris est ornée des vingt-huit rois hébraïques : la France s’inscrit dans une histoire et des racines judéo-chrétiennes qu’il serait dangereux d’oublier, d’autant que nos adversaires, eux, en ont parfaitement conscience.
Deuxième constat : le djihad tel qu’il s’est manifesté le 7 octobre 2023, loin d’avoir provoqué un rejet massif, s’est révélé inspirant. Depuis cette date, on observe une forme d’euphorie dans les milieux islamistes, qui fait craindre la répétition de pogroms en Europe, en particulier dans les pays ayant affiché une bienveillance marquée à l’égard de la cause palestinienne.
Le djihadisme nous a déclaré la guerre. Pourtant, c’est une guerre que l’on refuse encore de nommer et de prendre pleinement en compte. Lorsque le président de la République affirme vouloir faire la guerre à la Russie, à une extrême droite fantasmée ou au populisme, cela révèle une incapacité à identifier ce qui constitue aujourd’hui la menace intérieure.
La France insoumise a franchi un seuil en qualifiant Israël d’« État génocidaire ». Dès lors qu’un État est ainsi désigné, toutes les ripostes se trouvent, de fait, légitimées, y compris les plus extrêmes. C’est là l’imposture centrale de ce nouvel antisémitisme, dissimulé derrière un discours d’antiracisme et d’anticolonialisme porté par La France insoumise et l’extrême gauche : un antisémitisme qui s’abrite derrière des valeurs morales présentées comme irréprochables.
Ce qui frappe, c’est l’incapacité persistante de l’extrême gauche à mener une analyse critique du nouveau fascisme qu’elle a, de facto, contribué à légitimer. Pour des raisons électorales et de survie politique, elle a entériné un communautarisme musulman au sein duquel le djihadisme a trouvé des espaces de diffusion et d’enracinement.
Mais cette responsabilité ne saurait se limiter à l’extrême gauche. Elle engage plus largement les élites et dirigeants occidentaux qui, depuis près d’un demi-siècle, ont organisé une immigration massive en provenance de pays extra-européens sans réflexion sérieuse sur les profils accueillis ni sur les incompatibilités culturelles que cela pouvait engendrer.
La même logique se retrouve lorsque la France accueille des ressortissants afghans, gazaouis ou tchétchènes. Les faits ont tragiquement montré que certains de ces profils ont été impliqués dans des actes islamistes : l’assassinat de Samuel Paty en demeure l’illustration la plus emblématique. Plus récemment, une étudiante originaire de Gaza, admise à Sciences Po Lille, relayait sur les réseaux sociaux des appels explicites au meurtre de Juifs. Ces épisodes traduisent une forme de naïveté, voire de légèreté, au sommet de l’État.
Cette critique vaut également pour une partie des intellectuels se réclamant de leur judéité, qui ont longtemps promu une vision cosmopolite et strictement universaliste de la société française, tout en soutenant une immigration massive issue du monde arabo-musulman. Ils se retrouvent aujourd’hui, paradoxalement, parmi les premières cibles de ce nouvel antisémitisme qu’ils ont, en partie, contribué à rendre possible.
Enfin, il convient d’interroger la responsabilité de certains mouvements antiracistes qui, depuis des décennies, ont refusé de nommer le problème par crainte de « stigmatiser », enfermant systématiquement les populations musulmanes dans une posture victimaire.
Il est temps de prendre la mesure de ces naïvetés cumulées. Plutôt que de se contenter de déplorer, une fois encore, la montée de l’antisémitisme, en réalité observable depuis le début des années 2000, il faut interroger et mettre en cause ceux qui ont contribué à créer les conditions de son essor.
Ces données obligent à s’interroger sur l’échec manifeste des politiques d’assimilation, ainsi que sur le risque que représente la poursuite d’une immigration faisant venir des populations qui, non seulement ne s’intègrent pas, mais refusent parfois explicitement de s’identifier au monde occidental qu’elles ont pourtant choisi de rejoindre. Il y a là une contradiction profonde, que j’analyse comme l’un des ressorts d’une logique de contre-colonisation du pays anciennement colonisateur.
Cela étant dit, il faut opérer une distinction entre l’islamisme et les musulmans. L’acte de courage du musulman intervenu lors de l’attentat de Sydney en est un rappel. Un islamiste est un musulman ; en revanche, un musulman n’est pas nécessairement islamiste. Cette distinction est fondamentale, mais elle implique aussi une responsabilité.
J’invite les musulmans eux-mêmes à se manifester plus clairement et plus publiquement lorsque l’islamisme prétend parler en leur nom. Une désolidarisation systématique et explicite des attentats et des violences commis au nom de l’islam radical est indispensable. Or, malgré des actes individuels de courage indéniables, comme celui observé à Sydney, on constate encore une forme de prudence excessive chez de nombreux musulmans lorsqu’il s’agit de se démarquer ouvertement de cette idéologie islamiste.
Par exemple, après le 7 octobre, certaines thèses ont affirmé qu’Israël aurait volontairement laissé se produire le massacre afin de justifier une opération militaire à Gaza. Si des enquêtes ont effectivement mis en lumière une certaine naïveté face à la capacité du Hamas, ces accusations de complot exigent des preuves concrètes. Il n’en existe aucune.
Tous ces récits relèvent du complotisme le plus absurde et ont pour effet, au passage, de nier ou de minimiser la menace bien réelle de l’islam conquérant, en conflit millénaire avec les Juifs et l’Europe chrétienne.
Je ne prends pas au sérieux les discours qui prétendent faire d’Israël le responsable de tout, y compris de ses propres malheurs. Ce type de rhétorique relève à la fois de la bêtise et de l’antisémitisme primaire.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.










